Espaces temps mayaques 2013/2014

8122013

La revue-livre MaYaK est au centre d’un travail inter-associatif et profondément amical et les mois qui viennent l’attestent vraiment : la semaine prochaine, concert à La Fenêtre, salle associative de Tournai, avec Bert Cools, Steve Houben, Arne Van Dongen, Fred Wilbo. Musique inédite (« Mood Music ») & réflexions sur la place de la musique dans la société, sur l’efficacité, les effets de ces ondes qui nous touchen, nous transforment, nous inspirent, nous nourrissent, installent en nous de nouveaux rythmes, de nouvelles harmonies dont notre corps jouit par la suite comme de nouvelles possibilités d’être…

Le 21 décembre 2013, rencontre à Quartiers Latins, place des Martyrs, à Bruxelles autour du périple pédestre de Xavier Vanandruel en Arménie (Une traversée de l’Arménie à pied, Phare Papier). Avec Laurence Mekhitarian (chant) et Benoit Dassy (duduk) : chant et sonorités arméniennes…

En janvier/février 2014, travail inter-associatif avec « Kogl Taaba » & « Caméra&co », au Burkina Faso : des échanges autour de l’agriculture familiale, de la richesse des terroirs, de l’autonomie des régions rurales, expo, film…

En mai 2014 : échange avec « Autour du Feu », l’association de Faezeh Afchary, architecte et céramiste iranienne : nous l’assistons dans l’organisation un « mois iranien » à Tournai, avec expo de jeunes graphistes de là-bas, work-shops de deux professeurs venus de Téhéran, rétrospective Abbas Kiarostami, en présence du réalisateur qui parraine cette manifestation. Concert et rencontres autour de l’architecture et de la poésie persanes/iraniennes. Montrer autrement ce pays, ces cultures que l’on résume trop à l’arme atomique et à la république islamiste… MaYaK s’occupera du catalogue-livre de l’expo qui révèlera plus de 40  jeunes graphistes montrant des événements de la vie culturelle en Iran.

Un document pour reprendre tout cela :

esp temps blog

 

 

 

 

 

 

Et une bonne nouvelle de plus : l’entrée au concert est à 12/10/8 euros! Mais réservez au plus vite!




Venez vivre le printemps mayaque (le 21 mars, 20h05, Maison du Livre, rue de Rome, Saint-Gilles, Bruxelles)

16032013

Venez vivre le printemps mayaque (le 21 mars, 20h05, Maison du Livre, rue de Rome, Saint-Gilles, Bruxelles) dans Afrique arriere-pays_72-300x230 Siège mayaque par Muriel Logist

Rencontres autour du MaYaK 6 et du MaYaK7 en préparation
« Dons, gratuités, échanges » ainsi que des projets en cours, et il y en a…

mais nous serons brefs et rythmés !

MaYaK est la revue livre annuelle de GE !, l’association Groupe Esthéthique !

Son projet ?

Rassembler des savoirs en général cloisonnés : arts, sciences, sciences humaines, artisanats, travail social, travail de la terre… ; travailler la communication de ces savoirs ; varier les formes d’expression : essai, fiction, poésie, entretien.
Et fournir des témoignages d’expériences vécues… Tout cela à travers un travail d’édition (Phare Papier – 12 titres), des expos, un label de musique (Muzifar records), de film (télémayaque), un blog et un département burkinabè (Burkimayak).

Intervenants :
Gaëlle Faïk (Belgique-Congo), psychologue et musicothérapeute ;
Isaia Iannaccone (Italie), chimiste, sinologue et romancier ;
Jean-Claude Kangomba (Congo), écrivain et historien des Afriques ;
Sébastien Verleene (France), architecte ;
Xavier Vanandruel (Belgique), mathématicien, philosophe et écrivain (qui présentera son récit de voyage en Arménie, dernière publication de Phare Papier).

Images :
projection de Villages en savane, court-métrage réalisé en février dernier au Burkina Faso, avec douze élèves d’une école secondaire et l’association ouagalaise « Caméra & co ».

