En Arménie III, Xavier Vanandruel
28092010Troisième billet du voyageur, ce même jour, le 28 septembre
Les Arméniens n’ont pas cette stratégie d’évitement devenue chez nous une norme de comportement (que chacun fasse ce qu’il veut, je m’en écarte et m’en préserve), ma présence ici suscite leur interrogation. Pour me demander « Mais que faites-vous donc ici ? », mon interlocuteur capte mon regard avec le sien perplexe, tandis que sa main, à hauteur de taille, décrit une sorte de mouvement circulaire, paume tournée vers le haut. Essayez, c’est très expressif, je trouve ! Chez nous, un tel geste prêterait vite à la vulgarité. Mais une particularité de l’Arménie, précisément, est qu’elle échappe largement à la vulgarité, y compris la vulgarité capitaliste marchande. Même les rares publicités ici paraissent respectueuses.
Un routard irlandais de rencontre me dit que c’est le seul pays au monde où un chauffeur de taxi, vous voyant marcher au bord de la route, vous proposera d’embarquer sans la moindre rétribution. Pour moi, rentrant dans un bistro et commandant un café arménien (nous dirions turc), je me suis vu offrir du vin de grenade par le patron, heureux de trinquer avec moi, et refusant que je lui paie le café que j’avais pris…
Presque à chaque fois que je plante ma tente, un berger vient me saluer, me demander si je n’ai besoin de rien et me mettre garde contre les medved (ours) et les volk (loups), m’encourageant à faire un feu. En définitive, je crois que ce sont les bergers qui m’auront témoigné le plus de sympathie et d’amitié. C’est à eux que ma présence là et mon périple semblaient les plus naturels. Je n’y pense pas sans émotion.
Xavier Vanandruel
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