Enfances de l’art ; à propos de HERVÉ YAMGUEN et d’autres :-)

21072019

ea1 ea3 ea8 peintures murales de Hervé Yamguen ; atelier de Seydou Sanou au Conservatoire de BXL

Hervé Yamguen, dans une grande ville africaine, Douala au Cameroun : quelle est la place d’un artiste dans la ville, dans la société ; comment intervenir ? Comment engager ses forces, sa « nécessité intérieure » d’artiste dans une vision du monde, a « complex vision », as said the great JOHN COWPER POWYS, ce mage celte hallucinant…

Comment toucher les gens, comment les faire réfléchir à un avenir ? Comment s’engager sans trahir sa nécessité intérieure (Kandinsky) ?

« Mécontentement joyeux » ! Être toujours comme un enfant adolescent, un soleil qui se lève nouveau chaque jour… Ne jamais accepter l’état de fait, le matter of fact

Susciter, proposer à la vue, aux sens, à l’intelligence : une certaine vision du rôle de l’artiste.

Et tenir bon aussi car c’est pas facile de « gagner sa vie » que pourtant une Mère nous a donnée…

Hervé Yamguen, animant un quartier d’une grande ville africaine, est aussi notable dans son village natal, réfléchissant et partageant sa réflexion au sujet de cette dynamique entre traditions et présents multiples, entre Cameroun, Afrique et monde…

Tout cela est, oui, politique, au sens le plus signifiant du mot.

Et je suis donc ravi de poursuivre avec Hervé Yamguen et le poète Kouam Tawa un échange de visions qui se déposera dans un livre à venir chez Phare Papier (Flobecq) !

Projets passionnants, « merveilleux » (toujours selon ce principe de DH LAWRENCE : être habité de projets qui dépassent notre petit moi :-) ), vitaux, simples et justes…

À Lessines, le 3 août 2019, en compagnie de SEYDOU SANOU (BF), n’goni & balafon et FRÉDÉRIC WILLIAUME (B), sax…

HR

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Les « Rencontres à Touvent » (Sivry), 28 avril 2019. Avec MaYaK !

23042019

Touvent2 Touvent3 touvent 7 Touvent, photos : Frédérique van Leuven

À Tournai, il y a ce lieu fourmillant : « La pépinière », où pratique du potager et de la pensée se fertilisent (avec en vue, souveraineté et ceinture alimentaires) ; les idées semblent germer mieux quand l’homme est en contact étroit avec la nature, et ventilé par elle : des idées sensibles, transformatrices, des visions du monde, visions complexes comme les appelait John Cowper Powys.

Je songe aussi à l’éco-centre « Oasis » de Ghlin, centre d’écologie appliquée où Rino Noviello et ses associés réalisent un(e) « oasis » au sens de Pierre Rabhi : un lieu qui pourrait être déshérité mais est réenchanté par des volontés humaines allant dans le sens du Tout, du Beau et du Bien (comme dirait Goethe en l’occurrence…).

À Touvent, hameau de Sivry (Hainaut belge), se sont installés Frédérique van Leuven et Thierry Génicot. Ils y ont aussi aménagé leur « oasis » ; où ils se ressourcent, y pratiquent la permaculture et commencent à y organiser des rencontres :

« Soigner les lieux pour soigner le monde ». C’est la question que nous proposons de partager à Touvent, un hameau anciennement densément peuplé, aujourd’hui réinvesti par quelques rares habitants, amoureux d’une nature encore un peu protégée.

Il y a mille et une façons d’aimer un lieu. On peut choisir de s’y retrouver seul, ou en famille, avec des amis, de participer à une coopérative… D’y cultiver des fleurs, des légumes, ou des plantes médicinales. Y trouver refuge, faire le vide, écrire de la poésie, courir dans les bois, sentir tous les vents contraires qui tournent autant que les milliers de questions du monde.

Nous vous y invitons à y rencontrer, une fois par mois, des femmes et des hommes, artistes, poètes, soignants, philosophes, cultivateurs venus de tous les horizons, qui nous raconteront comment chacun.e a inventé une façon d’habiter un petit bout de terre et d’y « tenir debout ».

