Dîner à regret dans un ciel persan, bleu mais communiste/féministe

30062013

Dîner à regret dans un ciel persan, bleu mais communiste/féministe dans Azar Nafisi iran-225x300

La veille des élections en Iran, juin 2013.

Sur son cheval de pierre, Albert regarde tristement Élisabeth. Le boulevard de l’Empereur les sépare depuis longtemps. Le roi a revêtu son casque de pierre car il sent la menace, une plate-forme à 50 mètres au-dessus de lui. Sagace, il se dit : cible parfaite pour tous les –ismes terroristes. Le roi chevalier regarde la reine artiste qui, elle, sourit : à ses pieds, un cercle de femmes animées et dansantes devant un léger kiosque de toile. C’est bientôt la foire du Midi se dit Albert mais c’est encore et toujours la foire des nantis : là-haut, sur la plate-forme de fer, 20 hommes et femmes mangent, harnachés à des fauteuils d’auto-scooter. C’est tendance. Un nouveau concept. Le roi Albert se rappelle qu’il fut sans terre, acculé à la mer, quand il regarde à ses pieds le Mont des Arts loué au plus offrant. Son cheval de pierre est figé devant le fleuve de chevaux vapeur métalliques. Il voudrait traverser. La reine des arts lui sourit, en face. Le roi chevalier pense aux lettres persanes en lisant les slogans sur le calicot qui flotte au vent, au pied de sa reine : « Le vote des femmes : pour renverser le régime de la République islamique en Iran ! Le choix des femmes : Un monde sans oppression et exploitation ! ». La reine musicienne de pierre sourit en considérant le porte-voix en triangle dont l’un des côtés, prolongé, atteint la plate-forme qui menace son roi chevalier. La voix qui sort : « Nous méritons une société où les gens auraient le droit de vivre dans la dignité, auraient le droit de manger, de travailler, et à une meilleure santé physique et morale ; où les gens auraient le droit d’être heureux ; où personne n’aurait faim… » Le roi de pierre figé comme un symbole regarde sa reine. La voix de la femme iranienne couvre le bruit des couverts, des couteaux qui menacent le roi sans terre.

Je marche sur le trottoir du boulevard de l’empereur, entre un roi et une reine de pierre, des voitures, des touristes, une manifestation joliment chorégraphiée à ma gauche : des femmes iraniennes et « dinner in the sky » en haut à ma droite… Je pense aux casseurs de pub, je me demande pourquoi la ville m’inflige le spectacle de ces managers tandis que des femmes iraniennes sans voiles protestent contre la République islamiste et contre un certain état du monde que nous partageons avec elles. Une activiste lit un discours en anglais au porte-voix et les ondulations de sa voix atteignent la plate-forme des riches. Les touristes photographient la grue et le resto suspendu. Une femme souriante s’approche de moi, me salue avec courtoisie et me tend un tract ; je lui souris à mon tour, prends cette feuille et la plie soigneusement en quatre.

Une de mes actualités à moi, c’est de travailler, à un « mois iranien » en mai 2014. Pour me préparer, je suis occupé à lire une femme écrivain iranienne, Azar Nafisi. Aujourd’hui, sur mon chemin, l’Iran féministe et communiste me fait signe. Surprenant : la ville loue cet espace très symbolique, une partie du « Mont des Arts », à une société privée et en même temps concède un espace à un groupuscule révolutionnaire qui dérange le locataire… Je m’interroge. Je pense à Freddy Thielemans sympathique zwanzeur, peintre, bourgmestre de Bruxelles. Y a-t-il derrière tout cela son sourire malicieux ?

Hugues Robaye




Une chronique persane des inadéquats et ratés parfaits. « Lire Lolita à Téhéran » par AZAR NAFISI…

30062013

Une chronique persane des inadéquats et ratés parfaits.  Azar NAFISI à 20 ans

« Ma fille Negar rougit chaque fois que je le lui dis. Son extraordinaire obstination, la passion avec laquelle elle défend ce qu’elle considère comme juste vient de ce que sa mère a lu trop de romans du XIXe siècle quand elle l’attendait. » (p239) 

« Voilà comment il faut lire la fiction, en inhalant l’expérience qu’elle vous propose. » (p160)

« Un roman est l’expérience à travers nos propres sens d’un autre monde. » (p160)

« Un bon roman est celui qui fait apparaître la complexité humaine et crée assez d’espace pour que chacun des personnages fasse entendre sa voix. C’est en ce sens que le roman est dit démocratique – non pas parce qu’il appelle à la démocratie mais de par sa nature même. » (p189)

Ces quelques extraits résument ce que j’ai envie d’appeler l’horizon de croyance d’Asar Nafisi quant à la puissance du roman, de la littérature… C’est chinois ancien d’écrire que la littérature est une nourriture importante au moment de la gestation ; de même qu’elle soit comparable à de l’air qu’on respire mais ce ne sont pas des métaphores…

Le roman est fondamentalement démocratique, dans ce sens bien particulier qu’il demande au lecteur de l’ « empathie » (le mot d’Azar) pour la complexité dans laquelle nous évoluons : le monde, et pour les personnages toujours contradictoires et qui ont tous droit, également, à l’existence dans ce cadre du roman.

