Back to Armenia : Xavier Vanandruel
4 09 2010Xavier Vanandruel, pilier mayaque – si je puis dire –, nous envoie ce billet d’Arménie où il chemine à l’aventure…
[Le 31 août 2010, 18h34, un mail de Xavier arrive à ses amis :]
Une Ukrainienne, qui a vécu quelque temps en France, me disait: » Tu sais la différence entre un habitant de Kiev et un Français, quand je les croise sur un trottoir? Le Français fait spontanément un écart de côté, l’habitant de Kiev pas. Legs du communisme… » Peut-être, mais me voici dans les montagnes d’Arménie, une autre ancienne république soviétique, sur un plateau herbeux. Et ces points mouvants, là-bas, au bord du sentier que j’emprunte, deviennent, quand j’approche, des moutons et leur berger appuyé sur un bâton (il peut rester ainsi des heures). Il s’écoule encore beaucoup de temps, où bruissent les insectes et pèse le soleil sur la terre sèche et les herbes roussies, avant que je le croise et que nous nous saluions en échangeant nos regards et un sonore « Barev tsez! » Peut-être, voyant que je suis étranger, me demandera-t-il, en russe cette fois: « Kouda idiottié » (Où allez-vous?), ou « Vouill outkouda? » (D’où êtes-vous?). Il me proposera de l’eau, et peut-être un bout de fromage.
Je pense qu’il y aurait lieu d’esquisser, sur fond des caractères géographiques, une topologie des relations humaines. Les termes pourraient en être empruntés à la topologie mathématique: distance, voisinage, ouvert, fermé, isolé, accumulation…
Tandis que je plante ma tente près de l’église du monastère d’Akhtala, aux magnifiques peintures murales du 13e siècle, que je peux contempler grâce à Eteri, qui a la clef de la porte, le prêtre de l’endroit vient me saluer et me conseiller d’orienter ma tente vers le soleil levant, comme le sont d’ailleurs – j’ai dû le remarquer –, les tombes d’Arménie. Car c’est de là que reviendra le Christ, comme il est dit dans les Écritures, et ce sera peut-être déjà cette nuit même… Autant être face à Lui au moment de se relever et le saluer. J’acquiesce mais demande quand même intérieurement un délai. La veille, j’avais mangé excellemment dans un restaurant au bord de la route qui longe la rivière Debed. Je demandais au patron qui, il n’y a pas si longtemps, vivait encore dans un village des hauteurs, pourquoi il ne signalait pas son restaurant, que rien ne laissait deviner, par une inscription.
– Pourquoi ?, me répondit-il, tout le monde dans le coin sait bien que c’est un restaurant… »
Xavier Vanandruel (présenté en toute amitié par Hugues)
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