Дети Кыргызстана

27092013

Дети Кыргызстана dans Kirghizstan img_1366-150x112 img_1395-150x112 dans Tchinguiz Aïtmatov

img_1390-150x112 img_1388-112x150

Une des plus fortes impressions de ce premier contact avec le Kirghizstan, m’est venue des enfants: enfants des jailoo (alpages), écoliers des plaines. S’agissant des premiers, ce fut d’abord l’intensité de leur présence, l’aisance de leurs corps et de leurs gestes; pour les seconds, leur élégance fière: costume noir et blanc pour les garçons, souliers vernis,  et  pour les petites filles, coiffe blanche dans les cheveux. J’ai vu aussi une petite fille apprendre patiemment de sa grand-mère le travail de la laine; dans une yourte, un jeune garçon jouer de l’instrument traditionnel appelé komuz, et c’était comme si déjà la musique l’habitait.

L‘enfance a une place importante dans l’oeuvre de  l’écrivain kirghize Tchinguiz Aïtmatov. Ainsi, le personnage principal de son roman Il fut un blanc navire, qui se passe près du lac Issy Koul est un enfant, un enfant aux rêves blessés. Il y a aussi une petite fille dans sa nouvelle, que j’aime beaucoup,  intitulée La pomme rouge. Son père l’amène en excursion à la campagne, tandis que sa mère est partie vivre ailleurs. C’est l’automne, la végétation décline, il y a cependant encore quelques belles pommes rouges oubliées dans des vergers- tout cela est bien sûr métaphorique…Pendant l’excursion, l’enfant parvient à dessiner une lueur dans la relation assombrie de ses parents. Déjà au départ, en voiture avec son père, elle lui demande: Papa, tu peux aller moins vite?  Pas pour des raisons de sécurité routière, non, mais plutôt  pour l’inciter à disons une reprise existentielle, un retour sur soi,  qu’avec la découverte d’une belle pomme rouge elle parvient à lui faire opérer.

Si vous allez au Kirghizstan, donnez votre attention aux enfants!

Xavier Vanandruel

 




Actualité d’Aïtmatov

24042013

Actualité d'Aïtmatov dans Tchinguiz Aïtmatov 9785699497638-95x150

C’est Hugues et Ludmila Krasnova qui m’ont fait découvrir l’écrivain kirghize, mais avant tout soviétique, Tchinguiz Aïtmatov. Les romans d’Aïtmatov peuvent paraître aujourd’hui passés, comme on dit d’une étoffe qu’elle est passée, par le ton humaniste, parfois enflé, qu’ils adoptent en plus d’un endroit. Mais ce n’est pas cet aspect-là, même si je le respecte profondément, qui m’attire aujourd’hui chez lui. Non, ce qui m’attire intensément, c’est ceci. Aïtmatov excelle à mettre en résonance l’homme et la nature. Davantage encore, dans plusieurs de ses romans, et des plus grands, Aïtmatov met en résonance, avec un très grand talent, le destin d’êtres humains et le destin d’animaux. Ainsi il y a, aux toutes premières pages des Rêves de la louve, cette  scène extraordinaire, une des plus saisissantes que j’ai lues dans un roman, de la rencontre dans la steppe désertique entre la louve Akbara, qui protège ses petits, et un homme, dont on ignore encore le nom et pourquoi il erre à pied en cet endroit, qui, terrifié, « en perd momentanément la raison » et demeure prostré, ce qui empêche au dernier moment  la louve  de le saisir à la gorge.

Peut-être est-ce les études que suivit d’abord Aïtmatov, dans la section élevage d’un institut agronomique, qui ont favorisé chez lui cette faculté de parler des animaux, ou même de les laisser parler dans leur langage non verbal.

Peut-être alors  l’actualité d’Aïtmatov tient-elle en ceci. Si l’homme occidental, celui que René Descartes engageait à être maître et possesseur de la nature, rencontre désormais ses limites, en un épuisement de cette nature et jusqu’en un épuisement de son essence d’homme, peut-être alors convient-il aussi de changer notre vision et notre appréhension  de ces êtres qui pour Descartes n’étaient que des machines en mouvement, et pour beaucoup aujourd’hui de simples stocks de viande, mais représentent sans doute une part majeure  de notre humanité même.

A lire: Adieu Goulsary ( qui met en scène le cheval, compagnon d’une vie, d’un berger, récemment réédité aux Editions du Rocher), Il fut un blanc navire (où il y a une déchéance  à tuer pour sa viande un animal sacré, Editions Phébus ), Une journée plus longue qu’un siècle ( dont l’un des personnages est un chameau indomptable), Les rêves de la louve. Ces deux derniers livres sont épuisés, très recherchés en occasion, mais disponibles en bibliothèque publique, en tout cas à Bruxelles.

Xavier Vanandruel




Solitude en société: Michael Haneke, Tchinguiz Aïtmatov. La mort aujourd’hui

21112012

 

Solitude en société: Michael Haneke, Tchinguiz Aïtmatov. La mort aujourd'hui  dans Ludmila Krasnova amour-lui-copie-1-111x150 Amour de Michael  Haneke
images-150x130 dans Michael Haneke Tchinguiz Aïtmatov

Rarement un film me bouleverse. Ça m’est arrivé avec Amour de Michael Haneke. Par l’extrême solitude du couple dans le film, l’exténuation des rapports avec leur entourage, dont leur fille, au moment de la mort.

Je lisais justement ce jour-là le roman Une journée plus longue qu’un siècle de Tchinguiz Aïtmatov (voir l’évocation de  ce très grand écrivain par Ludmila Krasnova dans le MaYaK 4). Le fil conducteur du récit est la volonté d’un homme, habitant un village au bord du désert, d’enterrer selon les règles et l’honneur un de ses amis défunt. Certes il y a toujours chez Aïtmatov une tension  entre des destins individuels et un environnement social, qui peut être rigide ou oppressant. Mais de celui-ci, même s’il doit être corrigé, il n’imagine pas l’absence, tandis que la société que peint Haneke est en complet délitement. A cet égard, la place de cet événement fondamental qu’est la mort* est centrale. Je me souviens toujours de cette inscription peinte il y a quarante ans déjà sur une palissade de Louvain-la-Neuve, alors fraîchement bâtie: « Louvain-la-Neuve, ville sans cimetière, que fais-tu de tes morts? »

Dans le prochain MaYaK, un reportage sur un endroit d’art et de mémoire, près de Tournai, qui offre un lieu de dispersion des cendres (voir déjà le lien http://www.promethea-news.be/datas/Fours.pdf )

Et Hugues, à ton prochain retour au Burkina, peut-être pourrais-tu prêter attention aussi à la manière dont, là-bas, ils vivent encore la mort?  Peut-être en ce domaine également avons-nous aujourd’hui à apprendre d’eux.

Xavier Vanandruel

* pour Martin Heidegger, l’homme n’est-il pas l’«être-pour-la-mort» ?







SEA POSITIVO |
CFDT CARREFOUR BASSENS |
Point de vue d'un simple ci... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | mémoires
| Ecole de Saint-Rabier
| injustice