Pourtant, contrairement à ce que ces extraits pourraient faire croire, Lire Lolita à Téhéran n’est pas un livre de philosophie de la littérature même s’il est écrit par une professeure d’université qui enseigne la littérature anglo-américaine en Iran et qu’il décrit, en partie, les cours et le milieu des étudiants persans après la chute du Chah, pendant la révolution islamique. Le lecteur participe aux cours que donne Azar Nafisi, mais la lecture et l’interprétation des romans permettent en fait aux étudiantes (plus qu’aux étudiants mâles favorisés par le régime) de se réfléchir, de se projeter, de se situer, de comprendre par exemple leur vie sacrifiée à l’autel du rêve d’un guide suprême : en ce sens, elles sont toutes des « Lolita » (premier roman analysé au cours)… Fitzgerald, James, Austen, Conrad suivent : l’interprétation de leur œuvre structure les grandes parties du livre et problématise d’autres pans de l’existence sacrifiée des étudiantes qu’elles n’ont même pas le droit de formuler dans la vie de tous les jours : idéaux, sexualité… Alors, romans et vie quotidienne se superposent ; le monde imaginaire du roman permet de concevoir d’autres possibles… La littérature (peut) sauve(r) de l’aliénation, la langue du roman étant à l’antipode de celle des idéologies, simpliste et mécanique…

Lire Lolita à Téhéran, est une chronique de la République islamique vécue de l’intérieur ; une chronique écrite comme un roman : avec tous ses personnages complexes, contradictoires, jamais monoblocs. Les islamistes sont islamistes en des dosages chaque fois particuliers, plutôt intransigeants et castrateurs certes, mais parfois développant des formes de tolérance… Azar Nafisi a appliqué à cette chronique autobiographique émouvante les principes du roman, qu’elle enseigne par ailleurs et applique dans ses commentaires de textes… Mises en abime. On tourne des pages de l’histoire mais dans l’empathie pour ses acteurs qui intimement doutent toujours de ce qui se passe autour d’eux et essaient de comprendre… Excellente manière pour un lecteur d’approcher l’actualité, l’histoire d’une culture, un peuple qui se révèle ainsi ami… Avènement de Khomeyni, guerre Iran/Irak, bombardements, gardiens de la Révolution, mort de Khomeyni ; j’ai suivi cela à la télévision, au mieux dans les journaux mais ici, on fraternise (en 468 pages) avec une universitaire frémissante et idéaliste, rentrée en Iran après la chute du Chah (qu’elle espérait depuis les États-Unis où elle étudiait), puis rapidement déçue avant d’être horrifiée par les diktats du pouvoir politico-religieux. Pourtant la mort de l’Ayatollah Khomeyni ne la laisse pas indifférente : des sentiments contradictoires l’habitent… Les bombardements, les maisons éventrées sont décrites dans leur horreur chaotique. Très suggestif pour un lecteur occidental qui peut ainsi approcher avec empathie cette complexité historique que la chronique/roman vraie met en forme…

Comment célébrer justement un ami en quelques lignes ? Car le roman devient un ami…

Un dernier extrait sur la longue robe noire et le voile :

« Il m’arrivait de rentrer mes mains sous les manches presque inconsciemment et de toucher mes jambes ou mon ventre. Est-ce qu’ils existent ? Et moi, est-ce que j’existe ? Ce ventre existe-t-il ? Cette jambe ? Ces mains ? Malheureusement les gardiens de la révolution et de l’ordre moral ne voyaient pas le monde avec les mêmes yeux que moi. Ils voyaient des mains, un visage, du rouge à lèvres rose. Ils voyaient des mèches de cheveux et des chaussettes contraires au règlement là où il n’y avait pour moi qu’un être éthéré qui descendait la rue sans faire de bruit. C’était l’époque où je me répétais, et répétais à qui voulait l’entendre, que les gens comme moi étaient devenus inadéquats. » (p236)

Hugues Robaye (MaYaK Autour du Feu organisent un mois iranien à Tournai/Lille en mai 2014)

Azar Nafisi, Lire Lolita à Téhéran, 10/18

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La grâce éternelle de l’intraordinaire : « Comme tous les après-midi » de ZOYÂ PIRZÂD

25052013

La grâce éternelle de l'intraordinaire :

« Depuis trois millénaires, le tapis est l’expression la plus raffinée de l’art persan. » écrit Serge Michel dans son éclairant, Marche sur mes yeux : Portrait de l’Iran aujourd’hui.

