Intervention culturelle de salon

15112010

grardenentier.jpg Gérard de Sélys dédicace un livre à l’heureux gagnant, encore anonyme, d’un concours d’écriture au salon des livres de Tournai, 2010

Une amie chinoise, Yudong, me dit parfois : « Hugues, tu t’amuses ! », quand je lui parle des « interventions culturelles » de Phare Papier/MaYaK (revue-livre, cabanon d’édition, cabanon d’expo, blog, site, événements). D’elle qui gère un restaurant et était, en Chine, anesthésiste réputée, cela me paraît assez juste de dire cela, moqueuse complice, et je me réjouis qu’un travail plutôt prenant (MaYaK etc.) soit lié à de l’amusement et de la légèreté… J’aime bien me répéter sa remarque qui me fait sourire et a la vertu de donner de la distance à ce travail que nous faisons sur des formes culturelles. Alors, je pense aussi à John Cowper Powys qui se disait « charlatan de la culture » – vendeur de potions magiques – lui qui, dans ses conférences, faisait revivre, avec force gesticulations, le monde de Shakespeare, celui de Rabelais, de Whitman, de Lawrence, etc. Lui qui dansait ces textes vivifiants, et les faisait corps. Corps magiques. Énergies irradiantes… 

Intervention culturelle, disions-nous. Dernière intervention : la participation à l’organisation du salon des livres et des éditeurs de Tournai, « Tournai La Page ». C’est fini (c’était le 13 et 14 novembre). Rien n’est fini. Oui, en fait que sait-on de ce qui s’est passé ? Commence, secret /volontaire/ un travail de digestion, d’assimilation de cette énergie, de ces énergies, que les rencontres multiples de ces deux jours ont amenée(s).  Une méditation, une légère brume qui accompagne chaque instant de nos vies…

Hugues Robaye

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Précédents

19012010

Producteurs associés aux Gasap          

Fin 2006 était lancé, à l’initiative de l’asbl Le début des haricots, le premier Gasap (Groupe d’achats solidaire de l’agriculture paysanne) de Bruxelles. Ce dimanche, c’est quelque 25 Gasap  qui étaient conviés à l’assemblée générale du réseau qui les relie. Public varié, membres de Gasap donc, mais aussi sympathisants et  producteurs.

La table ronde qui réunissait les producteurs partenaires fut sans doute un des grands moments de la journée. On y percevait des différences d’appréciation ( de l’opportunité de labels bio, du rôle de surveillance de l’autorité étatique… versus une relation de proximité et de confiance entre producteurs et consommateurs ), mais tous mettaient en avant la finalité humaine de leur activité et la richesse humaine des rapports avec les membres  des Gasap, comme sens à leur travail.

Il arriva aussi que l’un ou l’autre évoque, à propos de son itinéraire personnel d’agriculteur, l’importance d’un maître ou simplement d’un membre de sa famille, telle cette grand-mère qui connaissait tout de la fabrication du fromage… Ces évocations me paraissaient importantes. Comme le regrette Hervé B.,  jeune participant à des démarches de l’après-croissance*, dans une interview à paraître dans le prochain MaYaK: « la culture des précédents existe très peu dans le monde associatif [ ... pourtant si] je lis Small is beautiful de Schumacher aujourd’hui, même si c’est d’un point de vue différent, ben voilà, tout est écrit là… »  Olivier S, du Début des haricots, lui aussi participant aux démarches, renchérit: « Je dirais que c’est là que le bât blesse. On ne se raccroche pas assez à ce qui existe déjà ou a pu exister, on aurait besoin d’une mise à jour historique. Il y a un gros travail à faire au niveau de l’histoire… »

Il y a une parenté évidente entre le mouvement des Gasap et celui des partisans de  la décroissance, dont les analyses autant que la sensibilité  conduisent à un retour à une agriculture paysanne de proximité. Dans le prochain numéro de MaYaK, une enquête sur la décroissance avec des éléments d’analyse, mais aussi des réflexions de participants aux démarches estivales, la construction d’un Gasap de quartier vue de l’intérieur…

Xavier Vanandruel.

