Une plate-forme de communication de savoirs vivifiants, jour après jour, de 2005 à 2055

21022009

carte postale GE! 72

Chers sympathisants mayaques

Voici le blog mayaque qui détaille au jour le jour les travaux de notre « plate-forme de communication de savoirs vivifiants ». Arts, sciences, sciences humaines, travail social, de la terre, artisanat : décloisonner les formes de savoir afin de mieux comprendre le monde et mieux y participer. « Dans le Tout, le Beau, le Bon, vivre là résolument », clamait Goethe. À essayer de toute urgence, quotidienne

2020… La revue-livre (MaYaK), le cabanon d’édition (Phare Papier), l’audiovisuel (Muzifar records, TéléMaYaK), les expos, les rencontres et concerts, les échanges avec le Burkina Faso (BurkiMaYaK), les recherches « écophiles » (recherches aimantes sur les lieux habités), la présidence d’une commission du patrimoine (naturel, humain, culturel, architectural), dans la foulée de l’accord de coopération (2019) entre Flobecq et Ziniaré (BF), dont le GE! est l’un des facilitateurs ; ces « interventions culturelles » (comme disaient les surréalistes) sont le fruit d’un travail que différentes équipes mènent dans le dialogue (posé, la plupart du temps). Nous voulions en rendre compte avec l’espoir de susciter des réactions, des échos, des propositions, des connexions, des ramifications…

Le blog, une autre forme de communication, plus familière, plus concise, drôle parfois. Il s’agit de communiquer des visions d’une vie possible, complexe, systémique, en relation, en réseau, sans les complications en usage dans certains milieux du savoir où il devient vite pouvoir… Du sérieux sans se prendre au sérieux.

Autre perspective sur ce travail, plus condensée encore : les pages facebook auxquelles nous vous invitons : mayak phare papier, observatoire écophile, mayakaflobek & COMPAFLO.

Consultez nos catalogues ! Vous pouvez commander par mail à l’adresse hugues.robaye@gmail.com.

Merci et Au plaisir de vous rencontrer à l’un ou l’autre des événements que nous organisons ou auxquels nous participons,

Hugues Robaye

Phare Papier historiquefb




Back to MaYaK

11022021

phare Xtof blog Christoph Bruneel : MaYaK le Phare

MaYaK veut donc dire « phare » et j’ai vu ce mot pour la première fois au fronton d’un théâtre de marionnettes à Zilina (Slovaquie). Quelques treize ans plus tard, il me revenait en mémoire au moment du difficile choix du nom de la revue-livre que nous préparions.

Une revue, c’est un peu un théâtre de marionnettes ou une sorte de cirque dont les numéros sont présentés et reliés par un monsieur loyal, d’où cette « voix loyale » qui caractérise la composition de chaque numéro mayaque : un texte entre oral et écrit qui tisse un réseau, une toile ; tous ces liens entre les contributions et la thématique choisie, des analogies aussi qui font se répondre textes et images. « MaYaK », aussi pour les sonorités du mot, à la fois douces et occlusives (le K qui claque). Pour le graphisme aussi : le « ï » – graphie habituelle du mot russe en caractères romains a été remplacé par un Y, une sorte d’arbre ; le K, comme des jambes de cancan ? ; le M pourrait figurer des montagnes ; les petits « a », des habitations ; tout un programme, tout un paysage…

Il y a le ton, aussi, ce « mécontentement joyeux » dont parle Jiddu Krishnamurti : ne pas se contenter du donné, être des adolescents éternels (adolescent comme le soleil qui se lève, comme les « aristocrates du soleil » célébrés par DH Lawrence), donc chercher mieux, mais dans la joie que donne spontanément le contact avec la nature ; ne pas jouer les casse-pieds de service qui ont des avis et bien sûr raison. Non, suivre son chemin tranquillement en cultivant une sorte d’oisiveté créatrice un peu.

De l’humour ; Jacques Faton donnait le ton avec ses planches de dessins à la plume ; donnait ? non pas qu’il ait cassé sa pipe, il a juste perdu sa plume, laquelle lui conférait magiquement cet humour d’Apache (ou de Sioux). On n’en fait plus de ces plumes, mais Jacques reste là, toujours en dialogue et je crois fondamentalement à cet humour, à ce comique de situation généralisédistance bienvenue, mise en perspective, regard particulier qui compose avec le moment. Les contributions à MaYaK viennent des arts, des sciences, des sciences humaines, des artisans, des travailleurs sociaux et de la terre, mais personne ne joue le jeu de sa spécialité. Dans MaYaK nous sommes plus dans la question émerveillée, (sans naïveté espérons-le).