En savourant les si gracieuses nouvelles du recueil de Zoyâ Pirzâd, Comme tous les après-midi, je me disais que tous les motifs de ces courtes histoires, d’une simplicité et sobriété autant exemplaires que belles s’entremêlaient pour former un tissu précieux, « symbiose de l’art mystique et de l’art de vivre », comme ajoute Serge Michel. Une mystique ? Celle alors du temps qui est comme un enfant qui joue au tric-trac,  le temps de l’ « intraordinaire », du temps éternel qui naît de cette lenteur des journées simples, à la maison, près du jardin, dans les rues, avec un enfant…

Dans un entretien, Zoyâ avance sous forme de boutade que les femmes sont plus intéressantes que les hommes… Les nouvelles de Comme tous les après-midi partent en tout cas de la conscience d’une femme qui s’abandonne au temps de la journée, quand elle se retrouve seule après le départ du mari, des enfants. Pas de féminisme ici ou une forme révolutionnaire, un renversement à 180 degrés : la femme libérée du travail rémunéré est dans une densité de présence que l’homme au travail n’atteint jamais (et une seule nouvelle met en contraste et en scène un homme passé heureusement à la retraite et qui découvre une autre vie).

Alors de quoi est fait ce tissage intraordinaire des jours ? Maison et rue, solitude des gestes simples, fenêtre, observation, rêves, acceptation malicieuse, mari, enfants, cuisine, lenteur, famille proche et éloignée, économie (lois de la maison), entraide, gestes entraperçus, souvenirs, générations, joies simples, répétition nécessaire de gestes, tâches de la journée, vie suspendue à un fil modeste et nécessaire, croisement de motifs, d’expériences, hasards, délicatesse du simple, du ténu, du léger, du grave, de l’éternel, du lent ; grâce, poésie, bienveillance, douceur, émotion, jardin, arbre, vent, enfant, couleurs ; plaisirs ténus tissés en motifs à l’intérieur d’une courte histoire ou d’une histoire à l’autre. J’énumère simplement car la phrase et la langue de Zoyâ Pirzâd atteignent un tel degré de sobriété et grâce poétique que les événements minimes des jours ressortent avec vivacité et s’assemblent spontanément…

Hugues Robaye

Zoyâ Pirzâd, Comme tous les après-midi, LdP, 5 euros.

Serge Michel et Paolo Woods (photos), Marche sur mes yeux : Portrait de l’Iran aujourd’hui, Grasset, 22 euros.

Mois iranien à Tournai mai/juin 2014.




BEHDAD BABAEI & DAVID AFGHAH, quand la musique raconte une histoire

1052013

BEHDAD BABAEI & DAVID AFGHAH, quand la musique raconte une histoire dans Abbas Kiarostami behdadbabaiinavidafghahuntitled-300x212

« Ils racontent une histoire ! Cette musique accompagne souvent des récits traditionnels parfois accompagnés de danse, des épopées du quotidien. Elle montre l’âme de l’Iran, par les sons qui passent de la tristesse à la joie, par des nuances de colères, d’indignation : une musique imitative. L’Iranien, le Perse peut changer de sentiment très vite ! » Behdad Babaei et Navid Afghah venaient de quitter la scène et je m’étais tourné vers Faezeh pour lui dire : « Époustouflant ! ». Le joueur de setar (petit luth à 4 cordes), Behdad, et Navid, le joueur de tombak (sorte de tambour qui ressemble au djembé) venaient d’improviser à partir de « gusheh », motifs mélodiques appartenant au « radif », une tradition musicale très ancienne, transmise oralement (et inscrite au patrimoine universel de l’UNESCO). Deux instruments mais la résonnance d’un orchestre. Une percussion aux milliers de doigts, un luth où les deux mains semblaient jouer des morceaux en dialogue.

Après ce concert à Musiekpublique (Ixelles, Bruxelles), Faezeh allait saluer les deux virtuoses qu’elle espère inviter en mai 2014 pendant l’exposition sur le jeune graphisme iranien qui devrait accueillir comme parrain Abbas Kiarostami… Un MaYaK hors série reproduira les 60 affiches exposées, chacune sera assortie d’un commentaire graphique ainsi qu’un texte en continu développant en quoi chaque texte/image montre l’Iran d’aujourd’hui.

Sans les formes que prennent les arts, sans le contact avec les personnes qui cherchent, notre vision des choses ne se réduirait-elle pas à la si fréquente insignifiance de l’ « actualité » ?

