LE LOINTAIN DE PRES : UN IRAN DE JEUNES GRAPHISMES

19042014

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MaYaK/Phare Papier participe donc à l’organisation d’un mois iranien à Tournai, centré sur une exposition : 65 affiches de graphistes jeunes (et quelques-uns moins jeunes) qui illustrent la vie culturelle d’aujourd’hui dans ce grand pays méconnu. MaYaK/Phare Papier a conçu le catalogue. Non, le livre-catalogue! Car on peut considérer cette publication comme un MaYaK hors-série, vivant de l’intérieur, avec gravité, curiosité et humour.

 Un texte continu accompagne ces 65 images et forme une mosaïque de petits tableaux sur la vie des Iraniens. Par ailleurs, 20 affiches d’étudiants en graphisme de l’Académie des Beaux-Arts de Tournai entrent en dialogue avec ce lointain vu de plus près. Un Iran de jeunes graphismes pour dire qu’à partir de ces images naît un Iran, pas l‘Iran car un pays, une population sont tellement multiples. J’ai préféré « graphismes » à « graphistes » pour insister sur le côté impersonnel ou supra-personnel d’une création qui déborde toujours l’individu, sur le trait ou le geste du dessinateur qui, en Iran, est presque toujours calligraphe; sur la magie et la puissance incontrôlables des images qui font sentir, percevoir, connaître d’une manière si justement irrationnelle…

 Au fond, ce livre conçu en amitié avec Autour du Feu, l’atelier galerie de l’architecte et céramiste Faezeh Afchary-Kord, nous aimerions qu’il participe modestement au « rapprochement des peuples » (ça fait sourire), des sociétés civiles souvent oubliées par les sacro-saintes « actualités » et occultées par différents pouvoirs qui les utilisent plus qu’ils ne les servent.

 Entourés de ces 85 belles images vivantes, nous pourrons écouter de la musique, de la poésie, une conférence sur l’architecture… Voir le programme ci-joint ! Et puis, de retour de Cannes, le grand cinéaste Abbas Kiarostami passera deux jours à Tournai.

 Hugues Robaye

 

 




Affectivité mayaque

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Il y a une affectivité mayaque. Une manière de se laisser toucher, émouvoir par l’autre, par tout ce qui n’est pas notre corps dans ses limites floues et ses extensions infinies. L’affect, comme l’action des lumières qui touchent les papiers photographiques et l’âme du maître photographe qui intervient… Dans la démarche mayaque, dans l’enquête mayaque, dans l’organisation mayaque, cette affectivité est au cœur ; il s’agit d’une certaine relation au « savoir », prudente (dans le sens aristotélicien de la prudence qui fait que la personne est attentive aux différences et se conforme à elles pour approcher avec délicatesse l’autre) ; comment en effet approcher l’autre pour le sentir, le percevoir, effleurer ses silhouettes, fixer un moment – illusoirement – ce qu’on a perçu de lui, en une expression artistique, un texte, une image, etc. ? Une affectivité mayaque, une sensibilité à la fragilité des phénomènes, une bienveillance eu égard à cette mortalité que porte chaque chose en elle. Je reste imprégné par la manière dont les Grecs appelaient les hommes « des mortels » tout comme par cette prise en considération fondamentale par le philosophe Heidegger de l’être à la mort…  Phénomène : cet autre qui apparaît, que nous ne connaîtrons jamais mais en compagnie duquel nous aménageons une rencontre, un croisement éphémère. Toujours dans un hors-cadre. Sans formalisme, en essayant d’écarter les formalismes. Toujours nus. Toujours dans la vie, un savoir vital, généreux, gratuit, dans l’humour et l’amour. Écarter la peur (méditation tantrique continue, imperceptible), faire en sorte que la peur n’apparaisse même pas ; être rayonnant, être « aristocrate du soleil » (DH Lawrence) car la rencontre de l’autre devrait y porter. Être accueillant, hospitalier, amical. Dans un échange naturel d’énergies qui se partagent (taoïsme).

