Après avoir regardé cette vidéo, j’ai eu vraiment envie d’écrire un petit texte sur l’économiste anglais Ernst Friedrich Schumacher (1911-1977).
Ce qui m’a laissé admiratif à la lecture (pas du tout récente et qui agira toujours en moi) de Small is Beautiful, de Good work et de sa biographie (écrite par sa fille), c’est… c’est beaucoup de choses… Quelques unes parmi bien d’autres :
Qu’il replace l’économie dans une vision globale de ce que devrait, pourrait être la vie ici-bas, l’épanouissement lié de l’homme et de la nature.
Qu’il recherche dans les économies traditionnelles comme celle de l’Inde des petits marchés, et surtout celle de Gandhi, des idées fondamentales pour penser et vivre notre rapport aux choses et à la production. Qu’il soit en cela un précurseur de la « simplicité volontaire ».
Qu’il fustige le critère économique – devenu presque absolu – de la rentabilité, expliquant que, bien évidemment, ce qui relève, par exemple, du « secteur culturel » ne peut et ne doit pas être rentable, mais qu’une société qui pour des questions d’argent qui se passerait de mises en forme par la culture, se passerait par la même occasion de sens et de finalités subtiles… La culture comme mise en forme suggestive de l’expérience humaine, pas la culture de salon : la culture pour mieux vivre, cela ne doit pas être rentable : c’est un service que le « créateur » rend à sa communauté, non ? Donc le critère de rentabilité ne doit pas appliqué à toute action ou entreprise humaines…
Son concept de technologie intermédiaire : concevoir des outils facilement réparables et dont la personne soit propriétaire, sans s’endetter à vie. Un exemple : les tracteurs qu’il avait conçu pour un pays d’Afrique, légers, n’écrasant pas les sols, d’une mécanique rudimentaire et costaude et ses ouvriers qui partaient en vacances en Afrique pour montrer le maniement et expliquer comment réparer la bête de somme d’acier mais aussi et surtout pour rencontrer l’autre et ses manières de vivre. Théorie mise en pratique dans son entreprise.
Schumacher éco(no)logiste, qui montrait combien la « croissance économique » était impossible à l’infini, une question de common sense bien évidemment, tout le monde comprend cela (et là je repense à l’article de Xavier où il évoque Orwell et sa confiance en la réflexion courante des gens, en le bon sens…). Tout le monde comprend cela et pourtant…
Schumacher, soucieux de la qualité du travail (Good work, what is it ?). Du bonheur de l’homme… Et de concevoir un temps de travail réduit, une ère de « loisirs » inventifs, vivifiants.
Schumacher avec son humour anglais (voyez cette séquence vidéo), fruit de convictions tranquilles se déployant dans l’action… « Nothing to loose, a lot to give », Fela Ransome Kuti… Of course…
Je repense à Bernard Lédéa Ouédraogo, le sociologue burkinabè formé à Paris mais qui vainquit, malgré cela, la famine au Yatenga (Burkina Faso).
La recherche-action pour intensifier les rayonnements endogènes.
Hugues Robaye
La vidéo et d’autres, peu de temps avant la disparition du divin économiste:
Schumacher répond aux questions