Genèse mayaque avec Jacques Faton

25122010

kwmaisondulivre1.jpg le périodique de la Maison du Livre Saint-Gilles

 page118sur2672.jpg Jacques Faton et le MayaK5

Je ne vais jamais les samedis matins à Bruxelles. Je reste, évidemment, dans la belle campagne vallonnée de la Potterée (Hainaut belge), siège du « GE ! ». Mais, ce samedi de janvier 2003,  j’avais exceptionnellement rendez-vous avec le photographe liégeois Michel Beine, à la Maison du Livre de Saint-Gilles (Bruxelles), où le GE ! montait l’exposition Kenneth White : « Monde ouvert ». Nous étions trois dans la salle. Il y avait aussi un monsieur discret qui regardait attentivement les vitrines et les panneaux de l’expo, en prenant le temps. Notre dialogue, avec Michel, résonnait dans la belle salle d’expo. L’examen des vitrines amène le monsieur près de nous. Il me demande si c’est moi qui ai organisé l’expo et ajoute qu’il aime beaucoup Kenneth White et qu’il vient, avec deux amis, de fonder une petite maison d’édition appelée « Pontos », en référence à l’intérêt du chercheur écossais pour l’appel de la Mer. 

C’était la première fois (et la dernière) que je ne savais que je parlais à Jacques Faton. De mon côté,  je lui fais part d’un projet de revue : MaYaK à cette époque avait une vie éthérée. « In the air », comme dit la chanson. Il ne s’était pas encore incarné dans ces formes diverses : revue offset, édition laser, cabanon d’expo, site, blog, aménagement d’un salon des livres, ces formes qui génèrent maintenant des énergies diverses… L’esprit mayaque restait diffus, plutôt informe, pas encore cristallisé, mais il était là, bien sûr. Il avait toujours été là ! Qu’avec Jacques Faton, nous nous rencontrions sous les auspices de Kenneth White et de façon hasardeuse, n’était que juste. C’était une manifestation de ce chaosmos dont parle KW. Par cette rencontre, MaYaK allait se mettre à un peu s’ordonner (un peu seulement)… 

Jacques Faton lut le « texte de fondation » (disponible gratuitement sur le site !) du « GE ! » avec cette attention qu’il porte à tous les textes qui depuis nous sont arrivés dans la revue. Il y eut quelques péripéties que je passe pour ne pas lasser l’éventuel lecteur. Jacques me parla de son travail sur les storyboard. À l’une de nos rencontres, il m’apporta deux planches, où il avait dessiné son arrivée à notre rendez-vous (mais dans le dessin, il n’arrivait pas…) ! 

En 2005, pour la sortie du premier MaYaK, Jacques me donna des planches. Le monde du phare, c’est lui ; ces phares à la plume, sur papier canson ; cet espace à la plume légère, silencieux et énigmatique.  Et puis vinrent ce que nous appelons dans la revue les vies du phare : à chaque numéro, Jacques associe ses recherches du moment, ses découvertes, ses visites, ses voyages à l’esprit mayaque.  Il apporte d’abord une double planche (carrément un carnet dans le MaYaK 2). Puis complète par de petits dessins qui apparaissent tout au long des pages. Des postures des personnages présents dans la double planche.  Souvent, nous nous rencontrons au cinquième étage de la Bibliothèque Royale (Bruxelles). Cette vision panoramique sur la capitale de l’Europe et de la Belgique nous donne l’impression que MaYaK règne sur Bruxelles et le monde… C’est exaltant. Nous disons beaucoup d’âneries du coup. L’arrivée des planches de Jacques : un grand moment (qui tarde souvent, précisons-le, n’est-ce pas Jacques ? Je pose cette question dans l’espoir d’avoir enfin une réponse à un article de ce blog, qui dépasse maintenant les 30000 visites, remarquez-le bien. Mais Jacques, évidemment, ne lit pas plus les blogs que moi. Hum…) 