Sans doute les circonstances me font penser à cela : la semaine prochaine, arrive en Belgique celui qui m’a confié les archives de sa mère spirituelle, Annie Van de Wiele. Je me souviens de ce voyage à Miradoux, dans le Gers, cette « Toscane française » où s’intégraient mes pensées du moment. De Charles Oliver Cooper qui me détaillait précisément le contenu de ces caisses d’archives qu’il m’avait préparées avec soin. Archive est un mot poussiéreux qui pourtant contient tout une vie intime accessible à peu. Je remontais en Belgique et j’explorais ces documents d’où émanait une vie audacieuse qui se formaient, en ce temps d’études, devant mes yeux, la vie de la première femme à avoir fait le tour du monde en bateau, puis à avoir réalisé – avec « son capitaine » – des rêves (hors cadre) ; cette vie, une sorte de modèle, dans le sens où elle questionnait et questionne(ra) les nôtres ; un point de repère suggestif. Là, c’était dans le cadre de mon travail rémunéré que cette affectivité mayaque se faisait sentir, débordant ce cadre. Il s’agissait pour moi de recomposer la vie d’une femme que je n’avais pas connue et qui devenait une amie posthume. Je devenais un gardien de sa vitalité qui survivait à la mort, me nourrissant de ce qu’Annie avait laissé, exprimé de sa vie…  

Autre circonstance englobante, le vernissage du « Lointain de Près : un Iran de jeunes graphismes » au terme de ces semaines de recherches sur les cultures perso-iraniennes, en dialogue avec Faezeh Afchary-Kord et un réseau de liens qui s’est amplifié jour après jour. Ces jours en pleine affectivité/sensibilité mayaques, où je mettais en page un catalogue livre qui jour après jour enregistrait des trouvailles visant à faire sentir ce lointain : la société civile iranienne. Le grand mage John Cowper Powys, conférencier survolté, se disait un « charlatan de la culture », de ces hommes qui vantent avec un enthousiasme communicatif des potions qui font mieux vivre, et lui, ses potions, c’était Homère, Héraclite, Thomas Hardy… qu’il incarnait dans sa parole et son corps animé, gesticulant, possédé, hors cadre académique… Je garde ce modèle précieusement. Au fond, ce travail dans la gratuité et l’amitié conjuguées est sans doute le plus important. Des soutiens, des sympathies viennent d’un peu partout et c’est comme si on inventait en contact avec toutes ces matières – que ce soit les récits de vie d’Annie ou cette récolte et composition de détails vivants qui forment au bout du livre un Iran –, c’est comme si on avait la puissance (DH Lawrence) d’inventer un monde où l’échange avec l’autre se fasse dans la tranquillité, la bienveillance, la lenteur, la surprise, l’étonnement, l’amitié, la pensée des différences et des complémentarités, dans un jardin éternel.

Hugues Robaye




Jacques Vilet

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Jacques Vilet est cette personne tranquille qui a arrimé à un trépied une chambre obscure, n’était un petit oeil-de-boeuf pour laisser entrer la lumière; un assemblage qu’il porte sur l’épaule. On le voit ainsi sur la couverture du dernier numéro de la revue MaYAK, traversant lentement une prairie de La Potterée, sans souci qu’il intrigue les vaches, qui, du coup, se sont arrêtées de brouter. C’est le même Jacques Vilet qui expose pour le moment à la galerie Albert Dumont, en résonance avec Jacques Calonne, membre de Cobra.
Lenteur: c’est le mot que j’associerais à Jacques Vilet, et je dirais que ses photos sont celles d’un lent étonnement devant la nature. Un étonnement dont Aristote écrit qu’il est à l’origine de la philosophie (il est difficile aujourd’hui d’imaginer un étonnement sans excitation, mais Jacques Vilet, lui, le possède très bien). Des clichés sans vain éclat, donc, mais d’une grande profondeur si on prend le temps de les contempler.

