- Amour de Michael Haneke
- Tchinguiz Aïtmatov
Rarement un film me bouleverse. Ça m’est arrivé avec Amour de Michael Haneke. Par l’extrême solitude du couple dans le film, l’exténuation des rapports avec leur entourage, dont leur fille, au moment de la mort.
Je lisais justement ce jour-là le roman Une journée plus longue qu’un siècle de Tchinguiz Aïtmatov (voir l’évocation de ce très grand écrivain par Ludmila Krasnova dans le MaYaK 4). Le fil conducteur du récit est la volonté d’un homme, habitant un village au bord du désert, d’enterrer selon les règles et l’honneur un de ses amis défunt. Certes il y a toujours chez Aïtmatov une tension entre des destins individuels et un environnement social, qui peut être rigide ou oppressant. Mais de celui-ci, même s’il doit être corrigé, il n’imagine pas l’absence, tandis que la société que peint Haneke est en complet délitement. A cet égard, la place de cet événement fondamental qu’est la mort* est centrale. Je me souviens toujours de cette inscription peinte il y a quarante ans déjà sur une palissade de Louvain-la-Neuve, alors fraîchement bâtie: « Louvain-la-Neuve, ville sans cimetière, que fais-tu de tes morts? »
Dans le prochain MaYaK, un reportage sur un endroit d’art et de mémoire, près de Tournai, qui offre un lieu de dispersion des cendres (voir déjà le lien http://www.promethea-news.be/datas/Fours.pdf )
Et Hugues, à ton prochain retour au Burkina, peut-être pourrais-tu prêter attention aussi à la manière dont, là-bas, ils vivent encore la mort? Peut-être en ce domaine également avons-nous aujourd’hui à apprendre d’eux.
Xavier Vanandruel
* pour Martin Heidegger, l’homme n’est-il pas l’«être-pour-la-mort» ?