*depuis 2007 en Belgique, des marches estivales à étapes, appelées démarches de l’après-croissance, se veulent une manifestation de  vies qui, tenant compte de l’épuisement de la terre, cherchent à retourner  à des valeurs essentielles 

 




Vardan Hovanassian

23062009

  

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Cet après-midi j’avais rendez-vous avec Vardan Hovanassian, Arménien et joueur de duduk, instrument à anche double proche du hautbois.

La télévision est allumée dans l’appartement où il me reçoit, au dernier étage d’un immeuble à Jette. On voit à l’écran le reportage d’une fête à Musaler, à l’ouest d’Erevan. Dans une trentaine de casseroles au niveau du sol se prépare le hach, plat traditionnel qui a pour base un os à moelle qu’on fait fondre. Les riches mangeaient la viande, on récupérait les os, commente-t-il. Je connais, je réponds, il y a ça aussi dans une chanson de chez nous qu’interprétait entre autres le groupe flamand Rum, Maschero : « ils mangent la viande et nous laissent les os, ali, alo… ».

Je suis venu voir Vardan pour qu’il me conseille à propos du voyage que je projette en Arménie. L’atmosphère gagne en cordialité lorsque je lui apprends que j’ai été un peu musicien et qu’il me donne en souriant la mention passable pour le petit test de langue russe auquel il me soumet. C’est dit, il essayera de me renseigner des logements chez l’habitant. Lui-même retourne cet été dans son pays d’origine ; avant cela, il donnera des concerts dans plusieurs pays. A Bruxelles, il sera le 11 juillet au festival Brosella au sein d’un groupe appelé Harman, avec des musiciens turcs. Je lui demande si jouer avec des musiciens turcs n’est pas un problème. Non, me répond-il, je les connais et les estime, nous sommes entre musiciens, pas sur le champ politique. Bien sûr, j’aimerais que les autorités politiques turques reconnaissent le passé ; mais je ne pense pas qu’ils le feront, il y aurait trop à réparer… 

Xavier Vanandruel




A vélo vers deux fermes paysannes

22042009

Dimanche j’ai visité, à vélo avec Maarten, initiateur d’un Gasap voisin, les deux fermes partenaires de notre Gasap en formation (Gasap: groupe d’achat solidaire de l’agriculture paysanne)

A commencer par celle  de Jean-Pierre Deleener à St-Pieters-Leeuw. On est un peu étonné de trouver cette ferme en bas d’une longue rue résidentielle, à proximité immédiate aussi de l’hôpital Érasme. Jean-Pierre a repris la ferme  au terme de quatre générations  qui élevèrent  vaches, cochons, ou entretinrent un grand verger. Aujourd’hui l’activité est seulement l’horticulture biologique. Jean-Pierre nous montre une sarcleuse et un semoir montés sur roue et à pousser: on ne ne peut imaginer mieux, dit-il, et ce sont des machines solides et inusables. Il poursuit très logiquement: le fabricant en a donc vendu de moins en moins et a fait faillite. La plus grande menace sur les légumes vient des … pigeons de la ville, qui ne laissent rien des jeunes plants de chou, de sorte que Jean-Pierre est obligé de  recouvrir ceux-ci d’une toile translucide.

ferme Jean-Pierre 

Avant de partir nous dégustons un jus de fruit pomme-cerise, riche et délicieux. 

J’étais arrivé là à vélo avec Maarten, et c’est à vélo toujours, à travers le Pajottenland,  que nous repartons vers Bever, à la ferme de Gislene. On est en Flandre, me dis-je en observant une ménagère dépoussiérer, avec un plumeau d’extérieur, ses descentes de gouttière et encadrements de fenêtre.  Un moment, nous devons nous arrêter pour laisser toute latitude à une course cycliste de kermesse. A l’inverse, Maarten manque plus loin d’être renversé par un charroi agricole motorisé. Il relève le numéro de plaque et porte plainte auprès de policiers en camionnette, moyennement intéressés (et à propos: je lis aujourd’hui qu’une cycliste de 43 ans est morte écrasée par un camion, avenue Louise, après deux récents accidents impliquant des cyclistes rue du Trône – je l’emprunte régulièrement, c’est de la folie). 