Donc, la dernière fois que nous nous sommes rencontrés, je regardais le dessin ci-dessous et disais à Jacques en souriant, l’air entendu (mais avec un peu d’inquiétude en présence d’un redoutable homme de l’image (il enseigne à l’ERG, école bruxelloise de recherches graphiques)) : « on dirait qu’il fait la vaisselle ». Jacques baisse la tête, en souriant, compatissant, puis me dit : « C’est un voyageur ».  « Il lui arrive des choses ; on ne sait pas quoi, mais c’est possible, ces histoires. Ce n’est pas drôle, mais insolite ; un peu drôle quand même, oui, cela questionne… Mais cela ne représente pas. » Ensuite, Jacques dit : « Oula. » (il ne faudrait tout de même pas être sérieux…  Qu’ai-je dit ? Je traduis, mais me trompe peut-être).  Et ses yeux se mettent à tourner dans les orbites, comme des planètes affolées, enfin pas tant que ça… (une expression qui n’est qu’à lui que j’essaie souvent d’imiter toutefois).  Alors moi : « Bon ça va j’ai encore dit des bêtises. » Et Jacques, avec un sourire de commisération, suivi d’un rire légèrement gêné, un petit gloussement, essaie de me rassurer : « Non… ». « Mais cela ne représente rien, c’est comme une posture mayaque, quoi ! ». « Ben oui », répondé-je…  Je regarde ces traits à la plume, ce papier Canson, ces collages, ces papiers collants négligés (c’est tout de même pas possible…). Ils ressortent bien sur ce beau papier. Des découpes… Et si tout devait se lire à partir de ces papiers collants et du grain de ce beau papier ?  Et ces traits, fins, plus épais (les plumes qu’il utilise)… Cet « imaginaire »… 

Avec Jacques, MaYaK, on se demande ce que c’est. Et on ne sait jamais. 

Point.

Hugues Robaye

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 malika036721.jpg des dessins qui accompagnent les 2 planches principales




Réseaux sociaux

28022010

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Après s’être assise en me disant « ha bonjour ! » comme si nous nous connaissions (et, en effet, son visage ne m’était pas inconnu, mais), ma voisine de banquette sortit de son sac des documents imprimés et se mit à lire ce que je repérai bien vite comme une documentation sur les toilettes sèches… Je me mis à sourire quand j’entraperçus l’en-tête du « Début des haricots » sur l’un des documents.

« Le Début des haricots » est une association bruxelloise de permaculteurs que Xavier Vanandruel a rencontrée pour le MaYaK 5 (www.haricots.org). Potagers communautaires cultivés selon les principes de ce mouvement de vie (« permanent culture », « permanent agriculture ») qui date des années 70 (cultures associées, compost de surface, on ne retourne pas la terre… et pensée pratique de l’art et des techniques pour aménager des espaces d’habitation où l’homme prend une place juste dans la nature…) ; informations sur les producteurs bio qui peuvent collaborer à des GAC (groupe d’achats communs), cette association propose aussi des formations à la construction et à l’usage de ce type de toilette écologique, les « compolettes » dont – je souriais à nouveau – j’avais vu, la semaine précédente, un modèle chez Xavier (construit par ses soins), dans sa maison de Boitsfort… À Convivial (voir plus bas et www.convivial.be) la dernière responsable des potagers en bacs, Cheyenne (que j’interrogeais il y a deux semaines), me parlait aussi travail de cette association… Croisements… 

Convivial ? Je demande à ma voisine : vous ne travailleriez pas chez Convivial, par hasard ? Elle me répond que non mais qu’elle y est déjà passée et que peut-être nous sommes-nous vus là … Non, elle travaille à « Une maison en plus » où elle anime des ateliers avec des enfants du quartier. Oui le même quartier que Convivial : Forest quartier Primeurs. « Une maison en plus » ? Une maison de quartier qui offre des services variés et, en fait, c’est plutôt l’architecte chargée de conseiller les ménages en rénovation qui connaît « Le Début des haricots » et s’intéresse aux toilettes sèches…  Oui, il y a aussi un potager à « Une maison en plus ». Ne sommes-nous pas dans le Quartier des Primeurs qui tire sont nom du marché aux légumes matinal animant jadis le quartier ? Et ma voisine de me parler de l’histoire de ce quartier et de l’importance de la faire connaître à ses habitants. Mais elle, elle anime des ateliers artistiques avec des enfants de 6 à 12 ans. La maison de quartier essaie de suivre les enfants sur un long terme, durant toute leur scolarité primaire, en instaurant un dialogue avec les parents. Et ce n’est pas toujours facile de faire dessiner de petits Musulmans, car la représentation n’est pas une pratique encouragée par leur religion ! Mais certains parents sentent bien la portée de ce travail de création – dessin, peinture, sculpture, mosaïque, qui ouvre la personne… Voilà ce que ma voisine m’explique… Mettre la main à la pâte, oui, peindre dessiner, bricoler, mais aussi observer, écouter : on va également à des expos avec les enfants, on montre les œuvres des autres, on regarde comment ils ont fait. Et le travail donne des résultats étonnants comme, par exemple, ce sapin construit et peint par les enfants (et les parents) qui a obtenu le premier prix au concours des « Jeux d’Hiver » (animations de fin d’année organisées par la ville de Bruxelles), l’hiver passé. 

