Marcel Thiry : L’herbe est rase au sabot des grands bisons tranquilles
15 06 2009
L’herbe est rase au sabot des grands bisons tranquilles.
La tondeuse et la bonne arroseuse ont passé
Par les jardins où sous les arbres espacés
L’on voit glisser les longues bleues automobiles.
Le pur asphalte est un noir canal sinuant,
Moiré d’ombre, et fleuri puissamment sur ses rives
De grands bisons qui s’y promènent, et qui suivent
L’herbeux soleil autour des platanes géants.
S’enfuir sur cette eau plane et rapide et sans bornes
Du long pays de la richesse et des bisons,
Et t’avoir à travers les hautes frondaisons,
Soleil égal sur les nickels et sur les cornes !
Le long vent de la course est frais à nos moiteurs ;
Le bonheur d’Amérique est dans le store orange
Que fait flotter comme un ardent drapeau des anges
Une maid apparue au balcon dans les fleurs.
Et les libres bisons poursuivent leur pâture,
Et ta paresse au creux du car bleu voit fleurir
Parmi ces fauves lents et cet air sans désir
Le mol confort et la bienheureuse aventure.
In L’enfant prodigue, 1927
Poème reproduit avec la gentille autorisation de Lise Thiry
Au coeur de la campagne de Russie des auto-canons : « la bienheureuse aventure »
Document AML
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