Xavier Vanandruel

Exposition « Par feuillages divers » jusqu’au 16 février à la galerie Albert Dumont, 43 rue Léon Lepage à 1000 Bruxelles




Le récit de la servante Zerline

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Zerline

Vu samedi passé Le récit de la servante Zerline pour la seconde fois, aux Martyrs, avec Jacqueline Bir (la première fois, c’était en 1987 au National je crois, avec Jeanne Moreau). Bien sûr j’ai à nouveau été transporté par le texte, extrait du roman Les irresponsables d’Hermann Broch.
Kundera rend justice à Broch dans son essai « L’art du roman », voyant chez lui « peut-être le moins connu de tous les grands romanciers du 20e siècle ». L’injustice est qu’aujourd’hui Broch est toujours peu connu, hélas bien moins que Kundera par exemple.
Pour moi je n’aurais peut-être pas fait d’études de philo si je n’avais pas lu sa trilogie Les somnambules, et je préserve toute mon admiration pour un écrivain et un penseur extraordinaire.
Mais pour qui aime tout simplement le théâtre, l’interprétation intensément habitée de Jacqueline Bir vaut déjà qu’on aille voir la pièce.

Jusqu’au 25 janvier au théâtre des Martyrs

photo de Zvonock.




Espaces temps mayaques 2013/2014

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La revue-livre MaYaK est au centre d’un travail inter-associatif et profondément amical et les mois qui viennent l’attestent vraiment : la semaine prochaine, concert à La Fenêtre, salle associative de Tournai, avec Bert Cools, Steve Houben, Arne Van Dongen, Fred Wilbo. Musique inédite (« Mood Music ») & réflexions sur la place de la musique dans la société, sur l’efficacité, les effets de ces ondes qui nous touchen, nous transforment, nous inspirent, nous nourrissent, installent en nous de nouveaux rythmes, de nouvelles harmonies dont notre corps jouit par la suite comme de nouvelles possibilités d’être…

Le 21 décembre 2013, rencontre à Quartiers Latins, place des Martyrs, à Bruxelles autour du périple pédestre de Xavier Vanandruel en Arménie (Une traversée de l’Arménie à pied, Phare Papier). Avec Laurence Mekhitarian (chant) et Benoit Dassy (duduk) : chant et sonorités arméniennes…

En janvier/février 2014, travail inter-associatif avec « Kogl Taaba » & « Caméra&co », au Burkina Faso : des échanges autour de l’agriculture familiale, de la richesse des terroirs, de l’autonomie des régions rurales, expo, film…

En mai 2014 : échange avec « Autour du Feu », l’association de Faezeh Afchary, architecte et céramiste iranienne : nous l’assistons dans l’organisation un « mois iranien » à Tournai, avec expo de jeunes graphistes de là-bas, work-shops de deux professeurs venus de Téhéran, rétrospective Abbas Kiarostami, en présence du réalisateur qui parraine cette manifestation. Concert et rencontres autour de l’architecture et de la poésie persanes/iraniennes. Montrer autrement ce pays, ces cultures que l’on résume trop à l’arme atomique et à la république islamiste… MaYaK s’occupera du catalogue-livre de l’expo qui révèlera plus de 40  jeunes graphistes montrant des événements de la vie culturelle en Iran.

Un document pour reprendre tout cela :

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Et une bonne nouvelle de plus : l’entrée au concert est à 12/10/8 euros! Mais réservez au plus vite!




Un chemin pour s’évader

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 Un chemin pour s'évader dans Frédéric Dambreville img_1445-112x150     img_1447-112x150 dans Quartiers Latins

 

Un chemin pour s’évader  Peintures,dessins, gravures de Frédéric Dambreville, exposition à la librairie Quartiers latins, place des Martyrs, Bruxelles

J’ai beaucoup aimé les tableaux qu’expose Frédéric, et je crois que c’est aussi le cas des autres visiteurs de cette précieuse librairie bruxelloise. S’évader, mais de quoi? me suis-je demandé. Peut-être du simulacre de liberté que nous vante la société de l’universelle marchandise. Peut-être plus fondamentalement de l’inquiétude propre à  notre condition humaine, au temps, au terme. In-quiétude et s’é-vader n’ont-ils pas des significations premières proches, celles d’un mouvement, ici de l’âme?  Chez Frédéric ce mouvement dessine un monde  végétal, vigoureux par aspects mais souvent aussi  avec des inflexions, une lueur, un détail qui nous ramènent à ce qui m’apparaît comme une tendresse humaine, ou une branche où se poser.

