Chimiste et sinologue, ce profil d’écrivain ne pouvait qu’attirer MaYaK.
En médecine chinoise traditionnelle, la lecture – une alchimie – est une nourriture : un flux perceptif qui pénètre le corps (comme l’eau et le boudin par exemples) ; une énergie stimulante, peut-être plus subtile que le boudin, il est vrai (mais tout dépend de la lecture, après tout…). Donc, un chimiste sinologue qui écrit des romans historiques. Une histoire vraie : celle d’un médecin allemand, dans la Rome du 17e. Un ami de Galilée, un médecin qui pense que la Terre n’est pas au centre de l’univers, qui pratique la dissection sur corps humains ; redoute les bûchers de l’Inquisition et décide alors de partir pour la Chine, en s’engageant dans la Compagnie de Jésus (les Jésuites), sans grande conviction, mais avec loyauté. Mais en fait, Schreck ou « Terrentius »,le nom de ce savant, autant botaniste que médecin, « pluridisciplinaire » dirait-on aujourd’hui, « à la tête bien faite » aurait dit alors Montaigne, souhaite surtout étudier la médecine chinoise…
Isaia Iannaccone, chimiste et sinologue napolitain a écrit ce « roman historique » qui raconte le voyage en Chine de Terrentius. L’ami de Galilée. En lisant, je me demandais comment cet écrivain, aussi scientifique, avait résolu ses problèmes de conscience : concilier une recherche très pointue (sans être le moins pédante) sur le paysage scientifico-religieux de l’époque (la curiosité et les controverses scientifiques ; les réactions violentes de l’Église romaine), accorder cela avec la narration. Avec le plaisir de la narration, de l’invention de personnages et de situations, avec le plaisir de la composition… Invention, car peu de sources historiques. Comment donner chair aux mots ? Il faut se mettre à la place de Schreck, après une longue étude.
Et le résultat est étonnant car, comme vous le fera goûter par la voix Sylvie Cuvelier (du Conservatoire de Bruxelles (Belgique)), le texte est très sensible, dans l’empathie avec la personnalité exceptionnelle de ce savant allemand. Savant certes, mais surtout homme qui s’interroge sur sa place dans l’univers. Comme vous et moi, non ? Une lecture nourrit, oui, et transforme…Isaia Iannaccone, L’ami de Galilée, 2006, en LDP Hugues Robaye