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Au Burkina (2)

26012012
Bendogo

Bendogo

 

Hugues nous envoie ce second billet du Burkina, reçu ce 25 janvier:

Nous revenons, avec Nafi, d’un voyage à l’ouest du pays : Boromo, Bobo Dioulasso et Banfora; je me rends compte combien ce voyage est un voyage de rencontres humaines, avant tout. Pas encore à proprement parler de développements touristiques (à part la visite de la mosquée de Bobo, en banco (terre crue) avec ses trois tours qui ressemblent à des obus épineux, percées qu’elles sont de bouts de bois servant jadis à y grimper pour entretenir l’enduit blanc qui recouvre d’ailleurs tout l’imposant bâtiment). Visite aussi du vieux quartier qui aboutit à une petite vallée où sinue une rivière peuplée de silures, ces poissons sacrés que l’on enterre enveloppés dans un linceul. Le soir, ils remontent le courant. Ce sont de grandes anguilles que l’on aperçoit se tortiller dans le peu d’eau de cette rivière, et passer indifférents tout près des femmes qui lavent le linge. 
Mais d’abord Boromo, à 180 km de Ouaga où nous logeons dans la cour en banco de la Voûte Nubienne, cette association franco-burkinabè qui propose aux paysans du Sahel des maisons à bas prix (entre 200000 et 800000 francs (diviser par 650 pour l’euro)), sans bois ni tôle, avec pour toit, un système de voûte en terre crue remise au point en collaboration avec CRAterre (voir MaYaK3).Nous rencontrons Séri Youlou et Léonard Durka qui forment les maçons locaux à ce type de voûtement, délicat mais solide (intrépide, le chef mayaque réalise pour vous de belles photos depuis le toit en terre d’un hôtel qui se construit selon cette méthode, à deux rues (en terre) de l’hôtellerie). Pas plus loin que la cour ombragée du délicieux Bomavé Konaté, forgeron et sculpteur de masques (on le trouve toujours sous son arbre occupé à sculpter) qui anime le PIAMET, un espace de création où il accueillait des artistes burkinabè, africains et du monde entier pour travailler en connivence, avant d’exposer les réalisations au salon du SIAO, à Ouaga (artisanat). Bomavé nous montre sa cour où il acclimate des essences d’arbres qui disparaissent du Sahel. Et aux personnes qui lui disent que cette ombre attire les serpents, il répond que non car il y a acclimaté aussi des plantes qui les repoussent; de toute façon, les serpents resteraient en hauteur dans les arbres, précise-t-il, rassurant et souriant. Par contre, il aime à regarder les caméléons depuis son artisanal relax en bambou aux liens de cuir (que des marchands ambulants vendent 2000 francs…). Nous le retrouverons sans doute en France en avril. 
Je passe beaucoup de rencontres.
A Bobo Dioulasso, nous retrouvons notre ami, le musicien Ousmane Dembelé (qui participa à notre concert à Tournai) qui avec son associé finlandais, Aakusti, cherche un terrain pour implanter une école de musique. Ils déplorent (Aakusti pratique comme Ousmane le djembé et est ethnologue musicologue) que l’enseignement des anciens maîtres se perd. Par ailleurs, il faut écrire la tradition musicale qui se perd et enseigner le solfège. Et comme toujours, le projet artistique est associé à la Nature: leur intention est aussi de reboiser les environs de cette future école.
Nous rendons visite au chanteur Seybou Victor Démé, dans sa cour où vivent plus de 15 personnes. Victor n’est pas en grande forme. Il envoie à notre rencontre, au niveau du goudron, son bassiste, « un homme grand, avec un pantalon noir, une veste noir, un chapeau noir et une chemise blanche », me précise-t-il au téléphone… Pour eux, c’est une matinée de répétition. Démé nous chante 8 chansons d’un album qu’il va enregistrer en février à Ouaga. Basse électrique, guitare sèche et sa voix d’une profondeur émouvante. Cet accompagnement réduit met très bien en valeur cette voix exceptionnelle d’authenticité. Nous enregistrons le concert improvisé mais qui doit rester top secret! Et comme partout ailleurs gardons plein d’images. 
Nous rencontrerons encore des associations. Notamment GAFREH, dont une des activités est de recycler les sacs plastique qui jonchent les terrains vagues au Burkina. Une vraie plaie, nous confirmait Démé qui a d’ailleurs écrit une chanson à ce propos sur son nouvel album : pollution des sols, empêchement au bon ruissellement des eaux. GAFREH récolte ces sacs plastique (le plus souvent noirs), les lave, les découpe, les tisse mêlés à des fils coton, en fait des sacs, des portefeuilles, porte-documents, etc.  très tendance… Modernité africaine (cette association fabrique aussi des toilettes sèches portables en matière plastique). GAFREH est en fait une collectif d’associations de femmes, qui coordonne et structure leur travail dans différents domaines.
Quelques rencontres parmi beaucoup d’autres. 
Bientôt un voyage vers le nord-ouest et les animateurs de village des 6S : une réponse entre traditions et modernités à la vie villageoise basée sur des réseaux d’entraide (que le sociologue agronome Bernard Lédéa Ouédraogo a étudiés et promus dans la plus belle tradition de la recherche-action). Une visite à Toma où le grand historien Ki-Zerbo, dont la lecture humaniste baigne ce voyage, est né.
Puis le Sud et entretemps, encore des rencontres à Ouaga.
Je vous souhaite des jours heureux!
Je vous embrasse,
Monsieur Hugues