Je me dis parfois : au fond MaYaK ne ressemble vraiment à rien ! Non pas que je trouve que l’argument n’est pas « clair » mais parce que MaYaK m’étonne toujours quand j’en suis à la composition, m’étonne, me transporte plus loin, me fait dériver (pour mon bonheur, je dois dire). MaYaK comme le vivant ne ressemble à rien de connu ?

Ainsi en va-t-il du 9, consacré aux villages : « Mort, résurrection & insurrection des villages ? », avec ce ? auquel nous tenons tant. Le sommaire est arrêté, la mise en page en cours et chaque contribution m’apparaît comme une sorte de pays, comme nous le sommes chacun d’ailleurs : le monde Cocset, le monde Cambier, le monde Vandewattyne, le monde Grabczan, le monde Frison, le monde Marlier, le monde Lutgen, le monde Usova, le monde Boly, le monde Luang, le monde Dimitriadis, le monde Mahey, le monde De Lluvia, le monde Ayanoglou ; et ces mondes s’explorent patiemment, dans les échanges qui nous permettent de les parcourir et sentir. Avec chaque auteur, des rencontres, des entretiens qui vont vers un accord et la suite musicale mayaque s’élabore ainsi.

Confiance, amitié, recherche. Et plutôt qu’amitié, j’ai envie de parler d’amour dans ce sens krishnamurtien : à chaque pas, l’amour plutôt que la peur…

Je reviendrai sur cette composition joyeuse !




François Noul : /Paroles à vivre, à boire & à manger/ (et à recevoir par la poste, comment ?)

3042020

pv 2 pv 3 François & Hervé à la Potterée, siège mayaque, en août 2020

Paroles à vivre, à boire & à manger de François NOUL,

244 pages, illustrations de Hervé YAMGUEN

vient de paraître le 2 avril !

Intéressé ? Nous pouvons vous l’envoyer par la poste au prix de 15 euros + 3 euros de participation à l’envoi : 18 euros. Merci de verser cette somme au compte Triodos de l’association GE ! : BE29 5230 8021 7964, avec en communication vos coordonnées postales. Merci !

126 chroniques de François Noul, parues initialement dans divers quotidiens belges. Lauréat de la Fondation Roi Baudouin pour son mémoire, Pour une nouvelle dynamique des régions rurales, l’assistant social François Noul anima dans les années 90 la Ferme Bocace (Marchienne au Pont) : réinsertion sociale, agroécologie, maraîchage et élevage, transformation des produits et distribution en circuit court. Et, depuis son adolescence, il écrit le monde rural…

Paroles à vivre, à boire et à manger : s’y esquissent un homme, un paysage habité, tout un monde où présent et passé dialoguent pour un avenir rêvé, réfléchi, possible… Traditions, présent incertain, paysages, météores, végétaux, animaux, humains, et… de nombreuses recettes secrètes de celui qui fut aussi un chroniqueur (g)astronomique… Des pages à déguster !

Né à Meslin-L’Évêque (Hainaut) le 4 avril 1936, François Noul travailla comme assistant social et fonda dans les années 90 la ferme Bocace à Marchienne-au-Pont (dans la foulée du prix qui lui fut décerné par la Fondation Roi Baudouin pour son mémoire : Pour une nouvelle dynamique des régions rurales). La ferme Bocace : agroécologie, réinsertion sociale, maraîchage, élevage, transformation et distribution en circuit court. Réputé spécialiste en cuniculiculture, il circule aussi comme conférencier pour le Ministère de l’agriculture.

Parallèlement à ces activités, il ne cesse d’écrire. Un premier recueil de poésies, en 1970 – La griffe d’un saule – salué par Roger Foulon, en ces termes : « Je ne connais pas François Noul. J’imagine un homme proche à la fois de la vie inventée et de l’heure vécue, aimant répéter après Desnos : Incroyable est de se croire/Vivant, réel, existant. »

Des châtaignes et du cidre doux (poésies, 1991) ; D’amour et de bonne chère (1992) ; L’amour au bout des doigts (1994) et Jardiner dans les étoiles (2015) : trois recueils de chroniques et histoires.

Nombreuses chroniques culinaires et de terroir pour le quotidien Le Courrier de l’Escaut et le mensuel Notre jardin.

Retraité très actif, François Noul habite maintenant un fermette hennuyère (à Ghoy) dont le jardin-potager lui assure une quasi auto-suffisance alimentaire !