Hugues Robaye

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Eugène Gaspard Marin

25032013

Eugène Gaspard Marin dans Afrique numeriser0006-1-95x150

Après quelques recherches à la commune de Boitsfort, mon ami Dirk Dumon et moi avons réussi à localiser la maison où s’était installée, en 1906, une colonie anarchiste (voir sur ce blog le billet du 27-10-2009 intitulé L’Expérience). A mon étonnement, cette colonie se situait dans ma propre rue à quatre maisons de la mienne ; pourtant, aucun habitant récent du lieu n’en avait entendu parler. La dernière personne à quitter la maison, après la dissolution de la colonie en 1908, fut l’anthropologue Eugène Gaspard Marin. Il partit pour l’Angleterre  au déclenchement de la première guerre mondiale et s’installa dans une autre colonie anarchiste, d’inspiration tolstoïenne, Whiteway, qui existe encore aujourd’hui. De 1928 à 1938, il fit seul un grand voyage, en partie à bicyclette, qui le conduisit en Égypte, en Ethiopie puis en Inde et en Birmanie (où il rencontra Gandhi et Tagore), en Chine et au Japon. Jusqu’à la fin de sa vie en 1969 il poursuivit la tâche de répertorier les savoirs pratiques (objets techniques, coutumes, idées vivifiantes) des différentes cultures du monde, cherchant à travers leur diversité une unité de sens. Ses archives sont conservées à Londres au British Museum. Il a fait l’objet d’un mémoire universitaire en Belgique (de Jacques Gillen, qui y étudie aussi la colonie L’Expérience); d’une thèse en anthropologie de la franco-canadienne Sara Pimpaneau; et d’une étude de Richard Pankhurst, directeur de l’Institut d’études éthiopiennes à Addis Abeba.

Des anarchistes comme Marin me semblent présenter un intérêt renouvelé aujourd’hui. Sa conception anthropologique est en effet fondée sur une nature humaine, partie de la nature entière, dont les objets techniques ne valent que comme les prolongements (à la différence de l’homme producteur du marxisme et aussi bien, sous cet aspect, du libéralisme, qui tous deux le voient appelé à dominer et exploiter une nature extérieure – avec le résultat aujourd’hui que celle-ci, tout comme l’humanité de l’homme, est près d’être épuisée). Pour Marin, toutes les cultures du monde présentent un égal intérêt: toutes sont des projections diverses d’une essence humaine unique, qui fait de tous les hommes des frères.

 

Le journal qu’Eugène Gaspard Marin tenait de sa vie à la colonie devrait bientôt être édité sous la supervision de Jacques Gillen.

Dirk est un peu désappointé: le matériel visuel qu’il semble possible de rassembler est trop restreint pour envisager le tournage d’un documentaire. Du moins pouvons-nous songer à consacrer à cette figure généreuse un article dans le prochain MaYaK.

Xavier Vanandruel




Venez vivre le printemps mayaque (le 21 mars, 20h05, Maison du Livre, rue de Rome, Saint-Gilles, Bruxelles)

16032013

Venez vivre le printemps mayaque (le 21 mars, 20h05, Maison du Livre, rue de Rome, Saint-Gilles, Bruxelles) dans Afrique arriere-pays_72-300x230 Siège mayaque par Muriel Logist

Rencontres autour du MaYaK 6 et du MaYaK7 en préparation
« Dons, gratuités, échanges » ainsi que des projets en cours, et il y en a…

mais nous serons brefs et rythmés !

MaYaK est la revue livre annuelle de GE !, l’association Groupe Esthéthique !

Son projet ?

Rassembler des savoirs en général cloisonnés : arts, sciences, sciences humaines, artisanats, travail social, travail de la terre… ; travailler la communication de ces savoirs ; varier les formes d’expression : essai, fiction, poésie, entretien.
Et fournir des témoignages d’expériences vécues… Tout cela à travers un travail d’édition (Phare Papier – 12 titres), des expos, un label de musique (Muzifar records), de film (télémayaque), un blog et un département burkinabè (Burkimayak).

Intervenants :
Gaëlle Faïk (Belgique-Congo), psychologue et musicothérapeute ;
Isaia Iannaccone (Italie), chimiste, sinologue et romancier ;
Jean-Claude Kangomba (Congo), écrivain et historien des Afriques ;
Sébastien Verleene (France), architecte ;
Xavier Vanandruel (Belgique), mathématicien, philosophe et écrivain (qui présentera son récit de voyage en Arménie, dernière publication de Phare Papier).

Images :
projection de Villages en savane, court-métrage réalisé en février dernier au Burkina Faso, avec douze élèves d’une école secondaire et l’association ouagalaise « Caméra & co ».

Musiques :
avec le chanteur Madi Niekiema (Burkina Faso), le percussionniste Niambé Hervé Badiel (Burkina Faso),  le joueur de duduk, Benoît Dassy (Belgique). Et un extrait de Room music, le CD accompagnant le MaYaK6, dans son nouvel arrangement pour quatuor.

