Jean-Claude Kangomba chez Thierry Umbreit dans une classe de texte-image à l’Académie des Beaux-Arts de Tournai
8052011JCK et le Chef mayaque modèles d’Académie
Chassé de chez lui (du Katanga) par une sorte d’épuration ethnique, un homme part sur les pistes, pour rejoindre le Kasaï, une région qu’il ne connaît pas mais dont sa famille et ses ancêtres sont originaires. Il y a presque vingt ans de cela. Jean-Claude Kangomba raconte cet exil dans deux nouvelles (Une odyssée ordinaire et Missive du camp de la mort) que Thierry Umbreit qui nous accueille, ce 6 avril vers 10h15, devant le porche de l’Académie des Beaux-Arts de Tournai (Belgique), a donné à lire à ses étudiants de texte-image.
À lire et à mettre en images justement.
C’était il y a presque vingt ans au Katanga (un an avant les horreurs du Rwanda) et vendredi dernier à Tournai et pour toujours dans la mémoire de Jean-Claude qui dit aux étudiants : « Perdre tout (du moins les objets que j’avais, mon travail, ma villa, ma situation enviable), cela fait réfléchir ; on n’est plus comme avant, on est moins attaché au superflu : on a dû partir sur les pistes avec des boussoles, abattre des arbres et les élaguer pour passer une rivière dont le pont a été dynamité – une auto parfois reste coincée entre les troncs glissants de ce pont de fortune… Repérer les tireurs isolés, etc. » Il fallait écrire cette expérience-limite. Bientôt un recueil de nouvelles, édité chez Actes Sud…
Les étudiants avaient donc lu ces deux nouvelles tombées du ciel (ou de l’enfer) et c’était touchant de voir comment ils voulaient comprendre mieux et interrogeaient JCK sur ce « fait d’actualité », vieux déjà mais toujours actuel. Thierry avait suivi le processus de création de ses étudiants, avait entendu leur doutes et questionnements et les incitait à en faire part à Jean-Claude. Ce dernier expliquait et entrait dans des détails précis : il décrivait ce camp de réfugiés à Mwene-Ditu sur lequel MSF veillait. Ces milliers de tentes autour de la gare de la ville kasaïenne, cette promiscuité qu’il ne parvenait pas à supporter. Après quelques jours, il vit passer, devant lui, par hasard (il y a là plus de cinq cent mille réfugiés), une de ses cinq filles transportant un peu d’eau. Il n’en croyait pas ses yeux, car cette fille, sa fille, avait un visage marqué et était squelettique, avec un gros ventre de mal nourrie. Camp où la seule solution qu’il trouve est de boire de l’alcool de canne pour assommer la douleur de voir cette misère et d’où il part, emmenant sa famille, quelques jours plus tard…
JCK animait une table ronde au salon du livre de Tournai en novembre 2010 et jouait de la guitare électrique dans le concert « Writers meet musicians » (voir plus bas dans le blog). Cette visite de vendredi à l’Académie : donner de nouvelles formes à cette rencontre entre l’Afrique et Tournai… Une rencontre mayaque soutenue par le service de la Promotion des Lettres de la CFB.
Les travaux des étudiants seront exposés au prochain salon du livre de Tournai, à la mi-novembre…
Hugues Robaye
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