Notre départ tardif et ces imprévus font que nous arrivons chez Gislene la visite terminée: je demanderai des explications aux autres visiteurs. Belle ferme, et belle région, aux confins du Pajottenland et du Hainaut, non loin de la Potterée et sa base mayaque !  Gislene nous invitera à prendre une tasse de café à l’intérieur, avec une tranche de pain maison  et de la confiture de chez Didier Bellens (le même producteur que pour le jus). Tandis que la conversation suit son cours – il est question de culture de champignons, aussi des possibilités comparées de recyclage de l’aluminium et de l’acier, mais la dispersion des ressources minérales est à terme sans remède, ne peut qu’être ralentie — le compagnon de Gislene pétrit tout naturellement la pâte d’un pain. 

Xavier Vanandruel


 

 




Quand un quartier se dit, se pense. Benoît Verhille et La Contre Allée

6042009

André Dhôtel disait que ce qui importait en premier pour l’écrivain, c’est d’avoir un bon sujet. 

Benoît Verhille (que Xavier Vanandruel et moi avons rencontré samedi, au salon Trame(s) de Fourmies (Nord Pas-de-Calais)) en donne de bons aux auteurs qu’il invite à participer à ses projets… Ainsi, ce livre Chacun sa place, travail collectif réalisé autour de la construction d’une nouvelle place bouleversant un des plus anciens quartiers de Lille (Fives). 

Dans Chacun sa place (La Contre Allée, 2008), une photographe capte au jour le jour la métamorphose du quartier tandis qu’une journaliste rencontre les habitants. Avec ces visions, le livre croise celles d’écrivains, de chercheurs, de musiciens (de ce quartier provient le compositeur de l’Internationale, Pierre De Geyter, et sur le cd qui accompagne le livre, ce chant est revisité). La pratique artistique est en quelque sorte médiatrice, questionnante, en dialogue avec le vécu des gens. Un « art » au service de la cité ou qui fait ou refait cité. De la cité ou mieux, du quartier, cet espace vécu quotidiennement avec tout ses réseaux de rencontres et d’échanges ; bistros, petits commerces, maisons et immeubles, places, marchés, rues dans leurs largeurs et hauteurs, fenêtres ouvertes l’été, chaises sur les trottoirs, trafic et heures de trafic, squares, platanes et chants d’oiseaux plus ou moins étouffés, air du petit matin, atmosphères des soirées, bruits, parcours quotidiens particuliers aux heures. Réseaux circulatoires qu’un projet urbanistique balaie. 

Je mettais art entre guillemets parce que ce n’est pas l’art des galeries mais des pratiques qui sont des formes de savoir, soit d’approches sensibles, perceptives, autour d’une expérience commune ; ici, celle du quartier. Des formes de réaction aussi et de conscientisation… Je parlais plus haut de médiation, c’est que le livre de « Contre Allée » résulte de rencontres, de débats entre ces acteurs : gens des quartiers, artistes, chercheurs. Ils se sont rencontrés, ont échangé lors de soirées ; se sont ensuite croisés dans les rues et reconnus, ont discuté à nouveau… Tout cela orchestré par Benoît Verhille. Et, par exemple,  la mise en fiction du quartier par l’écrivain (qui est aussi une mise à distance) permettait lors des rencontres d’en parler sans animosité, en désamorçant certaines agressivités, en discutant autour d’une histoire. Tandis que les paroles des chercheurs devaient se faire compréhensibles. Tout un travail autour des savoirs. Il s’agissait (et s’agit toujours) de réapprendre (à vivre) ensemble les traits d’un quartier. 

Une initiative d’utilité publique à reproduire, non ?

Hugues Robaye 




In Koli Jean Bofane et les mathématiques congolaises

30032009

J’avais écouté notre ami Jean-Claude Kangomba interviewer In Koli Jean Bofane sur son roman Mathématiques congolaises (Actes Sud, 2008). C’était à la Foire du Livre le 9 mars passé. 

Alors… Un orphelin (ses parents ont disparu dans un massacre) se passionne pour les mathématiques qui lui permettent de cadrer sa vie aléatoire à Kinshasa. Appliquant tangentes, probabilités, statistiques et autre relativité à la vie de tous les jours ; incarnant cela dans un discours impressionnant, il est remarqué par le chef du bureau « Informations et Plan » qui l’engage aussitôt. Une belle carrière dans la manipulation des foules et de l’information s’ouvre à lui… Carrière qu’il quitte (à la fin du roman), dégoûté par les opérations sanguinaires dont il se rend complice. 