 

 




Ludmila Krasnova à la librairie Quartiers latins

24012012

 

Ludmila Krasnova à la librairie Quartiers latins  ludmila-0102-112x150ludmila-0071-150x112

                                                                                                                                                                             

La terre a englouti la datcha d’été de la grand-mère de LudmilaMais sa ville de  Saratov est bien là encore, et la Volga dont  elle buvait avec son père l’«eau vivante».  A Bruxelles,  à elle et sa fille il ne reste, écrit-elle, que la langue russe. Et aussi des images, des images encore, de livres d’enfants dont elle s’aperçoit qu’elles l’ont profondément imprégnée. C’est de cela que nous entretient Ludmila Krasnova, artiste graveuse ,  qui a collaboré à  MaYaK (ses gravures habitent le numéro 3 de la revue). De ce théâtre vrai de l’enfance, fragile et éphémère, où prennent source pourtant l’imagination, et aussi le courage, de toute création.

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Ludmila Krasnova

Exposition jusqu’au 29 février à la librairie Quartiers latins, place des Martyrs à Bruxelles. Si le son n’est pas mis lors de votre visite, demandez qu’on le branche pour entendre Ludmila offrir  à sa petite fille des mots russes, quelques mots de français,  l’arche d’un son sur la corde d’un violon…

XavierVanandruel




Au Burkina

15012012
Au Burkina burkina_faso1-150x107
Hugues Robaye nous envoie des nouvelles de son voyage-enquête, reçues ce 14 janvier :
Pas très facile de se connecter ici…
Sinon, tout va bien. Je suis très bien logé, il ne fait pas très chaud et j’ai déjà pris de nombreux contacts très intéressants. Mon logeur m’a montré son village dont l’équipement est très complet et ne demande qu’à être utilisé: une salle des jeunes avec de nombreuses pièces vides, un petit bar, groupe électrogène, potagers collectifs, association de femmes qui l’anime, barrage à proximité. J’ai déjà fait pas mal de rencontres à Ouaga, pour l’écriture de ce livre enquête. Je me déplace en scooter derrière Nafi ou Baganè et je vis ainsi la vraie vie de Ouaga : poussière de latérite, gaz d’échappement, circulation intense dans tous les sens. Multitudes d’échoppes qui débordent sur le goudron. Attention : « gendarme couché », on ralentit (un casse-vitesse). Au retour, le soir, « amour de Taiwan » veille sur la circulation: c’est le nom des lampadaires à énergie solaire qui ponctuent le goudron élimé de ce boulevard qui mène à mon quartier. On quitte le « goudron » pour zigzaguer sur la piste de terre défoncée. Habitations très pauvres de banco, petites échoppes encore plus pauvres. Puis la zone inhabitée où passent les pylônes de haute tension: comme un petit Sahel, avec peu de végétation: petits arbustes où sont accrochés tous les sacs plastique du monde, on le croirait. Dans cet espace désertique, les chèvres vaguent et trouvent leur bonheur. « Nassara » me crient les enfants souriants quand nous passons en motocyclette. A l’arrêt le plus audacieux d’entre eux vient me tendre timidement la main… Une fois passée la zone des pylônes, nous continuons jusqu’au rond-point de pneus empilés; là commence « ma » rue: quelques maisons carrées en banco, puis des demeures de plus en plus grandes, avec murs et portails. je loge dans la dernière, hum, la plus grosse, au nombre incroyable de pièces: un beau château fort paisible. Plus loin le quartier se développe différemment, plus diversifié…
Donc, déjà pas mal de rencontre: Ivo le peintre des villages, l’asbl Yiriwa écotourisme, le coach Pognon et tous ses « ambassadeurs du développement », le musicien Thomas, la fille de Ki-Zerbo, mon logeur et les gens de son village, etc. Beaucoup de notes manuscrites, des comptes-rendus quotidiens à l’ordi, des photos.
Mardi, nous partons vers l’ouest, Boromo, Bobo, Banfora…
Surtout cette circulation dans les rues bariolées, aux populations diverses. Les petits maquis du bord de la route, les grillades, la rafraîchissante Brakina, les jus d’oseille ou de gingembre…






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