A voir jusqu’au 31 octobre

Xavier Vanandruel




Дети Кыргызстана

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Дети Кыргызстана dans Kirghizstan img_1366-150x112 img_1395-150x112 dans Tchinguiz Aïtmatov

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Une des plus fortes impressions de ce premier contact avec le Kirghizstan, m’est venue des enfants: enfants des jailoo (alpages), écoliers des plaines. S’agissant des premiers, ce fut d’abord l’intensité de leur présence, l’aisance de leurs corps et de leurs gestes; pour les seconds, leur élégance fière: costume noir et blanc pour les garçons, souliers vernis,  et  pour les petites filles, coiffe blanche dans les cheveux. J’ai vu aussi une petite fille apprendre patiemment de sa grand-mère le travail de la laine; dans une yourte, un jeune garçon jouer de l’instrument traditionnel appelé komuz, et c’était comme si déjà la musique l’habitait.

L‘enfance a une place importante dans l’oeuvre de  l’écrivain kirghize Tchinguiz Aïtmatov. Ainsi, le personnage principal de son roman Il fut un blanc navire, qui se passe près du lac Issy Koul est un enfant, un enfant aux rêves blessés. Il y a aussi une petite fille dans sa nouvelle, que j’aime beaucoup,  intitulée La pomme rouge. Son père l’amène en excursion à la campagne, tandis que sa mère est partie vivre ailleurs. C’est l’automne, la végétation décline, il y a cependant encore quelques belles pommes rouges oubliées dans des vergers- tout cela est bien sûr métaphorique…Pendant l’excursion, l’enfant parvient à dessiner une lueur dans la relation assombrie de ses parents. Déjà au départ, en voiture avec son père, elle lui demande: Papa, tu peux aller moins vite?  Pas pour des raisons de sécurité routière, non, mais plutôt  pour l’inciter à disons une reprise existentielle, un retour sur soi,  qu’avec la découverte d’une belle pomme rouge elle parvient à lui faire opérer.

Si vous allez au Kirghizstan, donnez votre attention aux enfants!

Xavier Vanandruel

 




Turbulences

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Turbulences dans architecture/urbanisme img_1309-150x112        img_1319-150x112 dans arts      

 

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Jusqu’à dimanche encore pour voir l’extraordinaire exposition Turbulences II à la villa Empain, avenue Franklin Roosevelt 67 à Bruxelles. L’exposition m’a paru parfaitement adaptée au lieu. Elle aurait pu, je trouve, s’appeler Caresses mécaniques, en ce que, pour l’essentiel, elle met en scène des animations fluides de lignes ou d’objets, mais qui ne sauraient caresser aucun être humain: un grand anneau de ruban magnétique suspendu dans l’air par une habile soufflerie, des bâtonnets ou des anneaux mobiles, très très légers, qu’on ne saurait toucher; ou encore  une vidéo où l’on voit une femme sous une douche: l’eau ne la caresse pas, la ferait plutôt grimacer, ou fait ressortir encore plus ses côtes douloureuses.

Une exposition qui reflète vraiment une part de l’esprit de notre époque

Xavier Vanandruel

 

http://www.villaempain.com/




L’ange de Barlach

17082013

L'ange de Barlach dans Elisabeth de Fontenay ange-de-barlach-92x150

Dans son roman autobiographique  Amour et ordures, l’écrivain tchèque Ivan Klima ( cf l’évocation et l’interview de Klima dans le MaYak 6) évoque l’ange de Barlach, qu’avec son amante il voit dans la cathédrale de Güstrow, en Mecklembourg- Poméranie. Plus tard encore, quand celle-ci désespère de ce qu’elle croit être alors la vanité de son métier de sculpteur, il lui rappelle cet ange.