Le roman : une galerie de personnages travaillés dans les nuances. Le sergent tortionnaire en repentir (Bamba), le jeune ambitieux (Célio) qui doute et vit un amour rédempteur (avec Nana, la belle, ironique et douce), le prêtre père de substitution (Père Lolos), le haut fonctionnaire sans scrupules (Tshilombo) mais culpabilisé par sa superbe garce de femme (Odia), le sorcier répugnant et clairvoyant (Mbuta Luidi), le peuple débrouillard de Kin  (des aînés (Vieux Isemanga, Mère Bokeke), aux plus jeunes (Gaucher-Dona)). Et un personnage qui hante le livre du début à la fin : la faim (les pauvres mangent un jour sur deux à Kinshasa). 

Ces milieux et ces destins individuels se croisent et ces croisements rythment et relancent très bien le roman, tandis que les personnages gagnent en profondeur. Et puis, il y a la langue de Jean Bofane : familière par moment ; ailleurs, une langue qui dit avec une finesse sensible émouvante le rapprochement solaire (on dirait du Lawrence) des corps, ou la mort aussi, comme celle, lente, approchée de l’intérieur du corps, par les sens, la mort de Bip (suspens)… 

C’est Kinshasa dans toute sa complexité qui apparaît. 

Xavier Vanandruel, qui a enseigné les math au Congo, interrogerait bientôt In Koli Jean Bofane qui les a revisitées dans son livre… N’est-ce pas, Xavier ?!

Et, comme une réponse à l’indétermination mayaque :

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Hugues Robaye




MaYaK, new beat ?

14032009

« Ce n’est pas l’autarcie que nous prônons, mais un art de vivre, un plaisir de vivre face à la mécanisation totale (et nuisible) de la vie et du travail. Je crois que, cuisant notre pain, faisant notre fromage, récoltant nos plantes médicinales, vivant en partie de cueillettes, cultivant nos légumes, faisant les foins, tout en écrivant des poèmes et des articles, lisant des livres, médi­tant et marchant dans la montagne, notre vie est l’illustration du fait que, comme l’exprime si bien notre ami Gary Snyder, « II n’y a pas de contradictions entre une vie matérielle exté­rieure dépouillée et un très haut degré de cul­ture »… »

Quelques lignes de ce petit livre qui arriva un jour par la poste à la Potterée, siège du Groupe Esthéthique ! La maison sur la montagne : une vie d’ermite par Michel Jourdan (Le Relié poche, 9 euros). Michel Jourdan, un homme qui se retira dans les années septante en Haute Ariège et aménagea avec sa compagne, de leurs mains, une grange, habitant poétiquement la Terre… Poétiquement et en accord, en collaboration avec la nature environnante, mais plus qu’environnante (« nous sommes devenus mélangés d’arbres, d’herbes et de torrents »…). Superbe petit livre de celui qui anima la revue « Chaman », avec dans le comité de lecture, notamment, Gary Snyder, Jacques Pimpaneau, Jacques Brosse…

Alors, MaYaK, new beat ? Oui et non, comme la vie, comme le serpent à plumes, MaYaK est insaisissable !

Mais l’amitié est là, Michel Jourdan, qui participera à un MaYaK à venir, écrit à MaYaK ces moments d’un séjour au Laos :

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*




Laurent Mignon : quand un orientaliste fait comprendre le monde contemporain

14032009

« «Art» et «littérature» ne sont pas des termes que l’on associerait forcément avec la Tchétchénie. Il est vrai que nous lisons plus souvent des nouvelles du conflit sanglant opposant les indépendantistes tchétchènes et leurs alliés aux maîtres du Kremlin que des analyses traitant de l’influence de Maïakovski sur la poésie locale. Certes des ouvrages tels qu’Allah’s Mountains: Politics and War in the Russian Caucasus du journaliste britannique Sébastian Smith et Au Caucase: Russes et Tchétchènes, récits d’un conflit sans fin, édité par le chercheur Mateï Cazacu, sont des livres fort intéressants qui incluent aussi des in­formations culturelles de la région. Néanmoins la majorité des ouvrages et articles au sujet de
la Tchét­chénie ont pour but d’étudier le conflit et ses origines et parlent peu d’art et de littérature modernes, fai­sant ainsi des Tchétchènes, par omission, un peuple de barbares belliqueux plus ou moins moyenâgeux. Par exemple, vous chercheriez en vain l’équivalent en tchétchène de «tableau» ou bien «poésie» dans le petit guide linguistique préparé par Nicholas Awde et Muhammed Galaev Chechen-English English-Chechen: Dictionary and Phrasebook, un des rares ouvrages du genre adressé au grand public. Par contre l’intrépide voyageur qui, malgré tout ce qu’il a pu lire, s’aventurerait dans cette république du Caucase du Nord, pourrait puiser dans le manuel des phrases toutes faites telles que «J’ai été violé(e)», «Ne ti­rez pas» et «Ma voiture a été volée». »
[Et l'auteur de se mettre à parler d'une autre Tchétchénie et plus loin, d'une autre Géorgie, puis d'un autre Tatarstan, etc.]

