Roms de Roumanie et de Lille, Myriam Dib
7062009
À la « Peña de los Flamencos » (cours de danse flamenco à Lille ; à voir, surtout le 28 juin où ce sera la fête…) était montré samedi 6 juin, le travail de Myriam Dib (un exemple ci-dessus, d’une image en mouvement et en superposition) sur les Roms qui ont campé aux abords de Lille, récemment. Occasionnant quelques remous…
L’artiste a fait beaucoup de monotypes sur les tziganes qu’elle a rencontrés plusieurs fois (et l’un de ces monotypes est en double page du MaYaK 4, presque prêt…). Le monotype de Dib, avec son tracé expressionniste, fonctionne vraiment bien pour rendre les expressivités de ces visages très charnels qu’ont certains Tziganes. Oui, le mot « charnel » cloche un peu… Une expressivité souvent brute, non cultivée, qui nous interroge, nous qui avons l’habitude des poses de tous genres que les merveilleux mannequins nous suggèrent avec connerie (le mot est peut-être un peu fort).
Je me souviens d’un ami Roman Harvan, violoncelliste dans l’orchestre symphonique de Zilina (Slovaquie), qui avait honte de ses congénères tziganes, bruyants, voleurs, racistes… Et Roman est un merveilleux musicien classique, contemporain, voire pop et dessinateur de talent.
Je me souviens d’une amie slovaque, Barbora, de qui le père écrivain voulait racheter, dans son village d’enfance, une chalupa (maison sans étage) en terre crue. Elle avait été donnée par le régime communiste à une famille tzigane qui utilisait le puits d’eau de source comme latrines. Que penser ?
Cette chaire d’études tziganes à l’université de Banská Bistrica (Slovaquie) qui rappelait, notamment, tout le précieux artisanat et savoir-faire tzigane.
Je me souviens d’une ktšma (bistro) à Terchová (Slovaquie), où après le festival de musique folklorique, trois musiciens jouaient librement devant Lenka et moi (et nos bières brunes). Quelle réjouissance dans un présent que…
Je me souviens d’un soir dans une osadla (établissement), un de ces villages de montagne pour les pâtres, où un homme d’origine tzigane, qui venait de récupérer son accordéon réparé par l’artisan du coin, jouait avec le violoniste du même orchestre que Roman. Oui dans l’air du soir, dans cet hameau de maisons de bois, sur les gradins de culture, creusés dans cette moyenne montagne des Fatry, jadis… Que penser ? Comment former son jugement, de jour en jour ? Mouvant, difficile…
Myriam est allée plusieurs fois à la rencontre de ces roms roumains. Un travail de monotypes donc mais aussi des montages avec photos et une orientation vers l’animation. Un travail suggestif qui donne à penser. À suivre…
Chez Myriam Dib, la pratique artistique, c’est tenter l’intégrité…
Hugues Robaye
Catégories : arts graphiques, Myriam Dib, Tziganes