Lectures :
par Vincent Radermecker, Conservatoire de Bruxelles.

Et le bar…

Renseignements complémentaires:
sur Facebook : « hugues chef mayaque »

dominos-armeniens-72-300x225 dans Arménie salutations-aux-anciens-72-300x220 dans Arne Van Dongen

equilibriste-72-300x201 dans autoconstructionDominos arméniens, salutations aux Anciens, équilibres planétaires et mayaques… Xavier Vanandruel, Ramata Nafissatou Ouédraogo, Nathalie de Vooght




Villages en savane

4032013

Villages en savane dans Afrique tournage-300x224 Le 22 janvier 2013, tournage de Villages en savane.

L’année passée, nous faisions un voyage au Burkina Faso. Un des objectifs : découvrir le Burkina endogène. Un livre suivra à ce sujet… Nous visitions un village, Bendogo, et imaginions des échanges avec les associations que nous rencontrions. Un peintre nous accompagnait, Ivo Moussa, qui faisait une douzaine de dessins rehaussés plus tard à l’aquarelle. Nous photographions. Le village était mis en images. Images intégrées à mon retour à des documents décrivant des projets d’échanges…

Cette année en janvier et février, retour à Bendogo. Nous allons plusieurs fois au village avec un double objectif: tourner un court-métrage avec une douzaine d’enfants du secondaire, en collaboration avec l’association ouagalaise, Caméra & consorts, François d’Assise Ouédraogo et Jupiter Moumouni Sodré. Les élèves n’avaient jamais utilisé d’appareils photos. Le stage se passe au mieux…

La dernière semaine de mon séjour, nous projetons le film devant plus de 200 habitants du village et des villages avoisinants. Il fait nuit, nous sommes dehors, davant la maison des jeunes; nous avons apporté un projecteur, un ordinateur, un écran cousu par Issouf, le tailleur de Nafissatou; un matériel d’amplification du son, un groupe électrogène. Nous sommes arrivés dans la camionnette du « Théâtre du Progrès », prêtée par son animateur, Zouli Ouédraogo. Les spectateurs sont touchés.

Deuxième objectif qui prendra plus de temps: éditer une brochure sur les richesses naturelles et culturelles de Bendogo.

Travail de valorisation, de conscientisation, prélude à d’autres échanges, notamment agroécologique (voir ci-dessous)…

Visionner \ »Villages en savane\ »

Hugues Robaye & Ramata Nafissatou Ouédraogo

tournage-2-300x224 dans Caméra & consorts Le 23 janvier 2013, Bendogo (Kadiogo).




Avec DIOBASS Burkina Faso 2

2032013

Avec DIOBASS Burkina Faso 2 dans Aminata Traore diobass-grenier-blog-300x224 Jean-Baptiste Ouédraogo, président de l’association Teel-Taaba devant un grenier à oignons.

Nous retournons vers le siège de l’association. Ouédraogo nous montre le grenier à oignons qui me semble des plus traditionnels mais qui est différent de l’ancien dont restent des ruines : quelques murs en banco (terre crue) mangés par les pluies et sculptés par l’Harmattan, qui laissent entrevoir comme une cave. L’autre, rond et coiffé d’un chapeau de paille, ressemble à un grenier à mil. Pour l’instant, il contient des carottes de maïs et je vois que le plancher est ajouré pour ventiler l’espace où l’on entreposera plus tard les oignons.

Des membres des différents groupes de recherches nous attendent sous un hangar couvert de paille, devant le siège de l’association. Commencent les présentations et les explications, depuis la création du barrage en 1969, jusqu’au milieu des années nonante quand les premiers problèmes de dégradation des sols, due aux engrais, se font sentir dans les récoltes ; la rencontre avec la structure DIOBASS ; un premier vaste atelier de réflexion qui regroupe 150 participants série les problèmes. Ensuite, au sein de l’association Teel-Taaba, des groupes de recherches se créent, composés de 15 personnes qui se penchent sur un sujet épineux.

Groupe fertilité des sols. Groupe conservation de la production. Groupe production de semences (pour ne pas être dépendants des vendeurs de semences pas toujours honnêtes). Groupe microfinance (organiser une épargne locale pour s’entraider). Groupe transformation des produits maraîchers (oignons et tomates).

Des représentants de chaque groupe m’exposent le processus de leur travail, en langue mooré, et le président ou Madi ou Léon traduisent pour moi en français. J’enregistre avec l’édirol mais je prends aussi beaucoup de notes dans mon carnet, comme le font aussi Léon, à ma droite ou Djibrillou, à ma gauche.

Je suis impressionné par le travail de ces groupes animés d’une détermination rayonnante.