Faire servir sa connaissance des cultures anciennes à une compréhension profonde et nuancée du monde (oriental) contemporain, voilà ce que fait Laurent Mignon (ce Belge qui enseigne les lettres turques à Ankara…) dans Lettres de Turquie et d’ailleurs chez Mémor (maintenant Mijade). Et l’on se prend à respecter le « barbare » qu’on méprisait… Irions-nous jusqu’à relativiser la réussite éclatante du modèle occidental et à réfléchir sur l’avenir du monde ?!  

Belle réussite que ce petit livre vif et salutaire, compilation d’articles parus initialement dans les « Cahiers luxembourgeois ».

Et puis, bonne nouvelle, Laurent Mignon a répondu « oui » à l’invitation de MaYaK.

Hugues




Champs de pavots

8032009

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Monotypes et peintures de Myriam Dib

8032009

Mon travail de recherche est axé sur le portrait, le groupe, la famille à travers la peinture à l’huile et le monotype (technique de gravure à tirage unique).

Je travaille à partir de documents récupérés ou de photos prises par moi-même. À partir de ceux-ci, je réalise plusieurs peintures, plusieurs monotypes. D’une image statique qu’est la photo, je recherche la vie ou la non vie (la mort),les expressions multiples qu’on peut percevoir à travers les traits de quelqu’un ou le corps humain. Je décompose ces documents à force de couches successives de peinture. La mémoire ou l’absence apparaît. Aussi les questions arrivent par rapport à la différence (ou déformation) présente entre  la perception que l’on a de quelqu’un et sa réalité propre. Les différentes couches de peinture apportent l’effacement, un aspect fantomatique de cette mémoire. La forme prime et se fond avec le fond. Tout est en lien.

Je ne représente pas de décor ou de contexte de vie, mes fonds sont monochromes, blancs en général, car l’intérêt est porté sur l’accumulation des expériences vécues à l’intérieur même de l’individu. C’est d’autant plus intéressant quand il s’agit de personnes âgées qui ont sédimenté des souvenirs qui se mêlent et s’enrichissent.

Le processus de peindre couche après couche, donne l’impression que la toile peut aussi faire l’objet d’un effeuillage, d’un grattage pour redécouvrir ce qu’il y a en dessous, ce qui est voilé.

Le temps passé dessus se révèle également et me questionne  sur le lien entre ce temps long pour la réalisation des peintures et le sens de la vie de l’être humain, ses perceptions multiples et paradoxales.

C’est ainsi que Myriam Dib présente son travail, sur son blog (voir nos liens). MaYaK l’a rencontrée en décembre dernier aux Escales hivernales (salon du Livre) de Lille. Elle nous parlait des ateliers qu’elle organise autour de la pratique du monotype (forme de gravure matériellement très abordable), dans différents milieux sociaux. Rencontre orchestrée entre lycéens et adultes handicapés, travail avec des SDF ou des Roms… Une pratique artistique qui se mêle à une action sociale où différents milieux se mettent au dessin et qui débouche sur un travail personnel de l’artiste, décantation de ces rencontres…

Ci-dessous un ensemble de portraits en monotypes. Chacun mesure 11,5×16 cm. Ils ont été réalisé entre 2001 et 2008. Ci-dessus, c’était un travail intitulé « Champs de pavots » 75 x 105 cm. Dessin à la pierre noire + monotype + huile (2007).

L’artiste lilloise participera au MaYaK 4…

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