126 chroniques ponctuées de poèmes ;-) :

ET SI CE PAYS EXISTAIT

 Et si ce pays existait

Et si nous pouvions la retrouver cette terre

Où la bonté serait comme une pomme ronde

Tendresse à griffes rentrées

À bourgeons découverts

La vie à grands soleils

Retenir la vie

Comme chatte la patte dans l’écorce

Pourquoi faut-il que le château soit hanté

Chassons Carabosse

Retrouvons fées et lutins

Dans un matin velours

Retrouvons homme désarmé

Peau nue et cœur offert

Retrouvons chants d’oiseaux

Et grande lune d’espoir

Anne, ma sœur, ne vois-tu rien venir ? 

Je vois l’homme nouveau à l’horizon

Il porte enfants dans les bras

Et fleurs au front

Avec chiens et rires fous

Et barbe bleue rasée

Et rires fous et rires ma sœur

Ah si ce pays existait

Moi berger de mes rêves

Je laisserais là mes chimères

POUR VIVRE

VIVRE




GE! 15 ans

23012020

Le GE!, 15 ans cette année, nous classons les archives, travaillons à une publication, un bilan provisoire activant l’avenir ; à un site (www.pharepapier.be) où il sera possible de commander nos publications ! Comment diffuser ce à quoi nous croyons ? C’est la question première de nos jours submergés d’infos…

GE! ? Rappelez-vous ! :-)

Phare Papier historiquefb




Mes inscriptions, Lessines, 14 décembre (samedi). Avec MaYaK/Phare Papier et les recherches écophiles

11122019

liv3 Mes inscriptions

Étirée dans la ville, « Mes Inscriptions », une foire de livres initiée par le bouquiniste spécialisé en livres belges – ALAIN GEORGES (Belgicana.be) – et le CC René Magritte de Lessines. C’est ce samedi 14 décembre de 10 à 18.

MaYaK/Phare Papier y participe depuis la première, en été 2019 (et nous en sommes à la troisième), accueilli Chez Lucy, Grand Rue, l’ancienne boulangerie & salon de thé qui demeure dans la mémoire des Lessinois. Lieu vide, abandonné où le visiteur lit directement l’histoire à rebonds du bâtiment ancien.

En 2016, Phare Papier éditait un premier « carnet écophile » : deux habitants-chercheurs de Lessines y sont mis à l’honneur. Une démarche nécessaire à (re)découvrir…

HR

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MaYaK slave

7122019

MS1 MS5 Kremnica, Slovaquie, 1999

Ce samedi 7 décembre 2019, à la Petite Maison, à Walcourt, l’artiste russe Elena Bourenina animera une journée russe. C’est pour moi l’occasion de réfléchir à mon tribut à tous ces mondes slaves que j’ai pu croiser, visiter & sentir tracer leurs chemins en moi. Ils m’ont façonné, c’est sûr…

J’ai vécu six ans en Slovaquie dont 4 à Zilina. L’Europe centrale m’attirait ; j’avais fait un voyage en Tchéquie avec une amie qui était fascinée par le cinéma d’Europe Centrale, par son cinéma d’animation aussi, par l’atmosphère qui se dégageait de ces images. Un autre rythme de vie, des sentiers dans les jardins qui entouraient les panelaky (assemblages de panneaux de béton qui font habitation), des raccourcis creusés par les pas et qui rappelaient les sentes en montagne, dans ces « nouveaux » quartiers habités par des gens de toutes origines sociales avec des écoles au centre, protégées par ces murailles d’immeubles. Là-bas, on marchait ; peu de voitures, des herbes folles qu’on n’arrachait compulsivement… Ou les beaux immeubles sécession – art nouveau de l’Empire austro-hongrois – dont les fioritures s’écaillaient ; les jardinets aux grilles sculptées rouillées. Les pavés de la rue sur lesquels rebondissaient les Skoda arrière propulsées comme prêtes à l’envol ou les mystérieuses Tatras 603 (imitant l’aquadynamisme des cétacés) des dignitaires décatis (comme des cachalots noirs parfois échoués à tout jamais, noyés sous la neige le long d’un trottoir) ; les restaurants populaires à tous les coins des rues, les caves à vin, à bière, etc. Je me demandais si ce pays allait choisir un autre avenir que celui de l’Ouest consumériste…

J’espérais que oui, en admirant (et collectionnant) les cartes postales de l’illustrateur Josef Lada (1887-1957), célébration dans un style naïf et détaillé des campagnes et des villes (ses innombrables cartes de vœux, renouvelées à chaque passage d’année, s’échangeaient par tout le pays). Mais elles disparurent rapidement des librairies d’après la chute du mur, tout comme ces éditions communistes publiant les chefs d’œuvre de la littérature mondiale, tout en fustigeant, bien sûr, en une introduction toute autorisée, la décadence des auteurs bourgeois. L’imagerie banale et les best-sellers de l’Ouest, plus cher, à la mode, les remplacèrent…

Après ce voyage, nous avons postulé au CGRI pour une ville dont on nous disait : n’allez surtout pas là, on y meurt d’ennui.