Organiser la recherche, étudier un problème en partant des solutions que les traditions charrient mais aussi de la recherche agropastorale contemporaine (DIOBASS est dans une mouvance agroécologique), expérimenter, encourager la mise en pratique des solutions trouvées puis faire partager et communiquer les résultats (notamment par des brochures en langues nationales) : c’est toute une démarche de communication que DIOBASS a mise au point, renforçant les organisations paysannes. Valorisant leur travail.

Le soleil tourne et s’approche du zénith. Djibrillou n’est plus à l’ombre et nous nous nous serrons un peu contre Léon et Jean-Baptiste, le président. Décidément, j’apprends beaucoup aujourd’hui. Et ce dynamisme des cultivateurs. Cultures oui, mais plus systémiquement, un vrai mouvement social qui part d’une économie villageoise simple. Les petites exploitations familiales comme on les connaissait chez nous au 19e siècle et 20e, avant l’arrivée des engrais et pesticides liés à l’agriculture industrielle (et à la guerre). DIOBASS encourage cette forme d’exploitation qu’au nord nous essayons de retrouver. En plus des solutions pratiques résultant d’une expérimentation rigoureusement menée, DIOBASS apporte aux cultivateurs l’estime d’eux-mêmes, la confiance, la fierté. Ils animent et raniment vraiment les villages pas toujours bien considérés. Et travaillent à leur indépendance économique. Cette économie villageoise, microéconomie à promouvoir, à renforcer…

Sous ce hangar, je me sens un blanc-bec mais c’est pas grave : j’apprends, je fais des liens, j’essaie de témoigner, de comprendre, de connaître un peu mieux, de rencontrer ce Burkina des villages, d’informer, de communiquer ce que j’ai ressenti à ce contact si étrange avec ces Africains de l’avenir soucieux de leurs traditions encore drôlement bien vivaces… Traditions, modernités. À suivre…

« Modernité africaine » selon l’expression d’Aminata Traoré : à chercher dans les villages…

Hugues Robaye

diobass-oignons-blog-300x224 dans Burkina Faso La culture de l’oignon. Photo Ramata Nafissatou Ouédraogo.




Avec DIOBASS Burkina Faso 1

2032013

Avec DIOBASS Burkina Faso 1 dans Afrique diobass-1-blog-300x224 Nous gagnons le hangar pour retrouver les membres des groupes de recherches.

Lundi 11 février 2013, rendez-vous à 8 heures aux bureaux de DIOBASS, à Ouagadougou, dans le quartier des 1200 logements. Là, nous avons rencontré quelques jours plus tôt Djibrillou Koura et Léon Zongo qui nous ont expliqué le fonctionnement de leur association internationale dont l’objet est de stimuler et d’organiser la recherche-action paysanne. En décembre dernier, j’avais rencontré le fondateur de DIOBASS, le Belge Hugues Dupriez (et lui avais acheté deux des remarquables livres, qu’a publiés sa cellule d’édition, Terres et vie, sur les exploitations familiales en Afrique et l’ « école aux champs »). Manifestement des manuels incontournables pour qui voudrait relier les pratiques culturales traditionnelles à l’agroécologie d’aujourd’hui… La bibliographie de l’agronome Hugues Dupriez est impressionnante…

Lors de la première rencontre avec DIOBASS Burkina, j’avais demandé à pouvoir accompagner l’équipe sur le terrain, à assister à une rencontre avec des agriculteurs. Djibrillou Koura n’avait pas oublié ma requête et ce matin, nous partons pour Noungou, un village non loin de Bendogo mais de l’autre côté du lac de barrage. J’ai eu le temps d’en parler à notre ami Madi Niekiema, au Burkina depuis quelques semaines. Je savais que cela allait l’intéresser et il nous accompagne ce matin. Nous nous sommes vus plusieurs fois déjà. Le musicien apiculteur bâtisseur permaculteur prépare son retour au village et nous partageons ensemble lors de ses retours à Ouagadougou nos expériences de voyage, nos rencontres. Lui en est à s’assurer la propriété d’un terrain (ici la propriété privée de la terre commence malheureusement à s’implanter) où il va construire selon la méthode éco-dome, cultiver la terre en permaculteur, agroécologiste, voire selon certains principes de la biodynamie de Rudolf Steiner et de ses disciples ; où il va pratiquer l’apiculture… Son intention : montrer aux villageois, par l’exemple, une relation à la terre et à la vie respectueuse des délicats équilibres de la nature. Une vie visant l’autonomie, aussi.

Nous prenons place dans une Toyota 4×4 blanche toute récente. C’est la deuxième fois que je prends la route en auto cette année ; sinon, avec Nafissatou, nous faisons tous nos déplacements sur son « engin », comme on dit ici, un scooter Révolution apparemment increvable. Nous prenons la route de Loumbila comme si nous allions à Bendogo. Sur la route, nous dépassons une des trois fermes burkinabè qui produit cette algue très riche en nutriments, la spiruline. À Loumbila, nous bifurquons à gauche pour emprunter les routes rouges (en terre). Le chauffeur est très attentionné pour son engin luxueux. Derrière, depuis son strapontin, Madi parle de permaculture avec Djibrillou Koura et Léon Zongo.