À Tous Vents, ce 28 avril 2019, notre premier invité nous amènera un souffle chaud venu d’Afrique. Hugues Robaye habite une petite ferme à Flobecq. Il y a fondé la belle revue-livre MaYaK. Son action locale, qu’il définit comme l’ « écophilie », « recherches aimantes sur les lieux habités », l’a mené du fond du Hainaut jusqu’à un autre continent, dans un village un peu perdu du Burkina Faso, en voie de jumelage avec Flobecq.

« Je travaille actuellement cette question : Mort, résurrection & insurrection des villages. Une solution au consumérisme productiviste, grand ravageur de psychologies humaines et de milieux naturels, nous viendrait-elle des villages ? Comment les villages burkinabè, fermes familiales & pauvreté, richesse des peuples, sobriété heureuse ou simplicité volontaire, nous fourniraient-ils une sorte de « modèle » nous invitant à repenser comment nous habitons nos lieux ? »

Le dimanche 28 avril :

Visite du potager en permaculture à 16H30

Rencontre avec Thierry Génicot & Hugues Robaye, à 17H30

Entrée libre et sans réservation

Touvent7 Touvent6 Touvent5  HR et Blanche, photo : Ladida Brecht. Touvent photo : FvL




Affectivité mayaque

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couverture LDP 11 avril image JPEG

Il y a une affectivité mayaque. Une manière de se laisser toucher, émouvoir par l’autre, par tout ce qui n’est pas notre corps dans ses limites floues et ses extensions infinies. L’affect, comme l’action des lumières qui touchent les papiers photographiques et l’âme du maître photographe qui intervient… Dans la démarche mayaque, dans l’enquête mayaque, dans l’organisation mayaque, cette affectivité est au cœur ; il s’agit d’une certaine relation au « savoir », prudente (dans le sens aristotélicien de la prudence qui fait que la personne est attentive aux différences et se conforme à elles pour approcher avec délicatesse l’autre) ; comment en effet approcher l’autre pour le sentir, le percevoir, effleurer ses silhouettes, fixer un moment – illusoirement – ce qu’on a perçu de lui, en une expression artistique, un texte, une image, etc. ? Une affectivité mayaque, une sensibilité à la fragilité des phénomènes, une bienveillance eu égard à cette mortalité que porte chaque chose en elle. Je reste imprégné par la manière dont les Grecs appelaient les hommes « des mortels » tout comme par cette prise en considération fondamentale par le philosophe Heidegger de l’être à la mort…  Phénomène : cet autre qui apparaît, que nous ne connaîtrons jamais mais en compagnie duquel nous aménageons une rencontre, un croisement éphémère. Toujours dans un hors-cadre. Sans formalisme, en essayant d’écarter les formalismes. Toujours nus. Toujours dans la vie, un savoir vital, généreux, gratuit, dans l’humour et l’amour. Écarter la peur (méditation tantrique continue, imperceptible), faire en sorte que la peur n’apparaisse même pas ; être rayonnant, être « aristocrate du soleil » (DH Lawrence) car la rencontre de l’autre devrait y porter. Être accueillant, hospitalier, amical. Dans un échange naturel d’énergies qui se partagent (taoïsme).

Sans doute les circonstances me font penser à cela : la semaine prochaine, arrive en Belgique celui qui m’a confié les archives de sa mère spirituelle, Annie Van de Wiele. Je me souviens de ce voyage à Miradoux, dans le Gers, cette « Toscane française » où s’intégraient mes pensées du moment. De Charles Oliver Cooper qui me détaillait précisément le contenu de ces caisses d’archives qu’il m’avait préparées avec soin. Archive est un mot poussiéreux qui pourtant contient tout une vie intime accessible à peu. Je remontais en Belgique et j’explorais ces documents d’où émanait une vie audacieuse qui se formaient, en ce temps d’études, devant mes yeux, la vie de la première femme à avoir fait le tour du monde en bateau, puis à avoir réalisé – avec « son capitaine » – des rêves (hors cadre) ; cette vie, une sorte de modèle, dans le sens où elle questionnait et questionne(ra) les nôtres ; un point de repère suggestif. Là, c’était dans le cadre de mon travail rémunéré que cette affectivité mayaque se faisait sentir, débordant ce cadre. Il s’agissait pour moi de recomposer la vie d’une femme que je n’avais pas connue et qui devenait une amie posthume. Je devenais un gardien de sa vitalité qui survivait à la mort, me nourrissant de ce qu’Annie avait laissé, exprimé de sa vie…  

