Un jeune homme né en 1920 : Jacques-Stéphane van Berchem
19062009Comme quoi, sur le net, on peut écrire et lire des inexactitudes ! Oui Jacques-Stéphane van Berchem est né en 1920 et a donc plus que 84 ans… La rectification tire peu à conséquence heureusement (sauf peut-être pour notre ami !). Cette rectification est comme une illustration du travail de découverte d’un fonds littéraire au jour le jour dans une institution dévouée au patrimoine littéraire (comme le musée de la littérature où a été déposé ce fonds d’archives). Je ne connaissais rien de « Pour nous et nos amis » avant la visite de Jacques-Stéphane van Berchem (un peu hasardeuse puisqu’il avait d’abord proposé la collection de revues à la bibliothèque de l’ULB qui ne s’était pas montrée intéressée). Et avant-hier, je me mettais à lire, au fil des 76 numéros, les contributions du correspondant belge, ses extraits de « lettres ferroviaires » (voir ci-dessous).
Et j’essayais de comprendre. Je rectifiais ma compréhension.
J’essayais de comprendre ce qui faisait le caractère émouvant de ce phénomène littéraire : les lettres et, plus largement, cette revue de qualité, sans prétention, tapée à la machine (dactylographiée), tirée à peu d’exemplaire, envoyée à des amis, déposée dans quelques bibliothèques (en Allemagne, aussi) au gré d’un réseau d’amitiés. Et j’ai trouvé, ce matin, un document, inséré négligemment dans l’un des numéros qui explique l’esprit de la revue. Il est de Janine Le Fauconnier (voir ci-dessous).
Et ces lettres dont j’essaie progressivement de cerner l’essence ? Familiarité, esprit, malice, variation des registres de langue, spontanéité, humour, complicité amicale : autant de traits qui caractérisent les « lettres ferroviaires » de JSVB. Curiosité minutieuse, goût de l’abandon, abandon à ces plages temporelles où le monde nous arrive avec ses flux auxquels nous nous attachons et prenons plaisir (comme quand par exemple JSVB décrit en détails une araignée qui tisse sa toile pour finir par considérer ce mystère : comment a-t-elle pu tendre ce fil porteur de plus de 2,40, d’une résistance qui supporte tout l’édifice ?). Je songe au milieu très particulier qui a nourri cette curiosité d’antan, un rien encyclopédique, et, en fait, rigoureuse : une grande famille ancienne, aristocratique, érudite… Et puis un élément de compréhension, une cause qui fait un peu dériver : savoir que ces lettres ont été écrites presque toujours dans un train, en traversant l’Europe… Singulier… Et ces moments savoureux d’observation gratuite nous parviennent par un autre hasard : par la volonté de la destinataire de ces lettres, Janine Le Fauconnier, d’en publier des fragments… L’exploration d’un fonds me rappelle toujours les propos de DH Lawrence sur l’exercice de la compréhension – propos qui imprègnent par ailleurs la démarche mayaque – le compréhension sensible qui procède par infinis paliers, où images, idées, impressions, intuitions en devenir, voire rêverie subliminale se mixent… Comment comprendre ?
Hugues Robaye
Un texte de Janine Le Fauconnier paru dans « 1, 2… 4 Auvergne » en novembre 1996.
Catégories : David Herbert Lawrence, Jacques-Stephane van Berchem, Janine Le Fauconnier, litterature