La route est bien sinueuse mais nous arrivons. Le véhicule s’arrête devant un bâtiment en dur qui porte l’inscription : « Association Teel-Taaba ». Koura nous présente Jean-Baptiste Ouédraogo, président de cette association qui réunit, l’apprendrai-je plus tard, 1887 membres ( !) ; des agriculteurs partagés entre la saison des pluies et la saison sèche, les champs de mil, de sorgho ou de maïs et le maraîchage à proximité des eaux du lac (comme à Bendogo).

Nous allons directement visiter les aires de maraîchage, très étendues. Gombo, courgettes, piments, poivrons, maïs, haricots, choux, pommes de terre, etc.

Et oignons : le président me détaille cette culture. Les maraîchers ont trouvé une solution pour affermir l’oignon : ils le plantent comme chez nous on fait pousser les pommes de terre, semés dans un monticule, mais un oignon sur chaque versant, l’irrigation se faisant dans la petite vallée… On arrête d’irriguer trois semaines avant l’arrachage pour que l’oignon sèche bien (lui qui en hauteur reste déjà plus ferme, moins gonflé d’humidité). Plus loin, nous voyons des oignons montés en graine : oui, l’association produit elle-même ses semences et se passe dorénavant de cet achat coûteux et  incertain, me dit Jean-Baptiste Ouédraogo. De même, Teel-Taaba a écarté (partiellement) les engrais chimiques (qui nuisaient à la conservation de l’oignon), au profit de fumures (après une période d’expérimentation et de comparaison des résultats obtenus, avec ou sans engrais, avec ou sans fumures ou en combinant les deux). Un groupe de travail a mis au point un grenier à oignons qui permet, grâce à son aération par le bas, une bonne conservation du bulbe, nous irons le voir… Un autre groupe transforme les oignons qui se conservent moins en une confiture douce-amère, dans la composition de laquelle intervient du jus de bissap (ce fameux jus rouge sucré, l’une des boissons traditionnelles de l’Afrique de l’Ouest, produite à partir d’une plante qu’on appelle ici « oseille » et qui est associée aux cultures, me montre le président, pour écarter les insectes…).

Hugues Robaye

diobass-2-blog-300x224 dans Burkina Faso Visite des aires de maraîchage. Photo Ramata Nafissatou Ouédraogo.




« Unexposed » réunissait les œuvres de 40 jeunes femmes iraniennes

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« Unexposed » réunissait les œuvres de 40 jeunes femmes iraniennes dans ceramique catalogue-expo-iran-16-12-2012-001-fb-300x224 Mariam Ashkanian Ganjah, « Epitome 1 » – embroidery – 150 cm x 150 cm

Le dimanche 16 décembre 2012, je me rends à Bruxelles en train.

Rendez-vous avec Laurence Warnier, à la gare centrale : nous nous rendons ensemble à Tour et Taxi, voir une exposition : « Unexposed » qui réunit les œuvres de 40 artistes iraniennes. La plupart de ces travaux n’ont jamais été exposés dans les musées ou galeries iraniennes en raison de la censure du régime.

 J’y vais, curieuse. Sans connaître « grand-chose » de ce pays, juste un peu de ce que la « Grande Histoire » raconte (des noms, des dates et autres références politico-religieuses …).

Et des vagues idées véhiculées ici – des stéréotypes ? – …

Que sais-je donc de L’Iran ?

Et de la liberté ? Et de la censure ?

Pas grand-chose donc. Mais une envie de découvrir, oui. Autrement.

Visages et corps s’imposent à mes yeux, dans beaucoup de ces œuvres.

Dans tous leurs états : de la nudité au vêtement qui cache.

Certaines des œuvres retiennent mon attention.

Ici, des cheveux, de vrais cheveux, accrochés sur un grand cadre-miroir, où l’on se voit. Et à côté : un autre cadre, montrant la photo d’une femme –  tête rasée – .

Dans cet état, elle peut paraître – sans avoir à cacher ses cheveux - ?

Faezeh Afchary-Kord (une amie de Laurence et d’Hugues, iranienne, et artiste qui réalise des porcelaines) me dit : « oui, les cheveux de la femme sont mal vus en Iran, ils ont une connotation sexuelle, ils doivent être cachés … oui »)

Là : une autre œuvre capte notre regard à Laurence et moi.

