Versus
14 05 2009Vendredi passé j’assistai, au théâtre Marni à Ixelles, au spectacle Versus du comédien Frederik Haùgness, accompagné par quatre musiciens de jazz. Le trompettiste me fit forte impression: précision et élégance du phrasé, sonorité rouge et or m’évoquaient le Miles Davis du début des années 50. La musique se jouait en contrepoint de l’histoire racontée par le comédien: la découverte de son père assassiné, ses propres interrogations sur la justice et la vengeance. Où sont convoqués le jazz, que son père aimait, et Hamlet, qui est aussi le nom du village natal de John Coltrane. Une histoire dont on ne pouvait douter qu’elle fût vraie.
J’avoue avoir été troublé par cette mise en scène de vies privées. Qui pourtant se rencontre de plus en plus: pour ne prendre encore qu’un exemple, la jeune chanteuse, comédienne elle aussi, Stéphanie Blanchoud, interprète en public une chanson, Ressemblance, où elle s’adresse à sa mère.
Il semble donc qu’une vie intime, aujourd’hui, puisse désirer un public, au lieu de s’en protéger. Certes, il y a une tradition littéraire de l’intime. Mais le dévoilement y reste médiat, alors qu’ici on voit une présence, une exposition publiques nues.
Qui sont mues par des ressorts très divers. Pour Versus ou Ressemblance, peut-être pourrait-on rajouter celui-ci: l’envie courageuse d’affirmer une authenticité dans une sphère publique gangrenée par l’omniprésente marchandise et ses simulacres. Mais il faudrait interroger les auteurs…
Hugues me dit que le thème des MaYak 5/6 devrait être « solitudes en société ». L’occasion de revenir sur cette mutation.
http://www.youtube.com/watch?v=HDyRW1mFIOw
http://www.dailymotion.com/video/x8pga6_stephanie-blanchoud-live-50-nord-re_music
Xavier Vanandruel
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