Kairos, un nouveau journal

19082012

Kairos, un nouveau journal dans edition grues-244x300 *

Tout jardinier l’a éprouvé: il y a le moment à saisir avant qu’il ne passe (pour les semis, pour la récolte…) et il y a le temps de la durée et de la répétition (protéger, assurer  des apports renouvelés, l’air, l’eau et la lumière…), qui demande la persévérance.

Kairos est le nom d’un nouveau journal de Belgique francophone, lié au mouvement général pour la décroissance, sous-titré: Journal antiproductiviste pour une société décente. « Antiproductiviste », en ce qu’il refuse de centrer l’épanouissement humain dans une production matérielle toujours croissante; « pour une société décente », en ce que dans la lignée de George Orwell (sa common decency), et l’invocation récente de celui-ci  par Jean-Claude Michéa, il fait fond sur une morale commune de ce qui est souhaitable et surtout de ce qui, simplement, si l’on veut rester digne de son humanité, ne se fait pas.

Mais le titre même, Kairos, signifie, en grec, le moment,  l’opportunité à saisir. C’est que nous vivons aujourd’hui la fin d’un monde et que c’est maintenant qu’il faut dessiner les contours, et se battre pour la possibilité, d’un nouveau monde, qui ne peut être que profondément différent de cette société productiviste et indécente qui paraît encore s’imposer aujourd’hui. Ainsi, écrit le journal, « Kairos s’inscrit dans son temps,  qui est un moment opportun, celui de la conjonction des crises et de l’espoir d’un bouleversement des consciences. »

Dans le numéro 2 que je tiens entre les mains, Paul Lannoye plaide pour une « indispensable démondialisation »  Je relève encore  un entretien avec le collectif  Artivist,  et un dossier « Pour une RTBF sans pub ».

Kairos, tiré à 3500 exemplaires, bien sûr sans publicité, espère maintenir un équilibre financier qui lui permette de continuer. Quant aux bonnes volontés, elles ne semblent pas manquer. Puis-je souhaiter au journal la constance du jardinier.

Xavier Vanandruel

* illustration de Chloé Perarnau pour le premier numéro de Kairos

www.kairospresse.be

 

 

 

 




Petit hommage au Schumacher qui ne roulait par en Formule 1

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Petit hommage au Schumacher qui ne roulait par en Formule 1 dans Bernard Lédéa Ouédraogo Schumacher21-150x150

Après avoir regardé cette vidéo, j’ai eu vraiment envie d’écrire un petit texte sur l’économiste anglais Ernst Friedrich Schumacher (1911-1977).

Ce qui m’a laissé admiratif à la lecture (pas du tout récente et qui agira toujours en moi) de Small is Beautiful, de Good work et de sa biographie (écrite par sa fille), c’est… c’est beaucoup de choses… Quelques unes parmi bien d’autres :

Qu’il replace l’économie dans une vision globale de ce que devrait, pourrait être la vie ici-bas, l’épanouissement lié de l’homme et de la nature.

Qu’il recherche dans les économies traditionnelles comme celle de l’Inde des petits marchés, et surtout celle de Gandhi, des idées fondamentales pour penser et vivre notre rapport aux choses et à la production. Qu’il soit en cela un précurseur de la « simplicité volontaire ».

Qu’il fustige le critère économique – devenu presque absolu – de la rentabilité, expliquant que, bien évidemment, ce qui relève, par exemple, du « secteur culturel » ne peut et ne doit pas être rentable, mais qu’une société qui pour des questions d’argent qui se passerait de mises en forme par la culture, se passerait par la même occasion de sens et de finalités subtiles… La culture comme mise en forme suggestive de l’expérience humaine, pas la culture de salon : la culture pour mieux vivre, cela ne doit pas être rentable : c’est un service que le « créateur » rend à sa communauté, non ? Donc le critère de rentabilité ne doit pas appliqué à toute action ou entreprise humaines…

Son concept de technologie intermédiaire : concevoir des outils facilement réparables et dont la personne soit propriétaire, sans s’endetter à vie. Un exemple : les tracteurs qu’il avait conçu pour un pays d’Afrique, légers, n’écrasant pas les sols, d’une mécanique rudimentaire et costaude et ses ouvriers qui partaient en vacances en Afrique pour montrer le maniement et expliquer comment réparer la bête de somme d’acier mais aussi et surtout pour rencontrer l’autre et ses manières de vivre. Théorie mise en pratique dans son entreprise.

Schumacher éco(no)logiste, qui montrait combien la « croissance économique » était impossible à l’infini, une question de common sense bien évidemment, tout le monde comprend cela (et là je repense à l’article de Xavier où il évoque Orwell et sa confiance en la réflexion courante des gens, en le bon sens…). Tout le monde comprend cela et pourtant…

Schumacher, soucieux de la qualité du travail (Good work, what is it ?). Du bonheur de l’homme… Et de concevoir un temps de travail réduit, une ère de « loisirs » inventifs, vivifiants.

Schumacher avec son humour anglais (voyez cette séquence vidéo), fruit de convictions tranquilles se déployant dans l’action… « Nothing to loose, a lot to give », Fela Ransome Kuti… Of course…

Je repense à Bernard Lédéa Ouédraogo, le sociologue burkinabè formé à Paris mais qui vainquit, malgré cela, la famine au Yatenga (Burkina Faso).

La recherche-action pour intensifier les rayonnements endogènes.

Hugues Robaye

La vidéo et d’autres, peu de temps avant la disparition du divin économiste:

Schumacher répond aux questions

 




Recevoir et donner

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Recevoir et donner dans arts graphiques CAMILL11-137x150

Ce qui me frappe surtout dans le récit que Hugues fait de ses rencontres au Burkina, c’est la générosité qu’il a croisée. Tout cet engagement de personnes,   individuel  et au travers d’associations…

Dans son Essai sur le don, l’anthropologue Marcel Mauss voyait dans la triple obligation de « donner, recevoir et rendre », le socle originaire (le roc écrivait-il) de toute société humaine. Pourtant, de Thomas Hobbes à Milton Friedman, n’avons-nous pas été habitués en Occident à considérer l’homme comme un loup pour l’homme et l’individualisme possessif, la cupidité sans bornes, comme les vrais invariants anthropologiques? George Orwell, l’auteur de 1984, dont on reparle beaucoup aujourd’hui*, constatait pourtant, chez les gens ordinaires, la persistance d’une morale mesurée et ouverte à autrui, qu’il appelait common decency.

Je repensais à une telle générosité (recevoir-donner) tandis que j’écoutais, à la bibliothèque de l’espace Delvaux à Boitsfort, au milieu d’un public très réceptif,  l’intervention de deux jeunes auteurs -illustrateurs, Stéphane Ebner et Camille Nicolle. Stéphane Ebner présentait un livre,  Réserve**, où il avait recueilli des impressions de la forêt; il avait demandé à Camille d’en assurer le texte. Camille est aussi celle qui met en pages, avec Chloé Vargoz, le numéro 6 de MaYaK.

Samedi 24 mars, en présence du printemps, Camille accompagnera  dans les cités jardins de Boitsfort une promenade contée,  au son de l’accordéon, et  qui suivra un parcours visuel et poétique créé par les artistes et les participants des ateliers menés dans les bibliothèques et maisons de quartier de la commune, et auxquels elle aura collaboré ***

Xavier Vanandruel

* ses écrits sont réédités notamment aux éditions Agone en traduction française

** aux éditions Esperluète

*** départs à 14h30 et  16h30 de la place du Colibri

 







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