Grand format (150 cm x 150 cm). Au premier coup d’œil, difficile de déterminer ce que ça représente. Du relief, c’est évident, du souci du détail et de finesse : une multitude de petites « marques noires » sur fond blanc (écru ?) … qui forment comme une écriture ?, en cercles, multiples, se resserrant, avec, au centre, une forme – « froissée », et un creux qui se dessine, vertical. A regarder de plus près, la matière se précise: du tissu – blanc -, et des fils – noirs – , cousus. Et l’image du sexe féminin, m’apparaît évidente.

Œuvre touchante – belle et fine – où je perçois une dimension universelle : le lieu de l’identité de la femme, son lieu de conception et de naissance.

Et ces petits fils cousus évoquent en moi aussi une idée de bouche cousue – des lèvres cousues ? – la parole, l’expression, la pensée, opprimée, enfermée, censurée ? …

 (Photo 1 : Mariam Ashkanian Ganjah, « Epitome 1 » – embroidery – 150 cm x 150 cm)

 Encore une autre œuvre ici :

Une photo d’une femme, œuvre carrée (110/110 cm). La photo, en grand, en damier noir et blanc, cadrée « photo d’identité ». Reproduite, en multiples exemplaires, (des rouges, des noirs), plus petits, et des noms, des adresses, des cases à remplir, des gros traits rouges, – comme des chemins qui se recoupent, se croisent, en « circuit » fermé … comme un labyrinthe – pas d’issue possible – où la personne ne serait réduite qu’à une photo d’identité – où la personne, dans ce labyrinthe de gros traits au marqueur rouge, perdrait SON identité - en recherche d’identité, de liberté (un visa ? une envie de quitter son pays ?) – … quête-perdue-dans-un-espace-étriqué-trop-cadré-circuit-fermé ? – …

 (Photo 2 : Mahdockht Kasaei Nasab, « I have gotten lost my own maze » – 110 cm x 110 cm)

Ce dimanche aussi, table ronde autour du théâtre en Iran : méconnu ici.

Et : « Untitled » (du 16 au 19 décembre) : des lectures publiques de pièces iraniennes, traduites en français, et portées, dites par des comédien(ne)s.

Ce dimanche, 2 lectures, j’évoque le second texte lu, qui réunit 5 femmes.

« L’espace scénique » dépouillé, pas de décors, les 5 femmes alignées devant le public, dans une pièce qui s’étire très étroite et très longue.

Huis-clos, 5 femmes, trois générations, qui s’expriment, dans cet espace: un appartement, dans une ville : les murs invisibles de cet appartement, qui s’incarnent dans les murs de la pièce étroite et longue où on se trouve, les murs qui coupent du monde extérieur, cet espace où l’on ne peut s’exprimer « librement ».

Je regarde, j’écoute, et je « sais » – ou plutôt : je sens – …

Ce que je ressens, ce que je pressens, ce que je perçois, à travers toutes les œuvres de ces  40 jeunes femmes artistes iraniennes, et ces lectures de pièces :

Pas La Grande Histoire. Non.

Mais « les petites histoires », dans la Grande.

Ce que je sens, ce que je vois, ce sont des œuvres, de jeunes femmes, qui expriment des messages forts, des vécus, des émotions.

Leurs émotions – exprimées – par elles en « huis-clos », dans un cadre oppressant – opprimant – mais par là même aussi stimulant? – … des émotions ressenties, à l’extérieur, hors leurs frontières, hors du cadre de la censure, … ressenties ce dimanche 6 décembre à Tour et Taxi, à des milliers de kilomètres du pays où ces œuvres sont nées …

La censure et les pressions exercées sur les femmes particulièrement en Iran, n’arriveraient donc pas à mettre à genou leur soif de liberté ? Les sentiments d’isolement, et d’enfermement, qui découlent logiquement de cette censure, et que peuvent éprouver ces femmes, forcent et stimulent – aussi – peut-être – leur imaginaire ?

Et à travers ces « petites histoires », ces œuvres, ces textes : des questions universelles : l’identité (féminine), la quête de liberté, le rapport au corps et à l’espace, cet espace où nous évoluons – tous – et qui aussi nous relie.

Et me fait dire - aussi – la nécessité que nous avons, de prendre conscience de cet espace, de notre environnement, et l’importance de pouvoir s’y mouvoir et s’y exprimer librement, et en harmonie avec les autres, et avec soi-même. Question d’équilibre en soi … et dans le monde ?

L’expo « Unexposed » n’est plus visible à Tour et Taxi depuis le 25 décembre… (le chef mayaque aurait pu publier plus tôt, ndlr)

Anouk Brouyère

PS : Plus d’infos sur ces pièces, ici : http://lecturesmaps.wordpress.com/16-decembre-2012/

catalogue-expo-iran-16-12-2012-002-fb-blog-300x224 dans connaitre le monde Mahdockht Kasaei Nasab, « I have gotten lost my own maze » – 110 cm x 110 cm

 







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