Se réapproprier le monde : Tim Robinson

9 12 2009

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L’humanité ne pourra éviter le gouffre ouvert devant elle sans, comme l’écrit Morgan Ody, agricultrice de Via Campesina, une réappropriation des territoires et des savoirs. Il apparaîtra alors que certains de nos contemporains auront contribué à préserver des terres de l’épuisement, ou des savoirs de l’oubli. Mon voisin Dirk Dumon est de ceux-là, lui qui  réalisa pour la BRT des documentaires sur les villes construites en terre ou encore les cérémonies chamaniques  en Sibérie. C’est Dirk qui m’a parlé d’un autre gardien de la mémoire, Tim Robinson.

Né en Angleterre en 1935, Tim Robinson  suivit une formation de mathématicien avant de s’exercer comme plasticien d’avant-garde, vivant à Istanbul, Vienne et Londres. En 1972 il quitte Londres pour s’installer d’abord dans les îles d’Aran*, puis au Connemara. Depuis lors, la  cartographie et l’essai géopoétique  ont remplacé sa double vocation de mathématicien et de plasticien.  Parcourant inlassablement à pied, afin de dessiner ses cartes,  une terre qu’il finit par connaître jusque dans ses moindres replis, il se passionne aussi pour la toponymie, car, écrit-il,  « les toponymes sont les derniers spectres fanés et les échos des pouvoirs et des mots de pouvoir que nous avons laissé tomber dans l’oubli ».  Réfléchissant sur le temps et l’espace**, entrant en dialogue avec le Pascal des deux infinis, Tim Robinson propose une géophanie sur le modèle de l’ancienne théophanie.  Avec Dirk qui a déjà été en correspondance avec lui, je vais solliciter de Tim Robinson une interview pour le prochain numéro de MaYaK.   

Xavier Vanandruel   

 * Tim Robinson, Stones of Aran, 1986 ** Tim Robinson,  My time in space, 2001      


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