J’ai vu avec Sabine à Guströw l’ange qu’a sculpté Ernst Barlach. Nous étions émus. Aussi sans doute parce que pour le visage de l’ange, Barlach s’est inspiré de celui sa consoeur et amie Käthe Kollwitz, et que de celle-ci nous avions déjà été touchés plus d’une fois par les oeuvres: aux musées qui lui sont consacrés à Berlin, ou en Flandre à Koekelaere, ou, en Flandre encore, au cimetière de Vladslo. Et peut-être aussi à cause des anges du film Der Himmel über Berlin (Les ailes du désir) de Wim Wenders.

Comme Klima le rappelle, l’ange de Barlach fut retiré à la fin des années 30 parce que contraire aux valeurs du national-socialisme. Sans doute après fut-il fondu pour fabriquer des munitions et c’est un autre exemplaire, caché et sauvegardé, qui fut replacé après la guerre dans la cathédrale. Celle-ci contenait aussi  lors de notre passage des panneaux rappelant la persécution des Juifs, avec cette question lancinante: est-ce que vraiment les habitants de Güstrow pouvaient prétendre qu’ils ignoraient le sort de leurs concitoyens juifs? Déjà dans la cathédrale de Rostock avions-nous pu voir une exposition d’hommage  aux réfractaires et déserteurs de l’armée nazie, en grande partie fusillés. Je dois dire que cette volonté persistante de repentir des Allemands (ou plutôt d’une part de ceux-ci) force mon admiration. Les Turcs aujourd’hui se grandiraient à suivre cet exemple.

Guströw se trouve sur la piste cyclable Berlin-Copenhague. Nous avons un peu emprunté cette piste, lors d’une balade à vélo d’une semaine en Mecklembourg-Poméranie, aussi le long de la Baltique. Beaucoup de pistes pour les vélos, le long de la mer ou le long de champs peu pulvérisés, où fleurissent les coquelicots et les bleuets. De grands bois jusqu’au rivage même de la Baltique, des petites villes calmes dans cette région la moins peuplée d’Allemagne, moins encore avec l’exode dû au manque de travail, peu de circulation ou d’agression publicitaire, des soirées de douceur et de silence sur les places aux vieilles façades à pignon.

Le contraste est d’autant plus grand alors quand au retour on se retrouve, pris au dépourvu, dans un hôtel d’affaires de la partie ouest du pays. En particulier le petit déjeuner est tellement copieux, ou plutôt débordant,avec une telle débauche de cochonnailles de toutes sortes, que ne sauraient neutraliser les fruits découpés et aseptisés, que c’en devient obscène. Dans son ouvrage Le silence des bêtes, la philosophe française Elisabeth de Fontenay, associe, avec prudence mais détermination, l’abattage industriel des animaux à l’Holocauste  (elle le peut bien, elle dont la famille de la mère a pour une grande partie péri à Auschwitz). Peut-être les Allemands n’achèveront-ils leur conversion que lorsqu’ils auront regardé en face leur mise à mort industrielle des animaux d’élevage.

De retour chez moi, un voisin italien, fonctionnaire à la Commission européenne, m’entendant évoquer ce voyage cycliste, demande avec ironie: la Poméranie, est-ce possible qu’on trouve le soleil là-bas? Je mets un peu de temps à comprendre le schéma de pensée : partir en voyage=partir en vacances=partir à la recherche du soleil <-> Poméranie???  Je réponds platement: nous avons eu de la chance, il a fait beau tout le temps. Mais il s’est déjà écarté.

 

Xavier Vanandruel

Outre l’ange de la cathédrale, on peut aussi visiter à Güstrow l’atelier de Barlach et toute proche  une salle d’exposition consacrée à ses oeuvres.