J’ai vécu à Zilina, avec bonheur, 4 ans, avant de partir enseigner 2 ans à Bratislava.

J’ai été vite plongé dans la langue slovaque qui est devenue ma deuxième langue. Je donnais cours à des élèves gentils et qui voulaient apprendre…

J’aimais cette ville qui se développait depuis sa place baroque à arcades en autant des cernes qui nous permettaient de lire son histoire de plus de 1000 ans.

Nous goûtions la cuisine locale au Na Brané (Sur la porte) ce restaurant au rez populaire et au premier, jeune, tendance, mode.

Je prenais souvent la route pour m’arrêter dans une petite station thermale ; je me baladais dans les vallées avec Oscar, le chien. Je m’asseyais et restais là. Je vivais cet « être-perdu » dont parlent certains psychiatres phénoménologiques. Je n’étais plus rien, limité à mon corps, à ses oripeaux, englouti dans ce large paysage. C’était insaisissable. J’étais allé en montagne auparavant, Suisse et France, le ski, puis les Alpes de Haute-Provence où je gravissais par palier, avec chaque fois une pause lecture des montagnes basses comparables aux Malé Fatry qui entourent Zilina. Mais là, j’habitais ; j’avais ma carte de séjour, mon permis de travail, j’étais du pays et surtout cette large vallée, je la contemplais ; elle me prenait en elle, le temps s’abolissait

Insaisissable, un mot que j’ai gardé pour désigner les contenus de MaYaK, insituable, se dérobant à la fixité d’une appellation.

Le « moi » et ces montagnes de Slovaquie : je leur dois, je crois, que je ne me sente rien, ni éditeur, ni philologue, ni philosophe, ni écrivain, ni, ni, ni tout en touchant à ces domaines, insituable comme tout être humain : je crois que ces montagnes m’ont conforté, installé en cette insaisissabilité, indétermination heureuse. Ce n’est pas rien, pour mon « destin singulier »…

Le Burkina Faso me fait le même effet, me déroute, me dégage…

Slovaquie : il y a tous les partages avec Lenka, je n’en parlerai pas, sinon simplement cela, presque tout : je la voyais, vois, verrai toujours marcher devant moi dans les Tatras, m’ouvrir un chemin, sauter d’un rocher à l’autre avec grâce et endurance. Il y a que nous avons beaucoup regardé ensemble Andrei Tarkovski, si bien que je l’appelais parfois (et continue) : terroriste tarkovskienne…

Les chansons folkloriques slovaques : nasé najkrajsié hory… (nos montagnes, les plus belles!)…

MaYaK tire son nom d’un théâtre de marionnettes à Zilina. « MaYaK » veut dire « Phare ». Ce projet d’« intervention culturelle », selon l’expression des surréalistes me venait à mon retour de Slovaquie. Le symbolique du phare, lancer des signaux entre ciel et terre, tracer des destinations entre terre et mer, depuis un lieu retiré… Phare et théâtre de marionnettes : les contributions s’enchaînent, sont articulées l’une à l’autre, comme des scènes ou des actes (de vie) qui se complètent. (On pourrait penser aussi à une suite musicale.) La « voix loyale » assure l’enchaînement : un texte parlé en continu qui relie chaque intervention autour du thème choisi. Comme un monsieur loyal au cirque… Ce théâtre à Zilina au nom à la fois doux et claquant, la graphie choisie : avec ces trois majuscules (dont le Y qui est original) qui suggèrent enracinement et perspective céleste.

Mondes slaves…

Il y a les préludes et fugues de Shostakovitch que j’écoute presque chaque matin…

Le chant rugueux de Vladimir Vissotski.