Musiques :
avec le chanteur Madi Niekiema (Burkina Faso), le percussionniste Niambé Hervé Badiel (Burkina Faso),  le joueur de duduk, Benoît Dassy (Belgique). Et un extrait de Room music, le CD accompagnant le MaYaK6, dans son nouvel arrangement pour quatuor.

Lectures :
par Vincent Radermecker, Conservatoire de Bruxelles.

Et le bar…

Renseignements complémentaires:
sur Facebook : « hugues chef mayaque »

dominos-armeniens-72-300x225 dans Arménie salutations-aux-anciens-72-300x220 dans Arne Van Dongen

equilibriste-72-300x201 dans autoconstructionDominos arméniens, salutations aux Anciens, équilibres planétaires et mayaques… Xavier Vanandruel, Ramata Nafissatou Ouédraogo, Nathalie de Vooght




Bergers d’une terre rouge, par Xavier Vanandruel (Phare Papier 2012…)

29122012

Bergers d'une terre rouge, par Xavier Vanandruel (Phare Papier 2012...) dans Arménie xavier-armenie-2-blog-21-9-2010-300x224 Le 21 septembre 2010, monastère de Khor Virap et Mont Ararat

Je me souviens de son retour à Bruxelles, dans sa commune verte, Boitsfort. Il lui a fallu des semaines pour se remettre de ce voyage en solitaire : à pied de monastère en monastère, dans ce lointain, l’Arménie, qu’il avait apprivoisé(e) ici par des rencontres, des livres, et des cartes. Retrouver Bruxelles après ces semaines de simplicité merveilleuse et athlétique ne fut pas facile, même si Xavier vit dans une des dernières fermettes de Boitsfort, tournée vers le jardin en pente dont un tiers est laissé au potager ; le reste planté de fruitiers… Ce qui l’a sauvé de la mélancolie, peut-être, c’est l’écriture au jour le jour, et les recherches qu’il a faites pour densifier son expérience…

Xavier Vanandruel m’a demandé de relire le texte avant son impression. Il m’a fort ému et Xavier me demandait d’écrire un texte de 4, dont voici un extrait : Xavier Vanandruel voyage de préférence à pied et en solitaire. Chemine autant en lui que dans les paysages et leur histoire, dialoguant avec les traditions, les habitants, le présent palpitant ; la nature, la culture… Ce cheminement voulu dépouillé (le strict nécessaire dans son sac à dos) l’ouvre à une méditation continue, émouvante et ténue sur le destin des hommes, aujourd’hui. L’Arménie lui prodigue son hospitalité et sa spiritualité millénaires, richesses et vertus inestimables, qu’il exprime dans une langue discrètement somptueuse.

Et une carte de visite : Né en Belgique, à Ypres, en 1953, Xavier Vanandruel, mathématicien, philosophe et musicien est l’auteur d’un autre récit de voyage, À pied vers la Mer Noire (2007) et d’un roman, Le temps comme un présent (2009) qui mêle à une fiction des questionnements scientifiques. Il est le rédacteur en chef de la revue-livre MaYaK.

Saluons aussi le très beau travail de mise en page et de conception de la dessinatrice et graphiste, Julie Fouret.

 Xavier Vanandruel, Bergers d’une terre rouge : Une traversée de l’Arménie à pied, Potterée, Phare Papier (Histoires mayaques), 2012. Photos de XV et dessins de Julie Fouret.

15 euros, chez Tropismes ou Quartiers Latins (Bruxelles) ou sur commande : info@mayak.be

HR 

Un entretien avec Xavier dans l’émission de Radio Une « Le Monde est un Village » (Didier Mélon) sera programmé en janvier.

xavier-blog-1-6-10-2010-blog-150x112 dans connaitre le monde Dominos, le 6 octobre 2010




Soirée mayaque, 2, 100 Papiers

16122012

Soirée mayaque, 2, 100 Papiers dans Alice Bossut equilibriste-blog-300x200équilibristes et mondes, NATHALIE de VOOGHT, 2010.