Le  musée Käthe Kollwitz à Berlin est situé Fasanenstrasse. 24 dans le quartier de Charlottenburg

La tour-musée  Käthe Kollwitz à Koekelaere est fermée pour rénovation jusque début 2014; on a toujours accès au cimetière proche de Vladslo où se trouve la sculpture des « parents en deuil« 

 




Dîner à regret dans un ciel persan, bleu mais communiste/féministe

30062013

Dîner à regret dans un ciel persan, bleu mais communiste/féministe dans Azar Nafisi iran-225x300

La veille des élections en Iran, juin 2013.

Sur son cheval de pierre, Albert regarde tristement Élisabeth. Le boulevard de l’Empereur les sépare depuis longtemps. Le roi a revêtu son casque de pierre car il sent la menace, une plate-forme à 50 mètres au-dessus de lui. Sagace, il se dit : cible parfaite pour tous les –ismes terroristes. Le roi chevalier regarde la reine artiste qui, elle, sourit : à ses pieds, un cercle de femmes animées et dansantes devant un léger kiosque de toile. C’est bientôt la foire du Midi se dit Albert mais c’est encore et toujours la foire des nantis : là-haut, sur la plate-forme de fer, 20 hommes et femmes mangent, harnachés à des fauteuils d’auto-scooter. C’est tendance. Un nouveau concept. Le roi Albert se rappelle qu’il fut sans terre, acculé à la mer, quand il regarde à ses pieds le Mont des Arts loué au plus offrant. Son cheval de pierre est figé devant le fleuve de chevaux vapeur métalliques. Il voudrait traverser. La reine des arts lui sourit, en face. Le roi chevalier pense aux lettres persanes en lisant les slogans sur le calicot qui flotte au vent, au pied de sa reine : « Le vote des femmes : pour renverser le régime de la République islamique en Iran ! Le choix des femmes : Un monde sans oppression et exploitation ! ». La reine musicienne de pierre sourit en considérant le porte-voix en triangle dont l’un des côtés, prolongé, atteint la plate-forme qui menace son roi chevalier. La voix qui sort : « Nous méritons une société où les gens auraient le droit de vivre dans la dignité, auraient le droit de manger, de travailler, et à une meilleure santé physique et morale ; où les gens auraient le droit d’être heureux ; où personne n’aurait faim… » Le roi de pierre figé comme un symbole regarde sa reine. La voix de la femme iranienne couvre le bruit des couverts, des couteaux qui menacent le roi sans terre.

Je marche sur le trottoir du boulevard de l’empereur, entre un roi et une reine de pierre, des voitures, des touristes, une manifestation joliment chorégraphiée à ma gauche : des femmes iraniennes et « dinner in the sky » en haut à ma droite… Je pense aux casseurs de pub, je me demande pourquoi la ville m’inflige le spectacle de ces managers tandis que des femmes iraniennes sans voiles protestent contre la République islamiste et contre un certain état du monde que nous partageons avec elles. Une activiste lit un discours en anglais au porte-voix et les ondulations de sa voix atteignent la plate-forme des riches. Les touristes photographient la grue et le resto suspendu. Une femme souriante s’approche de moi, me salue avec courtoisie et me tend un tract ; je lui souris à mon tour, prends cette feuille et la plie soigneusement en quatre.

Une de mes actualités à moi, c’est de travailler, à un « mois iranien » en mai 2014. Pour me préparer, je suis occupé à lire une femme écrivain iranienne, Azar Nafisi. Aujourd’hui, sur mon chemin, l’Iran féministe et communiste me fait signe. Surprenant : la ville loue cet espace très symbolique, une partie du « Mont des Arts », à une société privée et en même temps concède un espace à un groupuscule révolutionnaire qui dérange le locataire… Je m’interroge. Je pense à Freddy Thielemans sympathique zwanzeur, peintre, bourgmestre de Bruxelles. Y a-t-il derrière tout cela son sourire malicieux ?

Hugues Robaye







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