Terre Habitat: matériaux de construction écologiques

16082011

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À 53 m du centre du (petit) monde mayaque, se livre un commerce particulier. « Commerce », à l’origine, veut dire « échange de marchandises », mais au cours de l’histoire, le mot s’est mis à désigner des relations, des échanges entre personnes. Avoir commerce avec… 

Chez « Terre Habitat », on dirait que le processus sémantique s’est inversé : des relations avec des personnes débouchent, dans la confiance, sur un échange de biens. 

« Terre Habitat », à 53m du… est un magasin de matériaux de construction écologiques, choisis avec une grande exigence et une volonté de les rendre accessibles (le bio pas que pour les riches). Le bénéfice n’est pas la préoccupation première… Vente oui, mais aussi accompagnement dans des projets de construction ou d’aménagements. 

Le magasin se situe, en toute homogénéité, dans les dépendances d’une maison familiale. La famille Detournay expérimente ce que le magasin propose. 

Un tout organique. 

Construire, aménager, habiter, c’est un art (et aussi une pensée de la respiration (la chaux, l’argile) et des relations entre les habitats naturels et les maisons humaines), un projet de vie. Un engagement…  La marche de la décroissance ne s’arrête-t-elle pas, pour des rencontres débats, dans le jardin de « Terre Habitat » ? 

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Le 25 juillet passé, je franchissais ces cruciaux 53m (tout point de l’espace, rappelons-le, est toujours le carrefour d’une multitude de forces ; mais ici, encore plus) pour aller interroger Roumi Detournay, l’intègre animateur (je ne peux pas utiliser une autre appellation) de « Terre Habitat ». Cet entretien occupera une partie du MaYaK 6. Mais je voulais déjà en donner un avant-goût ; des fragments de paroles : 

Terre : « Oui, notre magasin s’appelle « Terre et habitat » : la terre est un matériau polyvalent : on construit en terre, la terre est dans la maison ; nous proposons beaucoup d’enduits à l’argile. L’homme est en contact avec la terre, c’est primordial et nous travaillons dans cet esprit : nous aimons penser qu’une maison sort de terre. Nous sommes en relation avec des personnes qui se sont passionné pour ce mode de construction. Pas loin d’ici, à Bassily (Hainaut belge), une personne s’est mise à construire sa maison en terre puis a bien étudié cela et maintenant c’est devenu son métier : il accompagne des gens qui font de même. C’est quelqu’un qui vient ici au magasin. 

Relier les gens : « Nous sommes en contact avec de jeunes entrepreneurs qui se lancent dans ce genre de construction.Ils sont passionnés, cherchent, expérimentent au niveau des matières et créent même des produits. Je connais les produits par les fabricants mais eux expérimentent et cela ouvre tout un dialogue autour de l’auto-construction. » 

Articles : « Nous proposons des produits pour l’isolation, de la terre, de la chaux, des peintures, produits pour le traitement du bois, des planchers… » 

Étude : « J’ai fait un gros travail d’étude avant de me lancer. Le fabricant est déjà obligé de préciser la composition des produits ; c’est une première source d’information pour moi, facile. Mais cela ne suffit pas et je continue aussi à étudier les nouveaux produits. » 

Sélection : « Je ne suis pas attaché à une marque ; chaque marque a sa spécialité et j’étudie cela pour cerner le meilleur produit dans chaque partie de la construction. » 

Une autre commerce : « Je n’ai pas de formation commerciale préalable. Mon but n’est pas de vendre mon stock. Mais d’informer et de bien comprendre la demande. Je propose toujours 4 ou 5 solutions au client, sachant ce qui convient le mieux. Je lui explique mais il choisit. Le magasin n’est pas grand ; j’ai ici ce que j’ai jugé, sur base de mes études et de ma pratique, comme le meilleur produit. Si le client souhaite autre chose, je commande… » 

Homme de métier : « J’ai travaillé avec mon père qui est entrepreneur en construction (nous avons notamment reconstruit le siège mayaque, à 54 m d’ici). J’ai donc travaillé avec ces matériaux que je vends, maintenant ; je les ai placés ; j’ai appris à les connaître ; j’ai pu les comparer avec les matériaux non bios… Le produit est toujours accompagné d’une notice pour l’utilisation et le placement, mais rien ne vaut les conseils venus de l’expérience sur le terrain, tant les conditions de placement diffèrent toujours. » 

Assister le client : « Au début, j’allais parfois sur place, chez mon client mais cela me prenait trop de temps ! Alors on parle, on se téléphone. Oui, il y a tout un travail d’éducation, de formation. Ces matériaux sont souvent méconnus ; les gens travaillent seuls ; il faut les aider. Dans mon métier, il y a ce côté formation qui se double d’une mise en relation avec des professionnels que nous connaissons bien et à qui nous faisons confiance. Ainsi, un réseau se crée. » 

Le commerce et la maison familiale : « Oui, la maison est à côté. C’est un choix que nous avons fait pour que je puisse rester près de la famille (aux heures creuses, c’est très bien). Et puis, nous expérimentons aussi les matériaux dans la maison. Nous vivons avec ces matériaux ; nous sentons et comprenons mieux quelle différence il y a entre le plâtre et la terre ou la chaux. Les matières naturelles sont complètes, vivantes et polyvalentes : les isolations, par exemple, se combinent en elles : thermique, acoustique. Alors qu’un matériau chimique isole une fonction : il peut protéger du froid, mais pas du bruit… Il est moins cher au départ, mais il faut faire un double travail… Nous avons aussi constaté que la densité des matériaux naturels les rend plus durables. S’ils sont plus chers à l’achat, à long terme, ils sont bien plus « rentable ». Sans reparler du confort vital qu’ils procurent… » 