Cela fait déjà un petit temps que je me dis que je dois écrire quelque chose à ce sujet. Mais cela ne sort pas vraiment… C’est au sujet de la présentation mayaque à 100 papiers, mais je crois que cela déborde bien de cela et touche à autre chose.

On m’avait plusieurs fois parlé de cette jeune librairie. Et j’ai téléphoné un après-midi pour proposer une rencontre mayaque. Un oui direct. Consultez le programme et vous pouvez prendre une date. Ce lieu est à vous, est-il écrit sur le site de la librairie… Il restait la date de la Saint-Nicolas, pas facile. Et puis à composer une soirée. Isaia Iannaccone, Sébastien Verleene, Maximilien Atangana ont répondu directement oui. Max pour une performance bénévole, « pour MaYaK ». J’invitais Madi Niekiema qui me proposait un peu plus tard de venir avec son n’goni (une sorte de luth de l’Afrique de l’Ouest)… J’invitais Jean-Pierre Dusoulier que j’avais failli rencontrer à l’époque du cabanon Paul André (toujours d’actualité), lui qui avait été un de ses grands amis. J’échangeais avec Jean-Pierre un peu accidentellement par les bonnes grâces de facebook et je me rendais compte que son engagement de toujours dans les campagnes et les villes en transition s’accordait à merveille avec le projet burkinabè de recherche-action autour de l’animation de villages et du développement endogène. Jean-Pierre allait venir et me proposait, lui qui est conteur et chanteur, d’apporter sa voix, sa contribution de lecteur à la soirée… Alors je commençais à imaginer une espèce de scénographie. Une suite de matières, des répons de musiciens et de lecteurs, placés parmi le public. Avec Xavier qui comme moi s’ennuie aux présentations littéraires, on se disait, il ne faut pas faire trop long, pas emmerder les gens… Les choses se mettaient spontanément en place, sans difficulté. La structure s’enrichissait de jour en jour, la structure dynamique de ce temps d’une soirée où un échange se ferait. Je pense toujours aux équilibristes que Nathalie de Vooght a dessinés il y a quelques temps pour MaYaK (toujours d’actualité). C’était une commande et Nathalie y avait répondu avec ce plaisir gratuit que les Mayaques partagent avec les enfants. Ces équilibres fragiles, ces projets de société où la générosité est au fondement.

Je repense à Madi Niekiema, le musicien qui veut d’abord développer une forme d’auto-suffisance un peu rémunératrice, chez lui au Burkina, pour jouir de son art de musicien sans dépendre de personne… On en parlait ce vendredi, avec le comédien danseur poète Maxime Guidot-Dejoux et lui. D’un jour à l’autre, des foyers d’énergie qui font croire à ces sociétés possibles ( ?) qui sont dans la devise de MaYaK. Ce texte est désordonné. Pas grave, ça arrive. Il essaie de faire sentir cette « puissance », au sens lawrencien du terme que j’ai ressentie chez ces personnes à la soirée et plus tard au gré des rencontres que notre initiative culturelle suscite. Puissance comme force intime juste qui émane du corps d’un homme quand il sent ce qu’il doit faire sur cette terre (c’est la conception de Lawrence)… Anouk Brouyère rencontrait Jean-Pierre Dusoulier à cette soirée, eux qui travaillent tous les deux au renouveau des campagnes… Laurence Warnier était là qui réagit si spontanément aux stimuli mayaques. Comme le compagnon des premiers temps, Jacques Faton… Et Alice Bossut qui la première me parla de cette librairie accueillante et courageuse et engagée… Qui diffusait MaYaK et qui dessine pour la revue-livre. Et le peintre écrivain Frédéric Dambreville qui est aussi lecteur de Lawrence et de Dhôtel, le philosophe des champignons indéterminables.

Oui bon, encore un texte triomphaliste. Non. La situation financière de l’assoc qui produit MaYaK est mauvaise mais le tissu est de plus en plus résistant, le réseau en rhizome comme le psalmodiait Maximilien, à cette soirée.