Les films n/b d’Otar Iosseliani, tournés en Géorgie… Je les regardais et les visionnais encore et encore. Les communistes productivistes (mais pas consuméristes), les villes décrépites, les campagnes traditionnelles ; un cinéaste fantaisiste à la Jacques Tati qui aime avec tendresse cette atmosphère surannée, cette vie lente magnifiée par les polyphonies de table qui réunissent à l’unisson les amis convives… J’appelle sa maison de production ; Otar Iosseliani vit rue des Blancs Manteaux à Paris ; voici son numéro de téléphone. Nous le rencontrons. Il parle de sa carrière oubliée de chef d’orchestre, cache dans une armoire la bouteille de Genièvre que Régine et moi lui avons offerte. Il nous montre des story boards… Un entretien d’une heure et demi. Jean-Luc Outers raconte dans le MaYaK3 (où est retranscrit l’entretien avec le réalisateur) comment, invité à un festival de cinéma à Bruxelles pour recevoir un prix, le jour de la soirée, il va plutôt revoir deux dames russes qu’il avait perdues de vue…

Grâce à mon amie libraire Muriel, je croisai la philologue et artiste russe Ludmila Krasnova qui donna des xylogravures à MaYaK et me fit lire le célèbre écrivain kirghize Tchingiz Aïtmatov. Conquis par Djarmila, je recherche des informations sur le net : Aïtmatov vit à Uccle… Devenu ambassadeur. Nous téléphonons à l’ambassade. Il vient de rentrer au pays ; nous recevons son numéro à Bichkek. Ludmila l’appelle ; un entretien téléphonique pour MaYaK, d’accord ; mais doit d’abord se rendre au Kazaksthan où l’on tourne un film à partir d’un de ses romans. Sur place, un malaise, il est transporté en urgence en Allemagne mais décède…

Il y eut un jour ce peintre hirsute mais dandy – barbe et long cheveux – frère d’un historien flamand perspectiviste qui entra dans une taverne où nous étions assis avec la danseuse Nikoleta et Lenka ; les deux beautés.

Il vint s’asseoir à notre table, nous bûmes plus qu’il ne fallait et en nous quittant il me dit tel un Russe larmoyant : Hugues, quand je suis entré, que je t’ai vu, j’ai cru voir le soleil ! (certes, il déplaçait et projetait sur moi ce qu’il destinait aux deux jeunes femmes… Mais, c’était agréable à entendre pour un lawrencien admiratif des « aristocrates du soleil »).

Cette émotivité grandiloquente et compatissante, prête à ruisseler (que je partage avec lui), je l’ai assimilée à une certaine âme russe universelle (lue – peut-être erronément – dans Dostoïevski). Et cette scène de taverne en est restée le théâtre intérieur.

Tout cela (et beaucoup d’autres choses encore, notamment ces écoutes de « musiques du monde ») produit une sorte d’élixir qui clapote dans mes veines, se heurtant à d’autres courants passés, présents.

MaYaK : une sorte de distillation de tout cela et d’autres stimuli, à mes yeux…

HR

MS8 MS9 Bratislava, Slovaquie, 1998




Fugueurs ? 30 novembre, 1 décembre

29112019

« Les Fugueurs », à Liège, Palais Curtius, ce samedi 30 novembre et dimanche 1 décembre. MaYaK est invité : merci !

Comme à chaque rencontre du livre, l’occasion de déployer une table (d’éditeur) et de rencontrer de nouveaux lecteurs.

Et puis, ces salons, manifestations, lieux (je pense en particulier, cette année, à la Petite Maison, à Walcourt ou à « Chez Lucy », la boulangerie désaffectée, à Lessines (foire le 14-12)), sont comme des campements, des haltes provisoires où nous jetons un regard en arrière, récapitulons et réorganisons les troupes, pacifiques ;-)

Ici un 91/91 avec des images, comme autant de cailloux (un choix dans la collection…) qui jalonnent un parcours. Et une reformulation, insatisfaisante, de ce travail effectué depuis 2005, avec un tel plaisir !

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L’homme qui dissipe la nuit, ÉTIENNE LANNOAGA ZOETYANDÉ

19112019

Z2 blog Z1 blog Le livre de LANNOAGA ZOETYANDÉ et des aquarelles de SAMBO BOLY…

Roman pédagogique : L’homme qui dissipe la nuit : Méthodologie d’approche pour une école communautaire édité par Phare Papier/Dougoura, 2019.

Il s’agit de l’édition d’un manuscrit dactylographié inédit que j’ai rapporté du Burkina Faso en février 2019.

Étienne Lannoaga Zoetyandé, ancien fonctionnaire dans l’enseignement burkinabè, a écrit ce plaidoyer pour la scolarisation des enfants dans les villages du Burkina. C’est le livre d’un Burkinabè pour les Burkinabè mais il montre en même temps, pour un public bien plus large, sans fard, le fonctionnement d’un village au Burkina ; ses préoccupations, les forces diverses qui l’animent, du chef coutumier à l’agent de développement en passant par l’imam, du cultivateur à l’éleveur ; femmes et hommes…

Le personnage central : un instituteur (Houinigba) qui parcourt le pays et rencontre les « communautés », comme on appelle là-bas l’ensemble soudé d’un village. Il s’arrête à Pondy, village imaginaire tellement réel…

Résultat d’une collaboration, le livre est coédité par l’association DOUGOURA fondée par PINGDWENDÉ ANGÉLIQUE KABORÉ qui dirige une agence de communication et travaille aussi, dans le cadre de DOUGOURA à la meilleure connaissance des modes de vie burkinabè…

Avec 10 illus couleur de Parfait Bonkoungou & Timpous Kaboré.

