« Nourrir l’humanité, c’est un métier »: Cie Art & Tça (2)

20042013

Démarche théâtrale pragmatique qui permet de poser un problème, qui suscite le débat et fait sentir le monde des agriculteurs par le dialogue, le témoignage émouvant, le film, le reportage, la poésie chantée, le jeu des corps incarnés. Par un jeu efficace de formes artistiques…

Une démarche de théâtre forum comme on le pratique en Afrique : mettre en scène le vécu des gens et les faire réagir. Poser les termes d’un problème ; dans ce cas, il semble presque irrésoluble : la politique agricole commune (« dont la reine d’Angleterre est la première bénéficiaire… »), les quotas qui endettent, les contrats avec les entreprises chimiques, le gel des prix des « produits agricoles », l’assistanat généralisé et dégradant qui en résulte, la nécessité pour l’ « exploitation agricole » de croître pour survivre, au détriment du voisin, le « concurrent », l’absence d’avenir (dans ce contexte, les enfants fuient la ferme…), le mépris pour le secteur « primaire », l’absence de soutien politique (3 % de la population, quantité électorale négligeable), l’endettement et encore l’endettement, la vente de la ferme, le suicide – le théâtre exprime cette complexité et arrête les gens, leur demande de réagir. Car ce soir-là notamment, un débat s’ensuit, avec la complicité du CNCD (Centre national de coopération au développement) qui a rendu possible, avec la commune de Saint-Josse, cette soirée gratuite… Et le public urbain participe, sans doute pas avec la même vivacité que celui des campagnes à qui le spectacle fut montré en premier – les agriculteurs se voyaient reconnus, entendus, valorisés par ce théâtre de la vie abrupte –, mais les questions fusent…

Le spectacle peut-il transformer la société, initier un autre équilibre social ? Très impressionné par le travail de ces deux jeunes comédiens, j’osais y croire et je me disais qu’il fallait que le GE ! s’active à faire tourner Nourrir l’humanité, c’est un métier, et réunisse à l’occasion de ces représentations des acteurs de changement, à Lessines, Ath, Tournai ? À suivre, en tout cas.

Hugues Robaye

nh-3-150x100 dans agro-écologie




Un paysan chanteur, bâtisseur, api (et perma-)culteur : Rasmadi

24102012

Un paysan chanteur, bâtisseur, api (et perma-)culteur : Rasmadi dans agro-écologie rasmadi2-150x112

Rasmadi est apiculteur, maçon, chanteur.

Je reprends : Rasmadi est chanteur, musicien, apiculteur, permaculteur, maçon, oui, mais sans ciment de préférence, avec de la terre, surtout…

Rasmadi est un paysan burkinabè du centre de Namur (il habite là). « Dans la conception du paysan, en tout cas chez nous, il y a tout. » dit Bernard Lédéa Ouédraogo, le sociologue mossi providentiel (voir nos publications précédentes).

Rasmadi citadin villageois paysan chanteur agroécologique était à la conférence de Pierre Rabhi, à Herve, en septembre dernier…

Ras(ta)madi veut retourner dans son village (à deux pas de Kombissiri, au sud de Ouagadougou) et cultiver la terre et montrer comment construire des maisons « éco-dome », avec des sacs de terre empilés, stabilisés par du fil barbelé qui assure la tenue de l’ensemble. Pas cuits, non, car cela consomme du bois, plutôt recouverts d’une terre fine de termitière amendée de bouse de zébu, pour l’étanchéité (des secrets de chez nous). De l’auto-construction initiée par l’architecte iranien Nader Khalili.

Et la permaculture ? Oui, pour que les paysans soient indépendants, autonomes. Ne dépendent d’aucun intrant et continuent à aimer le terre.  « Au village, on dit que je suis fou, mais on m’écoute en cachette… »

Valoriser le village et ses savoirs vivants et simples.

Rasmadi, paysan chanteur burkinabè. La noblesse de la terre qui devient voix et actes : il recherche actuellement comment se procurer des sacs au prix le plus bas (au Ghana, peut-être ?) pour commencer ses éco-domes…

HR

Image de prévisualisation YouTube



Brève rencontre : Pierre Rabhi

17102012

Brève rencontre : Pierre Rabhi dans agro-écologie pierre-rabhi-blog-21-150x119

Le vendredi 28 septembre, j’écoutais la conférence de Pierre Rabhi, à Bruxelles, au Théâtre Saint-Michel. Le parterre et les deux balcons étaient remplis de monde. J’étais au parterre, au seizième rang. J’avais une enveloppe avec un MaYaK, le document relatif au projet burkimayaque et une lettre (longue) que je lui avais écrite au matin, à la main. Une séance de dédicace était prévue et je voulais en profiter pour lui remettre ce courrier où je lui demandais notamment de participer au prochain MaYaK (« Dons, gratuités, échanges »).

