Événement LEVEL 12B, multimédia. Au Fort de Hollogne (Bierset, Liège) – les 7, 8, et 9 septembre 2012 (1)
18 10 2012Raconter cet événement –expo, c’est un peu retourner dans le passé.
Dans ce Fort, un lieu, à l’histoire chargée.
C’est un peu raconter un weekend, et un endroit de rencontres.
Où l’on laisse un peu de soi …
À l’origine de ce projet hors du commun, il y a des gens et un lieu exceptionnel.
Le Fort, d’abord. L’un des 12 ouvrages de la Position Fortifiée de Liège (P.F.L.) qui firent face à l’envahisseur allemand en août 1914, et en 1940.
À côté de l’aéroport de Bierset, et entouré d’un important nœud autoroutier, le fort est pourtant devenu un véritable havre de paix: différentes espèces animales et végétales y ont élu domicile, parmi lesquelles plusieurs sont rares ou protégées.
L’Asbl, qui gère ce Fort, une association, sans but lucratif, dont le but est la conservation du patrimoine du Fort et de la mémoire de ses défenseurs.
Et des gens, quelques amis, artistes, qui décident il y a un an (et pour la seconde fois) d’investir ce lieu hors-normes, au Patrimoine et à l’Histoire si intéressants !
Une belle idée qui nous a finalement tous amenés, ce vendredi 7 septembre, jour du vernissage, sous un soleil radieux, à unir et mettre en commun nos forces vives.
Faire de cet endroit, ensemble, le temps de ce weekend, un lieu de rencontres humaines, artistiques et culturelles, multidisciplinaires (vidéo, installations, bijoux, danse, musique, sculpture, peinture, graphisme, photo, peinture digitale, …).
Un lieu où les échanges et les complémentarités qui se créent nous laissent un sentiment d’énergie positive.
Et ce weekend, (8 et 9 septembre), c’était justement …aussi … les journées du Patrimoine.
Un lieu hors du commun. Un lieu hors du temps.
On arrive là, en contournant l’aéroport, un petit rond-point, et 100 mètres plus loin à gauche, une petite pancarte « Fort de Hollogne ».
On pénètre l’endroit. Au premier coup d’œil, devant nous, une très longue allée envahie par l’herbe (et du lierre terrestre par endroit). De part et d’autre de cette longue allée, les bâtiments, de béton, et leurs grandes trouées obscures, entrées et percées de toutes sortes, qui se jouent de la lumière, et l’apprivoisent différemment selon qu’on est le matin ou le soir.
Sur le mur du fond (à environ 200 mètres) – me sautent aux yeux – ces impacts de balles, … comme des orbites noires creusées qui ont troué ce béton, troué des hommes, aussi …
Mais, ici, … le béton … – armé, pourtant, et conçu pour résister aux assauts – … a laissé la nature, et la vie, reprendre leurs droits, naturellement, humainement aussi …
NOUS sommes là…
Et, partout, autour du Fort, par-dessus, les hautes herbes, et les mousses, les fleurs, les insectes … et autres renards et oiseaux, … et, ah oui !, des chauve-souris !, le soir venu, viendront aussi nous frôler de leurs silhouettes furtives, au- dessus du Fort, d’où l’on aperçoit – entre les arbres et les affleurements de béton, entre les hautes herbes, et les épilobes en épi – la piste de l’aéroport, et ses lumières, son va-et-vient nocturne – des gens arrivent, d’autres partent.
Entrer dans les bâtiments, un peu comme dans une grotte. Faire un bond en arrière dans le passé.
Le temps y a laissé là aussi des traces: mousses, érosions, humidité, murs et plafonds suintants, où par endroits se forment même des stalactites.
Et pénétrer dans les murs de béton : ou « passer le mur du son », tant l’acoustique est impressionnante, (nul bruit d’avion ici, on est en-dehors du Monde et du Temps, dans ces murs) … « parler aux murs » prend ici tout son sens en quelque sorte, on entre un peu en dialogue avec soi-même, avec ces murs qui nous renvoient nos voix, et nous isolent du monde extérieur, mais nous y ramènent aussi, en nous « invitant » à la réflexion (celle du son de nos voix, celle du monde en écho).
Parmi tous les artistes présents, environ 20 musiciens et/ou « performeurs » du son.
Et donc une occasion rêvée pour eux de se laisser aller à leurs expérimentations sonores, bruitistes – bruyantes aussi – mais détonantes et qui résonnent en nous, laissant en nous vibrations, échos, et chaos.
Tous, ce point qui les relie: le son. Autrement. Bousculer les repères connus.
(suite au prochain numéro)
Anouk Brouyère
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