Les « draps » 2,50 sur 70 de Véronique Debliquis, voir ci-dessous
La participation à l’organisation de TLP, c’est « MaYaK arrière-pays », « MaYaK société ». Les éditions, c’est « MaYaK bord de Mer », MaYaK solitude, retrait et préparations… « Solitudes en sociétés » : le thème du MaYaK5 qui se prépare en continu et qui sortira (bientôt et avec un peu de retard…) Cette année à TLP, l’intervention du GE ! s’est portée sur l’étage de la « Halle aux Draps » sur la Grand Place de Tournai (imposant bâtiment gothique reconstruit après les bombardements de 1945 et où se tient TLP depuis de nombreuses années). Étage traditionnellement déserté des visiteurs absorbés par l’offre du rez-de-chaussée… Problème concret. D’espace, de circulation dans l’espace. Comment concevoir à l’étage un lieu homogène où des espaces variés s’appellent ? Je détaille ici quelques idées que nous avons essayé d’appliquer. Au rez, un vaste espace central, entouré, sur tout son périmètre, de galeries à colonnades ; à l’étage, il y a ce pourtour (longs couloirs fermés du rez par des fenêtres) et une salle de cérémonies sur le devant. Une verrière recouvre le vide central. Rez et premier étage sont séparés, en hiver, par un velum en toile. Le bâtiment majestueux est comme coupé en deux ; on ne voit plus l’étage depuis le rez… (en discutant avec Jan Godyns, architecte et prof à Saint-Luc Tournai, abordant des questions de scénographie d’espaces publics, il était apparu directement qu’il fallait enlever le voile pour faire sentir au visiteur la majesté de ce bâtiment). Jan faisait de petits dessins montrant comment une circulation pouvait se faire à l’étage. Une discussion avec des professionnels fait avancer les choses ; en particulier avec Jan qui s’impliquait généreusement. Ce projet d’aménagement, de pensée de l’espace est assez… exaltant…Se dire qu’on peut organiser un lieu, y laisser des signes, l’ordonner, lui donner du mouvement… Au lieu de considérer ce lieu, en particulier l’étage, comme une contrainte, il fallait le faire apprécier aux visiteurs. Le slogan – « Promenons-nous dans la Halle » – est vite venu…
Nous avons déterminé des espaces, en cet étage dissuasif : « Conservatoire de la voix » (lieu des lectures des élèves du Conservatoire de Tournai), « Tables rondes », « Des éditeurs qui vous parlent » (grande table organisée par Sylvie Cuvelier, où 8 éditeurs importants : Nature&Progrès, Aden, Ceriser, Lansman, Esperluète, Daily Bul, L’âne qui butine, CEC avaient fait des dépôts et où on pouvait entendre certains d’eux s’exprimer sur leurs choix de dépôt) ; « Village des écrivains » (où des auteurs sans éditeur au salon présentaient leurs livres) ; « Expos » ; « Cuisine du monde » (avec une sympathique famille cambodgienne (dans le genre, nés ailleurs, ils cuisinent ici…) qui proposait pas loin du village des écrivains, une série de plats délicieux…) ; « Cuisine bio Dôrloû » (important la présence de cette ferme, noyau N&P (voyez nos liens et devenez membres) du pays des Collines, pas loin de la table d’éditeurs réunis où on trouvait des livres de N&P, pour rappel : première association écologique du pays, avec plus de 7000 membres et des locales, réseau associatif inouï) ; « Arbres à paroles des écrivains publics » (un espace dédié aux écrivains publics de Tournai, très actifs dans la ville (une autre pratique de l’écriture, plus sociale)) et présents à chaque salon : expo de leurs travaux dans la prison ou dans les quartiers, projection vidéo, table pour ateliers d’écriture, pommes bio gratuites (apportées par le Dôrloû) à ceux qui laissaient un petit mot sur l’arbre, ce qui leur aurait permis, peut-être, de gagner des livres (achetés aux éditeurs présents). Espace ateliers : enluminure (Dorothée van Hona) et reliure récup (Broleskine et Corinne Clarysse).
Deux éditeurs en plus à l’étage : MaYaK/Phare Papier (l’édition de pointe en Europe) et le Club des Créateurs Contemporains : table qui réunissait des initiatives éditoriales jeunes, légères et belles… Une signalétique conçue par Véronique Debliquis (dessinatrice et prof de graphisme à Saint-Luc Tournai) signalait au rez ce que le visiteur pouvait trouver à l’étage. Des draps (en papier) de 250/70, accrochés aux arcades du rez (voir photo). Des petits panneaux carrés (30×30) : « promenons-nous dans la halle » reprenant le bonhomme du programme (visuel sélectionné parmi les travaux des élèves de VD) étaient accrochés un peu partout dans la halle. Sur le sol, des autocollants se concentraient près de l’escalier qui mène à l’étage. À l’étage, des panneaux indicateurs signalaient les différents espaces.
Des expos articulées : expo des éditions « La Licorne » qui fait un travail d’ateliers d’écriture en milieux précaires, articulée à une expo sur les figures contemporaines des littératures africaines et des Caraïbes (proposée par CEC, une ONG bruxelloise qui promeut les cultures africaines et à qui nous avions proposé un dépôt sur la table des éditeurs, animée par Sylvie Cuvelier qui avait réalisé des enregistrements auprès de ces éditeurs où ceux-ci expliquaient leur choix de dépôt, ouf, quelle parenthèse importante…), articulée à un travail d’illustration de Hélène Vandenbussche, en cinquième année à l’Académie de Tournai, sur des nouvelles en cours de parution de Jean-Claude Kangomba qui animait une table ronde avec Inkoli Jean Bofane et Maximilien Atangana, le samedi… Oui, cela tient, cela circule… Expo articulée aux travaux des élèves de Véronique Debliquis (Saint-Luc Tournai), travaux pour concevoir une affiche programme…
Bref, une certaine cohérence.
Hugues Robaye