Daniel Adam : Une histoire tue (mais lue…)

7082010

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Deux extraits de ce livre que nous commentions naguère…

Lectures de Muriel Logist et du chef mayaque…




L’air de la Méhaigne : Jean Tournay

7082010

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Je repensais immanquablement à ces textes de phénoménologie plus ou moins appliqués à la psychiatrie, en tout cas certainement à une compréhension souple de l’humain. Les textes de Erwin Straus, d’Henry Maldiney ou de Jacques Garelli. À ces pages qui interprètent le sens que peut avoir l’expérience, pour un chemineau, d’être perdu dans un paysage (toujours inconnu…) et de composer et recomposer, à chaque pas, une compréhension des milieux où il se trouve – et se trouve lui-même, se retrouve – provisoirement. 

Je me rappelais ces textes en lisant Air de la Méhaigne de Jean Tournay.

78 pages. 84 paragraphes répartis en cinq chapitres (nom, sources, cours médian, chutes, bifurcation) ; la méditation continue d’un homme seul qui suit le cours dela Méhaigne, rivière de 60 kilomètres qui traverse le plateau dela Hesbaye (centre-sud dela Belgique) et se jette dans la Meuse.   Chaque paragraphe est suivi d’un blanc et est comme un repère (et repaire) fugitif pour essayer de comprendre poétiquement ce qu’est une rivière (cours, sinuosités, lits, berges, faunes, flores, terrains, géologies, impressions sur le corps humain qui sent et perçoit…).  

« La carte topographique est, en l’occurrence, sans réel secours. » (p14).   Plus loin : « Qu’est-ce qu’un paysage ? Je ne cesse de me poser la question. Que voyons-nous quand nous regardons ? Rien ne sert de précipiter l’hésitante flânerie pour y répondre. » (p 56).   On est en plein dans cette « poésie » rigoureuse appliquée au chaosmos, dans cette géopoétique documentée et sensible qui tente de dire un milieu naturel où l’on se perd pour se retrouver plus libéré du moi, plus large, relié, sauvé…  Un texte dans la lignée de Kenneth White (à qui nous empruntons « chaosmos » et « géopoétique »), André Dhôtel, HD Thoreau, JC Powys, DH Lawrence, Hubert Voignier, Jean Giono, Jean-Claude Pirotte (qui est l’éditeur de cette suite musicale – Jean Tournay est, après tout, un facteur de clavicordes de renommée internationale…)…  

Et le grand géographe Elisée Reclus de renchérir… : « L’histoire d’un ruisseau, même de celui qui naît et se perd dans la mousse, est l’histoire de l’infini. »

Hugues Robaye 

Jean Tournay, Air de la Méhaigne, Paris, La Table Ronde (l’usage des jours), 2008, 12 euros 

Et le témoignage d’un ami de l’écrivain : Steve Houben, (le 2 août, à la terrasse du Crocodile de Matongé (Bruxelles)) :







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