Eh bien, merci, merci, vraiment…

HR




Soirée maYaque – 100 papiers

16122012

Soirée maYaque – 100 papiers dans Afrique 100-papiers-72-blog-168x300

Présentation de la revue mayaque 6 qui est sortie il y a peu …

Madi Niekiema, Yingré, ou « racines » en burkinabè … comme les motifs sur l’instrument de musique de Madi, … et la librairie, aux fenêtres qui nous renvoient les reflets des branches extérieures, les arbres, oui, ces arbres, ces branches, ces racines, qui nous relient, qui nous animent, nous relient à l’extérieur, au monde, du local (la librairie) au monde que nous racontent tour à tour, les intervenants de cette soirée maYaque :

Isaia Iannaccone, Sébastien Verleene, Jah Mae Kân, Xavier Vanandruel, Madi Niekiema, Chef mayaque. Sinologie, histoire des sciences, poésie, histoire africaine, musique, chanson, cartographie, habitats groupés, permaculture, Chine, Burkina Faso, Mali, Aminata Traoré… Les matières du MaYaK6 et celles à venir…

Ces mains, celles de Jah Mae Kân et de Madi Niekiema, ces mains qui jouent en rythme, ces mains qui jouent dans cette librairie, qui jouent et rythment les entretiens des intervenants de cette soirée. Avec Jean-Pierre Dusoulier, (conteur), qui lit – dit – des extraits de la revue. Chacun donne, chacun partage, chacun témoigne d’une expérience vécue, ici ou là. Et cette librairie devient un espace – l’espace ? –… un (autre) monde se dessine, où l’homme pourra retrouver un sens, un juste milieu. Un équilibre entre l’Homme et son environnement, entre l’Homme et ce monde – et cet espace, où se reflète la vie des arbres, au-dehors.

Des racines de l’instrument de musique de Madi Niekiema, aux arbres à l’extérieur, qui se reflètent dans les fenêtres de la Librairie Cent papiers, s’écrit et se partage une (autre) histoire … une histoire de reliance à notre environnement, à la terre, aux arbres, une autre histoire qui se raconte – aussi – et qui nous invite à effeuiller – et feuilleter  –  la revue maYaque …

Anouk Brouyère

 

mains-blog-300x168 dans Alice Bossutmains-blog-2-300x168 dans Arménie

mains-blog-3-200x300 dans Burkina Faso Anouk Brouyère pour les photos. Les mains de Maximilien, Madi, Jean-Pierre, Isaia…

100-papiers-72-blog2-300x200 dans Cent Papiers




En Arménie III, Xavier Vanandruel

28092010

Troisième billet du voyageur, ce même jour, le 28 septembre

armonast161.jpg 

Les Arméniens n’ont pas cette stratégie d’évitement devenue chez nous une norme de comportement (que chacun fasse ce qu’il veut, je m’en écarte et m’en préserve), ma présence ici suscite leur interrogation. Pour me demander « Mais que faites-vous donc ici ? », mon interlocuteur capte mon regard avec le sien perplexe, tandis que sa main, à hauteur de taille, décrit une sorte de mouvement circulaire, paume tournée vers le haut. Essayez, c’est très expressif, je trouve ! Chez nous, un tel geste prêterait vite à la vulgarité. Mais une particularité de l’Arménie, précisément, est qu’elle échappe largement à la vulgarité, y compris la vulgarité capitaliste marchande. Même les rares publicités ici paraissent respectueuses. 

Un routard irlandais de rencontre me dit que c’est le seul pays au monde où un chauffeur de taxi, vous voyant marcher au bord de la route, vous proposera d’embarquer sans la moindre rétribution. Pour moi, rentrant dans un bistro et commandant un café arménien (nous dirions turc), je me suis vu offrir du vin de grenade par le patron, heureux de trinquer avec moi, et refusant que je lui paie le café que j’avais pris…

Presque à chaque fois que je plante ma tente, un berger vient me saluer, me demander si je n’ai besoin de rien et me mettre garde contre les medved (ours) et les volk (loups), m’encourageant à faire un feu.  En définitive, je crois que ce sont les bergers qui m’auront témoigné le plus de sympathie et d’amitié. C’est à eux que ma présence là et  mon périple semblaient les plus naturels.  Je n’y pense pas sans émotion.