Sa prise de parole fut sans surprise. Il suffit qu’il raconte brièvement son parcours et tout est dit. Au départ un constat : la planète se meurt, maltraitée depuis les années cinquante ; une réaction, une tentative de vivre autrement : l’agroécologie, pratique agricole et humaine, qui respecte la Terre nourricière et ses beautés quotidiennes. Une conduite de vie en accord avec ce respect : la sobriété heureuse (titre d’un de ses derniers livres). Issu d’une culture qui pense aux générations à venir, à l’héritage qu’on leur lègue, Pierre Rabhi a beaucoup voyagé en Afrique pour faire connaître cette agroécologie qui libère les petits agriculteurs de l’emprise des marchands d’engrais et de pesticide et les autonomise. Dans les années quatre-vingts, il diffusait l’agroécologie au Burkina Faso et cherchait avec les agriculteurs des solutions adaptées au Sahel pour lutter contre l’érosion des terres due aux fortes pluies et réduire les effets de la sécheresse en saison sèche. Vendredi, il évoquait Thomas Sankara qui l’avait encouragé ; l’un des seuls chefs d’état à avoir voulu diffuser cette agroécologie liée de près à une pensée de la décroissance… Il louait aussi les forces vives de la « société civile » qui réagissaient à la démence commerciale.

J’étais le troisième devant la table où Pierre Rabhi allait dédicacer ses livres. Je sortais de l’enveloppe L’offrande au crépuscule, superbe témoignage sur l’expérience burkinabè. Cet homme tout frêle derrière sa table, fatigué, que j’approchais pour la première fois, semblait heureusement étonné de retrouver ce livre peu connu, paru aux éditions L’Harmattan en 2001. Frêle, ce corps vulnérable détenant pourtant une riche expérience de résistance opiniâtre ; des décennies de travail apaisant et révolutionnaire pour valoriser une ruralité féconde et moderne. Le hall du théâtre était rempli de monde et de voix. Je lis Rabhi depuis 20 ans et alors je lui disais que j’avais rencontré en janvier dernier son ami Sylvain Korogo. Il me demandait de sa voix bienveillante couverte par le brouhaha de le saluer à mon retour là-bas, en janvier prochain.

Il passe maintenant une grande partie de sa vie à témoigner en public d’un lien avec la terre, si intime, dense et solitaire, actif et solidaire. Je lui remettais au cœur de la cohue cette lettre écrite depuis le calme de la potterée…

HR

Il parle du Burkina :

Du 28 au 30 septembre 2012, l’association « Émergences »  accueillait Jon Kabat-Zinn, Christophe André, Matthieu Ricard, Pierre Rabhi et Edel Maex pour son événement annuel. Trois jours durant se sont déclinés conférences et ateliers sur le thème « Se changer soi, changer le monde ». C’est dans ce cadre que j’ai pu entendre Pierre Rabhi. Merci à Émergences d’avoir permis de mettre en ligne un extrait de la conférence.

Pour plus de renseignements sur les activités de l’association : asbl Émergences, avenue Brugmann 317, 1180 Bruxelles. Et : www.emergences-asbl.org




Le chant des cailles

1092012

Le chant des cailles dans agro-écologie le-champ-des-Cailles-150x112

Non loin de chez moi, à Boitsfort, à dix minutes du métro, au milieu des maisons urbaines et de la cité-jardin du Logis, subsiste un champ de quelque 3ha, qui jusqu’à tout récemment était cultivé par un agriculteur suivant le mode classique aujourd’hui, c’est-à-dire avec force engrais et pesticides. Il est arrivé que les potagers voisins soient ravagés suite à une pulvérisation de Roundup et à un « vent défavorable ». Quant à la terre, me dit Maarten, après des années d’une telle culture, elle est morte: pas un ver, pas un organisme vivant détectable en creusant le sol compact. La revivifier demandera du temps, et l’on espère que les cinq ans de concession  accordés par la Société du Logis ne soient qu’un début.