Étienne Lannoaga Zoetyandé, L’homme qui dissipe la nuit : Méthodologie d’approche pour une école communautaire, Phare Papier 2019, 10 euros

HR

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Louis Delattre sera toujours d’actualité

18112019

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Oui, bon, mais pourquoi ? Parce qu’un esprit en mouvement est éternel…

Pourtant qui connaît encore aujourd’hui cet écrivain né à Fontaine l’Évêque (Belgique) en 1870 ? Il fut médecin spécialiste en alimentation, participa comme figure progressiste de premier plan à la vie littéraire du début du vingtième, écrivit une quarantaine de livres, fut directeur d’académie, était en correspondance avec Albert Einstein qu’il rencontra on the beach (quand le savant logeait dans la résidence royale, avant de s’exiler aux USA), s’intéressait de près à la médecine chinoise, fut un des pionniers de la radio belge et, à l’instar du philosophe Walter Benjamin en Allemagne, utilisait ce média pour propager une éducation populaire, sillonna la Belgique comme conférencier pour la Croix Rouge, etc.

Son « esprit en mouvement » se manifeste au mieux dans ses derniers écrits (introuvables aujourd’hui, mais Phare Papier y pense…) : les essais d’ « intimisme » (une notion de son invention) où en plus de 1200 courts textes, il analyse et dévoile les ressorts intimes de son existence, une vie pensée de l’instant, l’expression de sa sensibilité, de sa fragilité/vulnérabilité, la mise à nu risquée d’une personnalité alors de premier plan… Des éclairs ! Comme fut foudroyante cette angine qui l’emporta en 1938 dans un taxi ; il revenait d’une conférence pour la Croix Rouge.

J’ai eu la chance d’étudier ses archives précieusement conservées au Musée de la Littérature, Bibliothèque Royale, à Bruxelles. Expérience passionnante qui m’a poussé à composer cette plaquette, récit de la vie et anthologie de LOUIS DELATTRE…

HR

Delattre Docteur de l’Intimisme, Phare Papier, 2019, 8 euros

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De l’arène à l’agora

14112019

cover Kouam cover pour l‘A5 avec des rabats de 10 cm sur lequel nous travaillons… Phare Papier, cover & publication en devenir proche

de l’arène à l’agora

J’ai croisé Hervé Yamguen sur les réseaux sociaux. Je lisais ses « publications » et regardais ses tableaux. Les textes : des chroniques de Douala la grande ville (où réside Hervé en artiste engagé : atelier et événements divers) et des scènes de village (où il est devenu récemment, suite à la mort de son père, un notable gardien des traditions). Ces textes : des récits teintés de réflexion : des visions de la société. Des textes politiques mais sans le revendiquer.

M’interrogeant sur la question du « littéraire », sur les manières dont il se montre dans une société, j’ai particulièrement goûté cette écriture appliquée au quotidien, au vivre-ensemble, au peuple, à son avenir. Je considérais aussi la spontanéité de la publication (rendre public), que permet le contesté facebook. Une publication sans prétention, hors milieu, jetée dans le monde.

J’écrivis à mon ami virtuel que nous pourrions faire, de ces chroniques éparses, un livre, avec textes et images. Hervé réagit promptement et m’envoya un matériau soigneusement commenté que je composai, mis en place, articulai. Nous avons publié Héroïsmes quotidiens en 2017.

Plus tard, Hervé, qui était en résidence à Berlin et vint me rendre visite en Belgique, proposa un autre projet qui partait d’une suite poétique de Kouam Tawa consacrée à la situation politique du Cameroun. Émule de HD Thoreau, je m’intéresse peu à ce qu’on appelle l’ « actualité ». Quand on connaît les causes, inutile de multiplier les exemples à l’envi, écrit plus ou moins le transcendantaliste américain pour expliquer qu’il a arrêté de lire les journaux… Certes, trop souvent peur et cupidité régissent le monde des hommes et expliquent à répétition, tristement, l’ « actualité »…

Je me mis à lire la suite poétique de Kouam, Dans l’arène, et je fus frappé, touché par cet appel au peuple. Une fraîcheur d’expression à laquelle nous ne sommes plus habitués, ici, dans les pays « riches », occidentaux, aux systèmes sophistiqués, compliqués, cloisonnés qui déterminent aussi la production littéraire.

