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Entretiens burkimayaques 5 : « L’agro-écologie de Pierre Rabhi au Burkina Faso : SYLVAIN KOROGO »

22062012

Entretiens burkimayaques 5 :

Le samedi 28 janvier dans les Jardins du Maire, à Ouagadougou, nous rencontrons – Ramata Nafissatou Ouédraogo et moi – un ami de Pierre Rabhi: Sylvain Korogo.

Dans les années 80, il avait assisté et facilité tout le travail de Rabhi au Burkina Faso : sensibiliser les populations à l’agro-écologie (comme réponse aux grandes sécheresses de la fin des années 70).

Refusant engrais chimique, pesticides, machines lourdes, l’agro-écologie rend le paysan autonome. Mais plus qu’une pratique agricole particulière, l’agro-écologie irradie une pensée de la relation de l’homme à la terre. Au cœur de ces pratiques agricoles douces, il y a un respect inconditionnel pour la « Terre-Mère » et une célébration continue de ses délicats équilibres et de l’interdépendance de ses
« enfants ».

Cela rejoint les pensées africaines des esprits de la Nature. Que l’homme doit ménager et soigner.

En écoutant Sylvain Korogo, j’ai été frappé par cette conscience profonde qu’il exprime : la nécessité de donner un sens quasi spirituel au travail du paysan. Sans cela, l’enseignement ne passe pas.

Enseignement ?

Depuis le départ de Pierre Rabhi, Sylvain Korogo prolonge le travail de fond de son ami et reste en contact avec lui. Il fonde en 1991 l’association AVAPAS : « Association pour la vulgarisation et l’appui agro-écologique au Sahel ». Il est aussi Conseiller régional IFOAM, la fédération mondiale de l’agriculture biologique. C’est un homme passionné qui ne dissocie pas l’agriculture de la culture, des arts d’expression…

Dans un pays où l’agriculture occupe plus de 90 % de l’emploi (selon le chiffre cité par l’architecte Roger Marcorelles dans son excellent guide (à recommander absolument)), et se divise en myriades de petites exploitations, Korogo travaille à donner fierté au paysan (et à l’éleveur), à la façon de Bernard Lédéa Ouédraogo, un autre ami…

Leur donner fierté. Et conscience de l’importance de leur travail de base… Leur faire sentir la beauté qu’irradie ce travail ainsi conçu, où le paysan est aussi appelé à constamment découvrir de nouvelles associations culturales, de nouvelles astuces malicieuses, de petites améliorations techniques…

Car Korogo forme aussi des paysans chercheurs.

HR

P1280015retblog-150x114 dans AVAPAS Photo de Ramata Nafissatou Ouédraogo

fichier pdf Entretiens burkimayaques 5 : Sylvain Korogo

Entretiens burkimayaques 5 : écouter Sylvain Korogo




« Bruxelles Aires » chez Marianne Uylebroeck, sur les quais de Lessines

22062012

Le monde des quais, Marianne Uylebroeck

Lessines (Hainaut belge) est une ville morte bien vivante. On le sent directement, quand on s’approche de la maison de Marianne Uylebroeck, en ce 17 juin, un dimanche après-midi ensoleillé. 

Les eaux sombres et presque immobiles de la  Dendre, les quais en pierre de taille, comme un déjeuner sur l’herbe à côté de l’eau ; des gens qui devisent devant la porte ouverte de la maison. J’aperçois tout cela et je m’approche. De l’autre côté de la rivière canalisée, l’imposante malterie du siècle passé qui a brûlé l’année dernière. Pignons de briques rouges en ruine romantique ; par le trou des fenêtres on voit des poutres calcinées qui plongent et le bleu du ciel. Plus loin, sur l’autre rive du canal, la tour de déchargement rouillée et classée, vestige de l’activité des carrières de porphyre. À gauche, les écluses et le chemin de halage qui mène à Grammont – on y va en vélo. Il est bordé d’une colline broussailleuse, ancien site d’une carrière. Et puis ce chapelet de bâtiments à caractère industriel dont on ne parvient plus à déchiffrer l’affectation originelle, aujourd’hui transformés en habitations ou laissés à l’abandon. Ensemble biscornu et beau, perdu dans un présent oublieux.

Et voilà Marianne qui avance sur le chemin de halage, entourée d’une louvoyante équipe de télévision… Il y a concert chez elle cet après-midi. Et la télévision régionale « Notélé » n’a pas manqué cet événement (d’ailleurs mensuel). C’est l’anniversaire de Marianne, et ses amis musiciens sont venus la fêter.

Bruxelles Aires tango orchestra, une formation : deux chanteuses musiciennes (Monique Gelders à l’accordéon diatonique et Lola Bonfanti à la contrebasse), un pianiste (Dan Barbenel), un violoniste, Josselin Moinet (il confie sa guitare occasionnelle à une jolie spectatrice qui la couche délicatement sur ses genoux). Nous sommes une quarantaine dans le salon de Marianne…

Donc musique ! Tango ? Un répertoire varié : des chansons de Carlos Gardel, des mélodies instrumentales des années 30, le tango nuevo d’Astor Piazzola.  Une suite bien orchestrée de morceaux de tonalités chamarrées : du drame noir de la saudade éternelle, la mélancolie amoureuse, la passion aux scènes jaunes comiques, aux rires complices avec le public. Une mise en scène : un café-théâtre de musiciens. Certains d’entre eux jouent aussi dans les Baladins du Miroir. De courts commentaires plaisants sur les lieux de danse et les compositeurs argentins (ou français, puisque l’un des tangos a été composé par Josselin !). C’est Monique qui s’en charge. Et puis Lola, la contrebassiste soprano se mêle, enjôleuse, au public, chapeau rouge tendu et s’arrête devant les hommes qu’elle séduit de sa voix d’opérette. Tout cela dans un enchaînement bien pensé. Le public est joyeux.

Les musiciens invitent Marianne (occupée à couper les délicieuses tartes qu’elle allait proposer plus tard) à les accompagner. Elle arrive avec son accordéon.

C’est que Marianne est accordéoniste virtuose et pédagogue (parmi ses innombrables élèves, on compte notre gracieuse collaboratrice, Muriel Logist et aussi un certain Didier Laloy…).

Je suis à gauche au premier rang à 50 centimètres de Dan, le pianiste écossais. Je regarde le public fasciné par cette atmosphère de cabaret.

C’est l’entracte.

Je sors, une Quintine (bière d’Ellezelles) à la main. Générosité des musiciens : la première partie fait une heure, la seconde 45 minutes ! Lessines des bons airs et eaux !

Je pense à ces réseaux qui changent notre monde discrètement, à ces organisations citoyennes qui donnent espoir, in spite of, selon la devise du grand John Cowper Powys. Et je murmure : merci Marianne. La ville morte palpite sous mes pieds.

HR

BXL-aires-blog-150x113 dans Marianne Uylebroeck Dan et Josselin, une photo de José Moya, un spectateur venu de Colombie

Lola-blog-114x150 dans tango Lola, par Marianne Uylenbroeck

Marianne-blog-150x114 Monique et Marianne, par la photographe inconnue que nous remercions







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