Je connaissais déjà Maarten qui est le fondateur du Gasap à côté du nôtre et qui maintenant se passionne avec d’autres volontaires pour la réhabilitation de ce champ appelé le champ des Cailles.

Cela a commencé par le fauchage manuel et l’édification de meules et va se poursuivre par le travail du sol, le semis d’engrais vert et l’amenée de moutons sur une partie du terrain. Maarten me confie aussi son intention d’associer au travail sur le champ, une récolte de la mémoire collective de ses voisins, pour ce qui est de leur rapport à la terre. Le projet s’appelle « le chant des cailles ». Il s’agit de réenchanter la terre, mais aussi le vivre ensemble dans ce quartier de Bruxelles.

Maarten joue également un rôle très actif dans une association appelée Terre-en-vue, dont le but est de soustraire des terres à la spéculation marchande pour les confier à ceux qui pratiquent ou se lancent dans l’agriculture paysanne.

Croiser des personnalités comme lui est revigorant : une impulsion solitaire mais une démarche avec d’autres, une volonté permanente d’échange.

On peut suivre le projet du « chant des cailles » sur http://www.chantdescailles.be/ ou bien sûr en se rendant sur place, à l’angle de l’avenue des Cailles et de la rue de l’Autruche.

Pour faire connaissance avec Terre-en-vue : http://www.terre-en-vue.be/

Xavier Vanandruel




Entretiens burkimayaques 5 : « L’agro-écologie de Pierre Rabhi au Burkina Faso : SYLVAIN KOROGO »

22062012

Entretiens burkimayaques 5 :

Le samedi 28 janvier dans les Jardins du Maire, à Ouagadougou, nous rencontrons – Ramata Nafissatou Ouédraogo et moi – un ami de Pierre Rabhi: Sylvain Korogo.

Dans les années 80, il avait assisté et facilité tout le travail de Rabhi au Burkina Faso : sensibiliser les populations à l’agro-écologie (comme réponse aux grandes sécheresses de la fin des années 70).

Refusant engrais chimique, pesticides, machines lourdes, l’agro-écologie rend le paysan autonome. Mais plus qu’une pratique agricole particulière, l’agro-écologie irradie une pensée de la relation de l’homme à la terre. Au cœur de ces pratiques agricoles douces, il y a un respect inconditionnel pour la « Terre-Mère » et une célébration continue de ses délicats équilibres et de l’interdépendance de ses
« enfants ».

Cela rejoint les pensées africaines des esprits de la Nature. Que l’homme doit ménager et soigner.

En écoutant Sylvain Korogo, j’ai été frappé par cette conscience profonde qu’il exprime : la nécessité de donner un sens quasi spirituel au travail du paysan. Sans cela, l’enseignement ne passe pas.

Enseignement ?

Depuis le départ de Pierre Rabhi, Sylvain Korogo prolonge le travail de fond de son ami et reste en contact avec lui. Il fonde en 1991 l’association AVAPAS : « Association pour la vulgarisation et l’appui agro-écologique au Sahel ». Il est aussi Conseiller régional IFOAM, la fédération mondiale de l’agriculture biologique. C’est un homme passionné qui ne dissocie pas l’agriculture de la culture, des arts d’expression…

Dans un pays où l’agriculture occupe plus de 90 % de l’emploi (selon le chiffre cité par l’architecte Roger Marcorelles dans son excellent guide (à recommander absolument)), et se divise en myriades de petites exploitations, Korogo travaille à donner fierté au paysan (et à l’éleveur), à la façon de Bernard Lédéa Ouédraogo, un autre ami…

Leur donner fierté. Et conscience de l’importance de leur travail de base… Leur faire sentir la beauté qu’irradie ce travail ainsi conçu, où le paysan est aussi appelé à constamment découvrir de nouvelles associations culturales, de nouvelles astuces malicieuses, de petites améliorations techniques…

Car Korogo forme aussi des paysans chercheurs.

HR

P1280015retblog-150x114 dans AVAPAS Photo de Ramata Nafissatou Ouédraogo

fichier pdf Entretiens burkimayaques 5 : Sylvain Korogo

Entretiens burkimayaques 5 : écouter Sylvain Korogo







SEA POSITIVO |
CFDT CARREFOUR BASSENS |
Point de vue d'un simple ci... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | mémoires
| Ecole de Saint-Rabier
| injustice