Le commerce comme un engagement : « Ce n’est pas vraiment un commerce, cet échange s’intègre à notre vie familiale, plus largement. C’est un engagement général, comme l’école à la maison par exemple, ou l’accueil, il y a deux ans, de la marche pour la décroissance qui nous a demandé si elle pouvait faire halte chez nous. Ou comme nos projets d’animations mensuelles, sur la confection de crèmes à partir de plantes ou sur des chantiers précis de restauration où les personnes présentes expérimentent des techniques (la rénovation mur en torchis du siège mayaque par exemple…). Par ces stages, il ne s’agit pas d’ « attirer la clientèle », comme dans les dégustations des grands magasins !, mais d’échanger, de travailler ensemble, de découvrir des techniques… »

Hugues Robaye

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Terre Habitat

Potterée 9, 7880 Flobecq, 068/286654

www.terrehabitat.be 

 

 




Emmanuel Hunt, arborisculpteur

15062011

pottere1362011015ret72.jpg un regard aiguisé

Nous avons parcouru le jardin depuis le sud : examiné le robinier (faux acacia, mais parfumé tout de même !), les bouleaux, le saule têtard filé en hauteur. Puis, au nord, en bordure de friche, les saules Marsault (aux chatons annonciateurs du printemps), qui font comme le têtard ; l’if empoisonné qui étouffe le centre de la friche (les hortensias sont sans lumière…), l’érable taillé à l’horizontal (pour délimiter l’espace réservé au feu) mais parti à la verticale…  Le laurier cerise développé en chandelier, mais trop ; son voisin, un antique sureau en dégénérescence, « beaucoup de bois mort ». D’autres saules qui forment buisson, à côté de l’if, mais partent aussi en hauteur ; le prunus pourpre et ses jets inutiles (avec son carillon chinois, à côté du potager). Enfin, à l’est, la haie de charmes et d’érables champêtres, nécessitant également une taille, « mais à la fin de l’hiver, comme les saules ». La géographie d’un jardin construit et son architecture abandonnée. 

Manu Hunt faisait connaissance avec chaque arbre que je lui présentais. Depuis 20 ans déjà, j’avais planté beaucoup (trop) d’arbres et d’arbustes dans cette prairie devenue jardin et la partie laissée en friche, où croissent cardères, camomille, consoude, ail des ours… et ces fougères particulières que Hunt remarqua bien vite, se referme sur elle-même. Images de plantes carnivores… Je voulais redonner lumière à ce petit milieu où s’asseoir pour apprécier les perspectives, les ouvertures, les lumières. Coin sauvage où un homme se sent hôte maladroit. Mais reconnaissant. Je pensais couper certains arbres mais l’homme qui m’accompagnait, pratiquant la grimpe et la taille douce, n’y pensait pas ! Il regardait les arbres comme on aurait parlé à des amis plus vus depuis longtemps, les interrogeant du regard sur leur croissance entre-temps ! Je veux dire, sur leur évolution… Une écoute et un regard aiguisés. 

Il me disait : « En tout cas, ce qui relie, c’est la sensation, c’est ce que je ressens, perçois, de manière infime et non rationnelle.  Tout le travail (ou la difficulté) est là, dans le ressenti, la perception de la sensation et y coller pour être juste dans ce que je réalise, et ajusté, en lien avec ce qui m’habite, avec la Nature et avec le client. Tout en restant les deux pieds sur terre, ancré dans la réalité. » Manu Hunt ajoutait que sa pratique du dessin et de la peinture le rendait sensible aux formes des arbres, à la composition d’un jardin. Il faisait confiance à son intuition (tendait à la faire correspondre à la nécessité), concernant la croissance future de l’arbre, pour intervenir et débarrasser de branches inutiles ou gênantes un arbre qui allait se sentir mieux…  Il me montra les photos des sculptures spontanées réalisées à partir de tronçons d’arbres expressifs. Parfois, il sculpte un petit objet (un vase par exemple) dans le bois de l’arbre que le client, avec regret, a dû faire couper. « Pour un homme dépressif,  j’ai taillé et presque achevé une sphère en bois, lui proposant de terminer son poli… » Il me mit dans les mains un livre sur les forêts primaires et l’influence de ce milieu sur le promeneur… La conversation avait pris ces chemins inattendus et je me félicitais de confier le jardin, dont la croissance m’échappait, à cet allié bienveillant et non-violent. 

MaYaK dans tout cela ? Eh bien MaYaK, à vrai dire, est indissociable de ce jardin et de sa vie. D’où viennent nos inspirations, ce qui nous pousse à un travail senti comme « ajusté », sinon de l’air qui circule autour de nous et de ses vibrations qui heurtent nos tissus comme un doigt léger sur la peau d’un tambour tendu ? La qualité des sensations que nous procure une maison et un jardin, nous oriente. Pour le GE ! en potterée ou celui en boitsfort (Xavier Vanandruel), le travail part de ce noyau, la maison-jardin, entre Nature et culture… 

Emmanuel Hunt ajouta, en souriant de ce néologisme, qu’il se sentait « jardisculpteur ».

Hugues Robaye 

Emmanuel Hunt  Cord’Elag 

Rue du Marais 15, 7912 Dergneau (Frasnes-Lez-Anvaing) 

0476 637909 ou 069548152 

http://www.agencedesarbres.org/pages/la_taille.htm : la taille douce 







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