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Une couverture de Léo Hallet pour le MaYaK 4

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 leo72.jpg  Léo Hallet 

Léo Hallet est pour le moins un peintre discret. À l’instar des situationnistes (auxquels les journalistes l’ont peut-être trop unilatéralement rattaché), il s’oppose à toute publicité et à toute apparition publique. Il vit retiré, dans un hameau non loin de Lausanne et, depuis les années septante, on ne le voit jamais aux vernissages de ses expositions dans sa galerie de Genève. Comme chacun le sait, après une période réaliste consacrée à faire revivre dans le paysage vaudois le (déjà lointain) projet des Ambulants russes, celui qui fut un ami intime de l’écrivain Maurice Chappaz se tourne vers une forme d’abstraction lyrique qu’il associe progressivement à des installations cinétiques où se révèle toute son ingéniosité d’artisan. Dans cette veine, la désormais célèbre « Sexy Mousse » fait scandale à la Biennale de Venise, en 1997. Depuis, le peintre a abandonné ces formes de création composites pour en revenir, dans la plupart des œuvres qui ont suivi, à la pureté de l’aquarelle et de l’acrylique sur papier, rehaussés de traits au bic (affirmant conjointement, par ces moyens artistiques à la portée de tous, un engagement social et politique). 

L’été dernier, notre correspondant suisse roman a rencontré cette personnalité hors du commun sur un chantier de restauration (des murets de pierres sèches qui entourent les pâturages). Hasard des rencontres, la démarche mayaque a intéressé le peintre… Et après un échange de correspondance (voir l’extrait ci-dessous), Léo Hallet nous a fait l’honneur d’une couverture pour MaYaK (il s’agit du deuxième volet de « traditions modernités » qui paraîtra en septembre 2009). 

En même temps, privilège exclusif, il nous permettait de montrer sur un blog – http://leohallet.blogspot.com – la série de peintures à laquelle s’intègre l’œuvre reproduite en couverture.   

« Au début, je suis dans une forme de concentration ou de relâchement très étendu. Cela prélude à quelques gestes déliés ou concentrés. Rapides mais assurés. J’ai l’impression que cette peinture d’aujourd’hui – je ne dis pas « ma » peinture parce que rien ne m’appartient, je crois -, donc cette peinture plutôt épurée mais rythmique n’a rien d’abstrait. En fait, rien n’est abstrait à mes yeux. Ou plutôt à mes sens. Il y a des champs de forces et je suis dedans… »

Hugues Robaye 

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La géomancie de Paul André

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« Refaire le monde, ses sols, ses arbres et ses rivières par la seule grâce d’une géomancie purement langagière qui ne dérangerait rien de l’ordonnancement matériel »    (À bas bruit, les instants, p64)

En effet, de livre en livre, Paul André recompose, redessine un espace. Un espace rural situé: le tournaisis traversé par le fleuve, par l’Escaut et axé autour d’un hameau : Fourcroix, où l’écrivain s’établit dans une ferme de longue histoire. Mais cet espace n’est pas aussi déterminé que cela. Car son expérience du Maghreb et du désert, des peuples du désert (il vécut trois ans en Tunisie) vient constamment se glisser dans la géomancie. Les hommes de là ne sont pas très éloignés des villageois liés, dans leur présent, au passé et aux traditions. Des passés plus ou moins lointains se mêlent aussi au texte - un Moyen Age réactualisé, par exemple. Des temps qui donnent à cet espace une autre profondeur de champs et de ciels. 

Le livres de Paul André se présentent souvent comme des suites de courtes proses poétiques volontiers narratives (où l’on sent le conteur), parfois centrées autour d’un personnage dont les apparitions ponctuent le livre, comme des agets (le titre d’un recueil), des bornes (Jean Catoire dans Pays alezan (1977) ou Dieudonné d’À bas bruit les instants (2007)). Suites narratives de proses poétiques ? Oui. En tous cas, un pays se recompose de laisse en laisse, gens, plantes, animaux, météores, ouvrages, pensées… À chaque long poème, la topographie, l’écriture du lieu, se recentre différemment. Et Paul André a donné par ailleurs d’autres formes à sa géomancie: nouvelles (Il est permis de rêver, 1981) ou contes (Contes des sages du désert, 2007 ; Contes des sages au fil de l’eau, 2008). 

Le philologue Paul André (qui enseignait le français et la littérature) joue des passages entre le français et le picard: Dins l’feond, pour mi, Mahomet y aveot bin vu lés cosses/Au fond, il me semble que Mahomet avait assez bien vu les choses… (fasciné par le soufisme, Paul André retient de la parole mahométane la célébration d’une présence pleine au cosmos, à ses phénomènes les plus ténus. Présence panique  ou faunesque (on trouve un faune dans C’est, en 1995), comme une extase matérielle à la Le Clézio… Passages du français contemporain au français classique, au français médiéval. Sa langue, qui par moment fait penser à du Max Elskamp (qui s’évertuait, lui, à faire re-sentir une Flandre artisanale), touche par sa plasticité, ses métamorphoses continuelles et son invention, ses nouveaux mots, ses alliances sonores… 

Paul André, « clerc dans les campagnes et dans le désert » (voir plus bas) ? Un peu comme l’était Maurice Chappaz dans le Vaud. Ce sont des penseurs poétisants qui retrouvent un monde rural où ils sont nés et qui, tout en s’y intégrant par des travaux manuels, le revisitent et lui redonnent du sens. (Car il y a aussi, à cet œuvre, un arrière-plan social sombre : l’évocation de la désertion des campagnes, de l’exode vers les villes, du chômage, de la disparition des savoir-faire (voir par exemple son recueil de nouvelles, très écologique…)). 

« Re-créer, re-voir, re-sentir, re-toucher, re-dire, re-faire. Dans le respect des choses, parce qu’elles sont là. » (p64) 

L’œuvre de Paul André répond à ce programme et a cette force qui la rend de salubrité publique ! (puisqu’elle tient et réussit à engager tout lecteur à intensifier par un simple contact avec des mots sa présence à l’espace où il vit). 

L’écrivain pratiquait aussi des formes d’art spontané, travaillait le bois et le fer, faisait de la calligraphie arabe. 

« C’est ici et c’est nulle part. C’est quelque part dans votre tête. C’est vous autres là où vous voulez. » 

Paul André (1941-2008) a publié une douzaine de livres. Les premiers ne sont plus disponibles. Dans le commerce : Traque d’Éros au Taillis Pré (2001) ; Le petit cri têtu du perce-neige aux Déjeuners sur l’herbe (2005); deux livres accompagnés d’encres d’Alain Winance, à l’Esperluète : D’Ambleteuse et d’elle au plus près & À bas bruit, les instants (2004 et 2007). Enfin, au Seuil, les deux recueils de contes (2007 et 2008). Comme Paul André ne se souciait pas plus que cela de publier, restent des inédits…

Le premier cabanon littéraire (voir plus bas) présentera donc la vie-oeuvre de Paul André.

Hugues Robaye

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