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Yelemaní (en dioula : « changement »)

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Loumbila 15-2-2014 fb Loumbila, 15 février 2014, photo : Ramata Nafissatou Ouédraogo.

Le dernier jour de mon séjour au Burkina Faso, notre petite équipe – Balibi, François d’Assise, Nafissatou et Patigdsom – a visité les potagers collectifs de l’association Yelemaní, à Loumbila, au nord de Ouagadougou, non loin du village de Bendogo avec lequel « GE ! Burkimayak » développe des liens d’amitié.

Yelemaní œuvre pour la « souveraineté alimentaire » et exploite en agroécologie deux potagers collectifs dont la production est acheminée vers Ouagadougou et vendue de façon équitable (genre « paniers »). Au siège de l’association, dans le quartier de Goughin, on va bientôt construire un kiosque où l’on proposera les produits du cru accommodés en des recettes inventives. Yelemaní collabore aussi à la mise en place d’une certification bio propre au Burkina Faso. Par ailleurs l’association veut conscientiser les Burkinabè à la nécessité de bien manger et projette d’ouvrir un centre de documentation à ce sujet. Sur son site, déjà, on trouve la description de certains produits locaux, leurs vertus thérapeutiques et nutritives, des idées de recettes…

Yelemaní sensibilise ses maraîchères à la nécessité de nourrir le sol, de le régénérer ; les informe des dégâts causés à la terre par les engrais et pesticides chimiques (une tâche pas toujours facile). Les maraîchères sont encadrées par un formateur en agroécologie.

Et ce jour-là, quand je tendais à Blandine Sankara, coordinatrice de l’association, le dvd « Au nom de la terre » consacré au parcours d’un « petit avocat de la terre » comme se qualifie Pierre Rabhi, la sœur de Thomas Sankara me disait qu’elle allait le montrer à ses maraîchères (d’autant qu’on y évoque assez longuement le séjour burkinabè de Pierre Rabhi à qui Sankara demanda de devenir une sorte de ministre de l’agriculture).

C’était un peu magique pour moi d’être aux côtés de la sœur de ce président exceptionnel (une référence politique quoi qu’il en soit, humainement politique), de le reconnaître dans le visage de sa sœur, de sentir que Yelemaní répondait avec subtilité et détermination prudente (le mot « prudence » est chez moi à tout jamais associé à la « phronésis » d’Aristote : l’art d’ajuster son action aux conditions infinies du contexte dans lequel on agit), répondait donc à la formule célèbre de Sankara : « L’impérialisme commence dans l’assiette. » Était proche l’ancienne ministre malienne, écrivain et altermondialiste, Aminata Traoré que j’avais entendu parler de « modernité africaine », évoquant, valorisant la sobriété heureuse et le bio (obligés et parfois consciemment consentis) de pas mal d’Africains. Je repensais aussi à certaines de mes lectures La pauvreté, richesse des nations (du Béninois Albert Tévoédjré) ; Quand la misère chasse la pauvreté, (de l’Iranien Majid Rahnema) ; des livres qui essaient de penser les pays « en voie de développement » (disons « d’un développement ») comme des lieux où, au fond, il serait peut-être possible de vivre une autre économie, locale, rurale, micro, artisanale (pour rendre toujours hommage au grand historien et sage burkinabè, Joseph  Ki-Zerbo qui se demandait s’il fallait vraiment passer par l’industriel…).

Hugues Robaye

www.yelemani.org




Une femme de l’être

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Cela vaut la peine d’aller à la Bibliothèque royale voir l’exposition, conçue par Hugues Robaye, de documents relatifs à Annie Van de Wiele. Celle-ci fut une navigatrice exceptionnelle, une passionnée de la nature au Kenya où elle résida, une restauratrice d’un château médiéval en ruine, cela tout en poursuivant une œuvre littéraire et une correspondance fidèle.
D’elle j’aime particulièrement ces lignes, qui commentent son départ d’Ostende en 1949: « Nous ne cherchions pas l’Aventure [...] Nous ne sommes donc pas partis par goût de la performance, par curiosité, ni même par simple amour de la voile [...] Il n’y a qu’un mot pour répondre à cette question-là, c’est le mot vocation ».
A rebours de l’artiste qui, annonçant la beauté, ne produit que du kitsch, ou du séducteur qui, annonçant l’amour, ne répète que son ego, la simplicité volontaire d’Annie Van de Wiele a fait d’elle une femme exceptionnelle, d’ouverture vers le monde et vers l’aventure de la vie. Une femme de l’être.

Xavier Vanandruel
Au 3e étage de la Bibliothèque royale, jusqu’au 18 avril, du lundi au vendredi de 10 à 17h



Jacques Vilet

9022014

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Jacques Vilet est cette personne tranquille qui a arrimé à un trépied une chambre obscure, n’était un petit oeil-de-boeuf pour laisser entrer la lumière; un assemblage qu’il porte sur l’épaule. On le voit ainsi sur la couverture du dernier numéro de la revue MaYAK, traversant lentement une prairie de La Potterée, sans souci qu’il intrigue les vaches, qui, du coup, se sont arrêtées de brouter. C’est le même Jacques Vilet qui expose pour le moment à la galerie Albert Dumont, en résonance avec Jacques Calonne, membre de Cobra.
Lenteur: c’est le mot que j’associerais à Jacques Vilet, et je dirais que ses photos sont celles d’un lent étonnement devant la nature. Un étonnement dont Aristote écrit qu’il est à l’origine de la philosophie (il est difficile aujourd’hui d’imaginer un étonnement sans excitation, mais Jacques Vilet, lui, le possède très bien). Des clichés sans vain éclat, donc, mais d’une grande profondeur si on prend le temps de les contempler.

Xavier Vanandruel

Exposition « Par feuillages divers » jusqu’au 16 février à la galerie Albert Dumont, 43 rue Léon Lepage à 1000 Bruxelles







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