Intervention culturelle de salon

15112010

grardenentier.jpg Gérard de Sélys dédicace un livre à l’heureux gagnant, encore anonyme, d’un concours d’écriture au salon des livres de Tournai, 2010

Une amie chinoise, Yudong, me dit parfois : « Hugues, tu t’amuses ! », quand je lui parle des « interventions culturelles » de Phare Papier/MaYaK (revue-livre, cabanon d’édition, cabanon d’expo, blog, site, événements). D’elle qui gère un restaurant et était, en Chine, anesthésiste réputée, cela me paraît assez juste de dire cela, moqueuse complice, et je me réjouis qu’un travail plutôt prenant (MaYaK etc.) soit lié à de l’amusement et de la légèreté… J’aime bien me répéter sa remarque qui me fait sourire et a la vertu de donner de la distance à ce travail que nous faisons sur des formes culturelles. Alors, je pense aussi à John Cowper Powys qui se disait « charlatan de la culture » – vendeur de potions magiques – lui qui, dans ses conférences, faisait revivre, avec force gesticulations, le monde de Shakespeare, celui de Rabelais, de Whitman, de Lawrence, etc. Lui qui dansait ces textes vivifiants, et les faisait corps. Corps magiques. Énergies irradiantes… 

Intervention culturelle, disions-nous. Dernière intervention : la participation à l’organisation du salon des livres et des éditeurs de Tournai, « Tournai La Page ». C’est fini (c’était le 13 et 14 novembre). Rien n’est fini. Oui, en fait que sait-on de ce qui s’est passé ? Commence, secret /volontaire/ un travail de digestion, d’assimilation de cette énergie, de ces énergies, que les rencontres multiples de ces deux jours ont amenée(s).  Une méditation, une légère brume qui accompagne chaque instant de nos vies…

Hugues Robaye

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Daniel Adam : Une histoire tue

11072010

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Une histoire tue de Daniel Adam. Roman envoyé par les éditions du Cerisier (dont nous avions déjà évoqué deux titres : Journal de l’antenne rouge de Jacques Dapoz et L’apoptose de Gérard de Sélys). 

Le livre de Daniel Adam a la même efficacité que celui de Gérard de Sélys. Efficacité narrative : 42 chapitres courts où un narrateur à la première personne, Charles, se raconte au jour le jour en intégrant constamment des souvenirs d’enfance. Le lecteur reconstitue son puzzle familial au gré des détails qu’il ranime en résonance avec son présent (d’autant qu’il vit toujours dans sa maison d’enfance).  Jadis sa sœur est partie (et toute la famille s’est disloquée) ; aujourd’hui sa femme est le plus souvent absente… Une voix introspective, émouvante, d’un humour et d’une autodérision mélancolique, parle au lecteur et le tient en haleine, car, suspens, jusqu’à la dernière page je vous l’assure, se forme l’histoire familiale – non dite et qui tue… 

Il y a sans doute une autre raison pour que MaYaK – le Phare – parle de ce livre. Daniel Adam est l’un des fondateurs de « La Compagnie Maritime », compagnie de théâtre action qui « vogue à contre-courant des idées bateaux et des pensées sous-marines, préfère la course autour du monde en solidaire aux croisières mondaines » et… Pour en savoir plus sur ces « déformateurs d’adultes », naviguez donc sur leur beau site amarré ci-dessous à droite… 

Daniel ADAM, Une histoire tue, Cuesmes, Le Cerisier (Faits et Gestes), 2010. 157 pages, 9,80 euros

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Le mystère des voix nulle part

1062009

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L’ordinateur, c’est un peu nulle part. Alors il y a un certain mystère à entendre des voix en sortir… Les Mayaques ont demandé à des personnalités qui ne sont pas spécialement des liseuses professionnelles de lire de brefs extraits de textes dont ils parlaient dans ce blog (voir lien ci-dessous pour les articles). 

Pour le lecteur audacieux: s’aventurer avec le corps de sa voix dans un texte qui l’attire à des hauteurs et des rythmes variables. Simples et touchantes lectures dans des contextes variés, hors studio. Pour l’auditeur, petite aventure ordinaire mais mystérieuse: se laisser guider par une voix dans un texte qu’il ne connaît pas. 

Ce qu’écrivait le poète Paul André au sujet du lieu poétisé, on pourrait le dire de l’espace particulier qu’ouvre la voix: « C’est ici et c’est nulle part. C’est quelque part dans votre tête. C’est vous autres, là où vous voulez ». 

L’artiste et graphiste Muriel Logist nous lit du Louis Delattre, du Jacques Dapoz et du Gérard de Sélys (de qui nous parlait Lise Thiry dans un article précédent). 

Louis Delattre, Vers luisants,  1928

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 Jacques Dapoz, Journal de l’antenne rouge, 2007 

 

Gérard de Sélys, L’apoptose, 2009

 




Le nouveau premier roman de Gérard de Sélys

18052009

Efficacité. Un mot peu prisé en littérature. Efficacité poétique. Une association horrifiante… Et pourtant je pense à cela quand je lis le dernier premier roman de Gérard de Sélys. Vous vous souvenez, Gérard, nous l’entendions sur les ondes, toujours plus tard dans la nuit au fil de sa carrière sans compromission… Une voix de l’information qui disait quelque chose : rare !

De cette efficacité communicative, on dirait que quelque chose est resté dans ce roman au titre byzantin : L’apoptose (j’ai lu en deuxième page ce que cela veut dire, moi…).

Atteint d’un cancer, un conférencier activiste croyant en un monde meilleur vit ses dernières semaines, surveillé par la police qui veut s’en débarrasser. Il est miné de l’intérieur mais il travaille (et le lecteur se retrouve en cette compagnie d’un penseur acteur progressiste). Il reçoit la visite de ses enfants, il fait rire ceux de sa compagne, il est l’ami d’enfants du quartier… Il cuisine et fréquente un bistroquet où se lient les amitiés et où il boit des trappistes (les meilleures bières belges) tout en lisant…

Le livre est fait de 110 séquences courtes où le point de vue et le narrateur changent chaque fois. Effet kaléidoscopique. L’un des narrateurs est même la tumeur cancéreuse qui squatte le corps d’Antonin et qui décrit sa progression et les effets sur les facultés du personnage.

Efficacité poétique parce que les phrases sont très simples, parfois elliptiques ; la narration avance vite de péripétie en péripétie et cette sobriété met en évidence quelques « écarts de langue » qui prennent alors toute leur force, souvent tendre. De l’humour, de la légèreté aussi dans ce livre qui raconte la maladie. L’« efficace », dans le sens ancien,  après tout, c’est l’art de transformer en réalité.

L’apoptose, un très joli livre (9,5 Euros) édité au Cerisier, avec en couverture une peinture de Kathy Gorjàn,

La grande virologue Lise Thiry nous en parle :

Hugues Robaye







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