Autre circonstance englobante, le vernissage du « Lointain de Près : un Iran de jeunes graphismes » au terme de ces semaines de recherches sur les cultures perso-iraniennes, en dialogue avec Faezeh Afchary-Kord et un réseau de liens qui s’est amplifié jour après jour. Ces jours en pleine affectivité/sensibilité mayaques, où je mettais en page un catalogue livre qui jour après jour enregistrait des trouvailles visant à faire sentir ce lointain : la société civile iranienne. Le grand mage John Cowper Powys, conférencier survolté, se disait un « charlatan de la culture », de ces hommes qui vantent avec un enthousiasme communicatif des potions qui font mieux vivre, et lui, ses potions, c’était Homère, Héraclite, Thomas Hardy… qu’il incarnait dans sa parole et son corps animé, gesticulant, possédé, hors cadre académique… Je garde ce modèle précieusement. Au fond, ce travail dans la gratuité et l’amitié conjuguées est sans doute le plus important. Des soutiens, des sympathies viennent d’un peu partout et c’est comme si on inventait en contact avec toutes ces matières – que ce soit les récits de vie d’Annie ou cette récolte et composition de détails vivants qui forment au bout du livre un Iran –, c’est comme si on avait la puissance (DH Lawrence) d’inventer un monde où l’échange avec l’autre se fasse dans la tranquillité, la bienveillance, la lenteur, la surprise, l’étonnement, l’amitié, la pensée des différences et des complémentarités, dans un jardin éternel.

Hugues Robaye




Intervention culturelle de salon

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grardenentier.jpg Gérard de Sélys dédicace un livre à l’heureux gagnant, encore anonyme, d’un concours d’écriture au salon des livres de Tournai, 2010

Une amie chinoise, Yudong, me dit parfois : « Hugues, tu t’amuses ! », quand je lui parle des « interventions culturelles » de Phare Papier/MaYaK (revue-livre, cabanon d’édition, cabanon d’expo, blog, site, événements). D’elle qui gère un restaurant et était, en Chine, anesthésiste réputée, cela me paraît assez juste de dire cela, moqueuse complice, et je me réjouis qu’un travail plutôt prenant (MaYaK etc.) soit lié à de l’amusement et de la légèreté… J’aime bien me répéter sa remarque qui me fait sourire et a la vertu de donner de la distance à ce travail que nous faisons sur des formes culturelles. Alors, je pense aussi à John Cowper Powys qui se disait « charlatan de la culture » – vendeur de potions magiques – lui qui, dans ses conférences, faisait revivre, avec force gesticulations, le monde de Shakespeare, celui de Rabelais, de Whitman, de Lawrence, etc. Lui qui dansait ces textes vivifiants, et les faisait corps. Corps magiques. Énergies irradiantes… 

Intervention culturelle, disions-nous. Dernière intervention : la participation à l’organisation du salon des livres et des éditeurs de Tournai, « Tournai La Page ». C’est fini (c’était le 13 et 14 novembre). Rien n’est fini. Oui, en fait que sait-on de ce qui s’est passé ? Commence, secret /volontaire/ un travail de digestion, d’assimilation de cette énergie, de ces énergies, que les rencontres multiples de ces deux jours ont amenée(s).  Une méditation, une légère brume qui accompagne chaque instant de nos vies…

Hugues Robaye

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David Herbert Lawrence

29052010

p52900070140cm.jpg Deux amis qui squattent la potterée, siège de l’association GE!

Kenneth White écrit que, quand il est dans sa bibliothèque, il se sent entouré d’amis. David Herbert Lawrence serait pour moi un ami très intime. Je l’ai beaucoup lu (et le relis). Il y a quelques années, j’ai commis un texte qui est resté dans mes tiroirs mais que quelques personnes ont aimé. C’est comme une intro à Lawrence, une visite guidée… 

Il s’agit aussi d’un service rendu…

Hugues Robaye

Le voici:  David Herbert Lawrence dans David Herbert Lawrence pdf d’où partait Lawrence.pdf




LIN Yutang, agitateur vital

14022010

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Je suis en train de lire LIN Yutang.