Xavier Vanandruel 




In Armenia II: Xavier Vanandruel

28092010

Deuxième billet de Xavier qui continue son périple pédestre (envoyé par mail le 28 septembre) :

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Johannes est un jeune scientifique allemand qui va commencer un stage au centre astronomique de Garni, près d’Erevan. En attendant, il parcourt l’Arménie. Je le croise à Dilijan. Dans son sac à dos, Les frères Karamazov de Dostoievski et Être et temps de Heidegger. Je suis troublé car ce sont là des lectures qui m’ont été très importantes quand j’étais jeune comme lui. Je sens une proximité et lui aussi je crois. Nous avons une discussion passionnante sur le déterminisme. Y croire, est-ce une attitude scientifique ou métaphysique? Ou plutôt des éléments scientifiques actuels ne s’opposent-ils pas à cette attitude? (pour les spécialistes: les violations expérimentales des inégalités de Bell et d’autres plus récentes)… 

Je retrouve Johannes après avoir visité à pied les monastères d’Hagartsin et Goshavank (c’est là mon voyage: un tour à pied des monastères médiévaux d’Arménie). Ce qui me frappe dans ces monastères qui, aux alentours du 13e siècle, concentraient l’activité intellectuelle du pays, c’est leur taille réduite, en particulier les dimensions de la salle d’études et de la bibliothèque. Aujourd’hui nous pensons mieux connaître le monde grâce à des équipements scientifiques lourds, dévoreurs d’espace et de ressources. Son fonctionnement, oui. Mais le monde lui-même? Ne vaut-il pas la peine d’aller à sa rencontre avec peut-être l’un ou l’autre livre dans son sac à dos? 

Dans un hôtel de montagne, à Tsaghkadzor, je rencontre Karina. Karina a une ascendance russe et allemande; elle est professeur de piano et de chant au conservatoire. Elle joue sur le piano blanc de l’hôtel des airs de Gershwin ou des mélodies légères italiennes, avec une parfaite mise en place et une vraie délicatesse. Elle porte des habits en jeans; ses cheveux encadrent un visage déjà fort creusé. Comme souvent les Russes, elle me donne l’impression de vivre une perpétuelle mise en scène. J’écris cela sans charge péjorative, simplement la vie serait un théâtre ou chacun a à tenir son rôle. 

À l’opposé, c’est au monastère de Kecharis, dans la même ville, que je croise Charik. Jeune, grande, les cheveux noirs bouclés, portant une robe en satin mauve et un voile blanc, je l’ai d’abord prise pour une touriste iranienne. Mais Charik est venue jouer de l’orgue et chanter pour un office à la liturgie millénaire. Elle chante simplement,  est simplement là, présente, comme la rose d’Angelus Silesius dont parle Heidegger, qui est sans pourquoi, fleurit parce qu’elle fleurit, n’a souci d’elle-même, ne désire être vue. 

Ici encore, les catégories se brouillent. Où est l’adéquation à notre temps? Dans ces mélodies  de Broadway ou cette musique sacrée venue du fond des âges? 