Le dialogue avec mes amis camerounais s’avérait nécessaire pour repenser, re-sentir la sphère politique, le politique… Dialogue, échange d’expériences ! Je cherchais d’ailleurs cela depuis mon premier séjour, en 2012, au Burkina Faso où je rencontre des acteurs du « développement endogène » et agroécologique (personnes, associations, ONG locales), en ces contrées où l’agriculture familiale, le village, l’économie informelle, la production artisanale ou semi-artisanale restent la base du développement des collectivités et personnes…

J’interroge chercheurs et artistes dans ces sociétés où différentes formes de savoirs et d’autorités voisinent (scientifique/traditionnel ; étatique/civile/coutumière), où les cultures traditionnelles sont plus opérantes, participent plus à l’élaboration constante des communautés. Je récolte les témoignages de ces consciences fortes, en mouvement, en devenir, artistes et chercheurs qui affinent, aussi, leur jugement par rapport au modèle occidental, ce « consumérisme productiviste » qui ravage Nature et psychologies humaines dans nos pays dits (comme si c’était acquis) « développés ».

Ma vision politique de nos contrées s’est teintée de cette expérience du Burkina.

« Développement endogène » : la notion de Joseph Ki-Zerbo, je l’appliquais à la Belgique. Je repérais des développements endogènes : le majeur, ce fameux productivisme, lié à l’obsolescence programmée et au consumérisme, à l’industrialisation de tous les secteurs, à la technologie toujours plus avancée, à des inventions d’apprentis sorciers, directement mises sur le marché sans qu’on ne contrôlât sérieusement leurs effets potentiellement néfastes et souvent avérés tels.

Oui, il y avait ce mode de développement-là lié à notre histoire, puis toutes ces initiatives, elles aussi liées à notre histoire, à nos mentalités, qui s’écartaient de ce courant majeur et qui « réseautaient » à travers le pays. Un réseau : des foyers de développement endogène qui émettaient comme des vibrations et se complétaient, se renforçaient mutuellement ; je ressentais la nécessité de cartographier ces politiques visionnaires fragmentées : petites fermes bio, artisans, collectifs citoyens, groupes de simplicité volontaire, magasin de proximité et circuits courts, réseaux (sociaux) de potagers collectifs, adeptes de la géographie humaine, permaculteurs, écrivains enracinés et universels, écomusées, citoyens à projets imaginatifs, coopératives, ceintures alimentaires, villes en transition, etc. Chacun de ces foyers rayonnait à sa façon et donnait le (un) ton au politique, le réinventait, le faisait re-sentir…

Donner le ton : je pensais aussi aux musiciens et à l’énergie dont ils nourrissaient leurs publics ; et il n’y avait pas de frontières : Newen Afrobeat prolongeait au Chili la tentative de Fela Kuti en Afrique. Sur cette place de Santiago, ils sautaient comme des ressorts tout en jouant avec une énergie transformatrice qu’ils diffusaient aux auditeurs spectateurs : occuper d’une certaine façon l’espace-temps : c’était politique, comme le genre de perception, de présence affinée au monde, auxquelles nous engageait tout artiste authentique. La musique nous mettait en condition particulière pour aborder le monde partagé. Me revenait à l’esprit la force opérante, stimulante des tableaux de Hervé, de ses chroniques et de la poésie de Kouam.

Nos développements endogènes, donc, avec en toile de fond, le fantôme de l’ « état providence », ce modèle politique apparu dans nos pays riches ; un état mère qui veille et soigne et est attentif ; un « état providence » de plus en plus éreinté, mais qui continuait à assurer aux citoyens un certain confort de vie, même si, disait-on, le pire était à venir…

Et nos utopies des années 60 : la « société des loisirs » qui ne manquerait d’arriver grâce à la technologie qui allait rendre le travail inutile et permettre aux habitants de devenir plus humains, de se cultiver, l’abondance atteinte. Nous n’en parlions plus de cette société des loisirs. Constituait-elle une trop grande menace pour les privilégiés qui maintenaient les masses dans l’asservissement ? Là, je repensais à la réflexion de Thomas Sankara qui fédérait les masses du sud à celles du nord, écharpées, au fond, par les mêmes vautours ; ce qui rendait le dialogue sud/nord encore plus nécessaire : quels moyens allions-nous inventer ensemble pour sortir de l’impasse consumériste que René Dumont décrivait en détail dans les années 60, relayé par les théories bien étayées des collapsologues d’aujourd’hui ?