C’est une sorte de philosophe chinois, un penseur qui a écrit sur l’art de vivre en Chinois, si je peux écrire cela. 

Il y a, heu, oui, vingt ans, j’ai étudié la philosophie et depuis je n’ai plus beaucoup lu de livres de philosophie, un peu par paresse, mais aussi parce que ce qui m’avait orienté vers cette « discipline », c’était la parole d’un prof, très animée, très habitée ; la voix : l’âme « à fleur de » peau, formée, exprimée, poussée par le corps… En fait, avec leur développement systématique et logique, beaucoup de textes de philosophie déçoivent en moi le plaisir que j’ai à lire une langue où la phrase invente à même le mot, à même les associations de mots… Une dimension poétique me manque alors ; cette recherche continuelle d’expression stable, du moins provisoirement… À la fois un peu stable et en devenir… Expression insatisfaite d’elle. Certaines langues philosophiques me paraissent ennuyeuses et trop sûres d’elles et puis pas assez à se mouler dans la vie qui vient ; voilà ce qui cloche. 

Récemment j’ai découvert un couloir secret reliant mon bureau (à la Bibliothèque Royale de Bruxelles) à la librairie chinoise « La grande muraille ». Je descends neuf étages, emprunte un couloir-tunnel en béton (évacuation et chaufferie), éclairé par des néons, aboutis à un garage souterrain dont je remonte la pente et sors à l’air libre à 30 m de la librairie. L’opération prend quelques minutes seulement. 

Il s’agit là d’une forme d’évasion. En quelques minutes, je me retrouve entouré de livres chinois. 

Donc l’autre jour, sur une table, il y avait ce livre de LIN Yutang : L’importance de vivre (1937). Un titre du genre L’art du bonheur de John Cowper Powys… 

Né en 1895 et mort en 1976, l’auteur est un Chinois lettré qui a émigré aux Etats-Unis et a écrit plusieurs livres (qui ont eu beaucoup de succès) sur le mode de vie chinois. Philosophie, oui, mais à la chinoise : sans développements systématiques, ouf ! Une philosophie basée sur des anecdotes ou des citations de penseurs célèbres. Une philosophie visant à éclairer assez pratiquement la vie de tout un chacun. Mais plus subtilement que des traités du genre : « le succès dans les affaires en 10 leçons »… 

La « méthode » de LIN Yutang est résolument pseudo-scientifique. Il commence par présenter des attitudes de l’homme qui lui paraissent importantes : réalisme, idéalisme, sensibilité, humour. Différents les uns des autres, Anglais, Français, Japonais, Russes, Américains et Chinois constituent des dosages variables de ces attitudes (qui sont aussi des points de repères pour chacun…). 

Il s’attache plus loin à cerner l’attitude chinoise qui oscille dans un jeu d’équilibre entre confucianisme et taoïsme… Sentiment profond d’appartenir à la Nature, au règne animal, attention aimante à notre corps pour connaître toujours mieux les actions-réactions délicates de ses organes et réfléchir à la nourriture qui lui convient ; fort réalisme pour modérer les exagérations idéalistes qui rendent malheureux ; culte de la « voie médiane », du juste milieu qui tempère les excès perturbateurs ;  sentiment de la fragilité et des cycles de la vie que les générations – enfants, adultes, vieillards qui nous entourent – nous rappellent constamment. Sens de l’humour généralisé et méthodique ; d’abord envers soi-même… Recherche de simplicité dans la vie. Idéal du vagabond humain, toujours un peu rebelle, etc. : de page en page, le lecteur attend le nouveau trait qui précisera ce portrait suggestif. 

Bref, un recueil organisé de « leitbild » – je reviens toujours à cette notion héritée de EF Schumacher : d’images directrices puisées aux traditions chinoises, images au centre palpitant d’anecdotes anciennes ou contemporaines; tableaux entre poésie et philosophie, dynamiques, qui font imaginer une vie en devenir, la nôtre… 

LIN Yutang, L’importance de vivre, Picquier Poche, 11 euros seulement pour 493 pages de remise en question…

Hugues Robaye

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Travail, détails, ombres au jardin chinois de Paradisio (Hainaut belge)

 







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