Xavier Vanandruel 




Back to Armenia : Xavier Vanandruel

4092010

Xavier Vanandruel, pilier mayaque – si je puis dire –, nous envoie ce billet d’Arménie où il chemine à l’aventure…

[Le 31 août 2010, 18h34, un mail de Xavier arrive à ses amis :] 

armonast011.jpg 

Une Ukrainienne, qui a vécu quelque temps en France, me disait:  » Tu sais la différence entre un habitant de Kiev et un Français, quand je les croise sur un trottoir?  Le Français fait spontanément un écart de côté, l’habitant de Kiev pas. Legs du communisme… »  Peut-être, mais me voici dans les montagnes d’Arménie, une autre ancienne république soviétique, sur un plateau herbeux. Et ces points mouvants, là-bas, au bord du sentier que j’emprunte, deviennent, quand j’approche, des moutons et leur berger appuyé sur un bâton (il peut rester ainsi des heures). Il s’écoule encore beaucoup de temps, où bruissent les insectes et pèse le soleil sur la terre sèche et les herbes roussies, avant que je le croise et que nous nous saluions en échangeant nos regards et un sonore « Barev tsez! » Peut-être, voyant que je suis étranger, me demandera-t-il, en russe cette fois: « Kouda idiottié » (Où allez-vous?), ou « Vouill outkouda? » (D’où êtes-vous?). Il me proposera de l’eau, et peut-être un bout de fromage. 

Je pense qu’il y aurait lieu d’esquisser, sur fond des caractères géographiques, une topologie des relations humaines. Les termes pourraient en être empruntés à la topologie mathématique: distance, voisinage, ouvert, fermé, isolé, accumulation… 

Tandis que je plante ma tente près de l’église du monastère d’Akhtala, aux magnifiques peintures  murales du 13e siècle, que je peux contempler grâce à Eteri, qui a la clef de la porte, le prêtre de l’endroit vient me saluer et me conseiller d’orienter ma tente vers le soleil levant, comme le sont d’ailleurs – j’ai dû le remarquer –, les tombes d’Arménie. Car c’est de là que reviendra le Christ, comme il est dit dans les Écritures, et ce sera peut-être déjà cette nuit même… Autant être face à Lui au moment de se relever et le saluer. J’acquiesce mais demande quand même intérieurement un délai. La veille, j’avais mangé excellemment dans un restaurant au bord de la route qui longe la rivière Debed. Je demandais au patron qui, il n’y a pas si longtemps, vivait encore dans un village des hauteurs, pourquoi il ne signalait pas son restaurant, que rien ne laissait deviner, par une inscription. 

 – Pourquoi ?, me répondit-il, tout le monde dans le coin sait bien que c’est un restaurant… »

 Xavier Vanandruel (présenté en toute amitié par Hugues)  




Vardan Hovanassian

23062009

  

vah.jpg 

Cet après-midi j’avais rendez-vous avec Vardan Hovanassian, Arménien et joueur de duduk, instrument à anche double proche du hautbois.

La télévision est allumée dans l’appartement où il me reçoit, au dernier étage d’un immeuble à Jette. On voit à l’écran le reportage d’une fête à Musaler, à l’ouest d’Erevan. Dans une trentaine de casseroles au niveau du sol se prépare le hach, plat traditionnel qui a pour base un os à moelle qu’on fait fondre. Les riches mangeaient la viande, on récupérait les os, commente-t-il. Je connais, je réponds, il y a ça aussi dans une chanson de chez nous qu’interprétait entre autres le groupe flamand Rum, Maschero : « ils mangent la viande et nous laissent les os, ali, alo… ».

Je suis venu voir Vardan pour qu’il me conseille à propos du voyage que je projette en Arménie. L’atmosphère gagne en cordialité lorsque je lui apprends que j’ai été un peu musicien et qu’il me donne en souriant la mention passable pour le petit test de langue russe auquel il me soumet. C’est dit, il essayera de me renseigner des logements chez l’habitant. Lui-même retourne cet été dans son pays d’origine ; avant cela, il donnera des concerts dans plusieurs pays. A Bruxelles, il sera le 11 juillet au festival Brosella au sein d’un groupe appelé Harman, avec des musiciens turcs. Je lui demande si jouer avec des musiciens turcs n’est pas un problème. Non, me répond-il, je les connais et les estime, nous sommes entre musiciens, pas sur le champ politique. Bien sûr, j’aimerais que les autorités politiques turques reconnaissent le passé ; mais je ne pense pas qu’ils le feront, il y aurait trop à réparer… 

Xavier Vanandruel







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