Au cours de l’été 2019, je reçus donc la visite de Hervé et plus tard de mon ami et partenaire, Abdoulaye Ouédraogo qui fêtait les 20 ans de son ONG burkinabè : APIL (Action pour la promotion des initiatives locales). Son ONG veille (en agroécologie) sur l’économie de 180 villages (agriculture, maraîchage, élevage, agroforesterie, apiculture, conservation des traditions…) et incarne à mes yeux ce que j’appellerais une puissance intermédiaire, née de la société civile. APIL travaille en collaboration avec 6 ministères locaux et est soutenue par des partenaires étrangers. Abdoulaye me confiait, tu sais quand je vais dans les ministères, c’est avec 180 villages derrière moi et tu ne le croiras pas, mais je connais presque tous les habitants de ces villages ; je suis d’ailleurs issu d’un village, moi aussi.

À Hervé puis à Abdoulaye, je parlai de cette charge informelle qui m’avait été proposée : la présidence de la commission du patrimoine de cette commune verdoyante, encore partiellement rurale, dortoir aussi, riche où j’habite et qu’un accord de coopération rapproche de la commune de Ziniaré au Burkina Faso… Patrimoine naturel, humain, culturel, architectural : il y avait tout, au fond, dans cette charge, la mission d’un roi débonnaire ! Avec mes deux amis, nous rencontrâmes, lors de leur séjour, de ces citoyens foyers d’énergie. Nous parlions… politique fondamentale, politique du paysage partagé, vision du monde, du (ou des) pour quoi des communautés…

(J’ai gardé tout au long de cette contribution, ce temps de l’imparfait éternel… Temps révolu mais qui porte aussi, lovée, la révolution !)

Je lisais donc le vibrant appel de Kouam au peuple camerounais afin qu’il réagisse à l’enlisement de son pays. Il m’a inspiré cette réflexion sur ce que je sentais en moi des sens possibles du mot « politique », en les appliquant à mon pays.

Et, dépasser l’enlisement ? Hervé et Kouam ont accepté d’exprimer, chacun à sa façon, très librement, sa vision politique ; sa vision d’un Cameroun désirable, fidèle à lui-même, à ses forces, avançant dans le temps selon ses styles à lui…

De l’arène à l’agora

HR




Nos racines Lés arpes d’el drèfe

7112019

vern3 noté2 Installation, métamorphoses et acteurs observateurs… Chapelle Notre-Dame de Grâce, Tournai

Jacques Tati disait qu’il faudrait intégrer aux programmes d’enseignement des heures d’observation…

Un jour Isabelle Tesse passe par la drève de Maire (Tournai) et remarque les croix peintes qui condamnent certains platanes de cette large avenue au trafic intense. Elle en parle à Jean-François Van Haelmeersch : ce serait bien de garder trace de ces arbres qui peuplent notre jardin intérieur ; des empreintes ?

Et Jean-François Van Haelmeersch de s’y mettre : des frottis sur papier, des photos retravaillées de traits, des empreintes sur tissus du tarmac avoisinant ; à partir des photos et des frottis, il abstrait des xylogravures…

Il en parle à Caroline Léger, si sensible au végétal, qui se met à travailler, elle, à montrer l’alpha et l’oméga de nos amis les arbres : photos de jeunes pousses sous un éclairage d’exposition, les racines vitales et fragiles reliées au feuillage dansant par une tige gracile où passe un filet de lumière tel une veine ; un fut fait de pages d’un livre ancien reposant sur un rouleau de papier suggérant un tronc avec ses cernes et ses années.

JFVH en parle à Bruno Delmotte qui compose une suite poétique en picard traduite en français et assortie d’explications philologiques éclairant les racines de la langue française quand elle remonte le temps en passant par le picard. Il compose une sorte de bestiaire de la drève de Maire (« maire » renvoie aux marées de l’Escaut qui avaient transformé ce lieu en marais, jadis) : bestiaire d’habitants, animaux et humains, vivant dans la beauté de cette allée qu’en automobilistes pressés nous oublions de regarder…

Nous composons un livre et j’ai bien envie de décrire ce beau et bon travail d’observation en commun, à plusieurs ; toutes les formes qu’il prend, que lui donnent ceux qui ont pris le temps : 5 artistes soucieux du vivant : un travail éthique…

Nos racines Lés arpes d’el drèfe, Bruno Delmotte, Caroline Léger, Hugues Robaye, Jean-François Van Haelmeersch, Phare Papier 2019, 10 euros

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