Au fond, il s’agit vraiment de refaire de ce quartier pas facile un lieu où il fasse bon vivre… D’essayer… Travailler avec les enfants, les ados, les parents, les écouter mais aussi sortir, transformer le quartier. Ainsi de ce parcours d’artistes (comme existe celui de Saint-Gilles/Bruxelles où des artistes ouvrent leur atelier-maison) – où, à Forest, artistes, collectifs divers et enfants vont travailler ensemble sur 7 lieux –  parcours qui laissera des traces visibles et vivifiantes dans le quartier. Ainsi de ces bancs qui ont été fabriqués dans l’association et placés dans la commune, ou de cette fresque réalisée par les enfants ou de… (www.unemaisonenplus.be). 

Nous sommes coupés : « Ath » annonce le contrôleur dans le micro. C’est notre gare… Ces initiatives d’associations, pensées, concertées, subtiles qui n’apparaissent pas ou peu dans notre actualité quotidienne, cela me laisse songeur. Ces réseaux que le hasard connecte sous mes yeux, ce jour-là encore ! L’enthousiasme de ma voisine de compartiment… Sa croyance en le pouvoir transformateur de l’expression artistique…  Société civile… Ce jeu de réseaux sera au centre des MaYaK 5/6 consacrés au thème : « Solitudes en sociétés » 

Hugues Robaye

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Arbres de Noël réalisés par les enfants de Une maison en plus; le sapin primé




Convivial: un labo de société

17082009

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Vendredi  14 août : Joannah Pinxteren, anthropologue de la danse (qui a collaboré au MaYaK1) m’invite à une visite de « Convivial » (où elle travaille). 

Un endroit improbable la André Dhôtel que je le relis pour l’instant) : des entrepôts et bureaux entre des voies ferrées et leurs vagues terrains (rue du charroi, d’ailleurs…).  Les trains passent lentement, devant, derrière ; nous ne sommes pas loin de la gare du Midi (Bruxelles). Des gens de partout arrivent là. Des réfugiés qui viennent de débarquer dans un pays nouveau. Les trains passent. Sur le talus du chemin de fer poussent des fleurs étranges. Au pied du talus, les bacs potagers de « Convivial ». Des graminées exotiques croissent entre les haricots, les courgettes, les tomates et autres choux… Je suis de nulle part a l’air de dire ce site (ce pourrait être le titre d’un roman de AD…). Il y a les grandes verrières qui couvrent les hauts entrepôts où l’on nettoie et répare les meubles, apprend la menuiserie, trie des vêtements, des aliments. L’association « Convivial » accueille des demandeurs d’asile et de récents régularisés pour les aider à prendre leurs repères dans la société belge. 

Lieu étrange, on pourrait dire utopique ; une forme de communauté passagère où l’on réfléchit à comment s’intégrer dans une société d’adoption. Où l’on a le sens de l’accueil chaleureux. 

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Tapis, fauteuils profonds, café, thé, dessins aux murs, sourires, paroles de bienvenue… 

Une cellule d’accueil commence par évaluer la demande du visiteur et propose aide ou activités. Aide pour remplir les papiers, trouver un logement, cours d’alphabétisation, des ateliers sont aussi proposés et autres activités : ateliers menuiserie, couture, informatique, activités créatives et d’écriture, cours de jardinage, sorties culturelles. 

L’équipe qui encadre vient de partout Rwanda, Congo, Erythrée, Biélorussie, Afghanistan, Maroc, Belgique, etc. Les visiteurs parlent tellement de langues différentes et parfois ne connaissent que quelques mots de français… Et c’est singulier de rencontrer une jeune assistante sociale marocaine, Bouchra, ou ce monsieur afghan polyglotte, Nahzat, qui viennent en aide à des réfugiés qui souhaitent s’établir en Belgique… 

À Convivial, on récupère : nourriture, vêtements, meubles, jouets, tout ce qui peut être de première nécessité pour de nouveaux arrivants. 

Le dialogue et l’échange, à Convivial sont une priorité. Depuis ce bâtiment perdu entre les chemins de fer et dans une société très technologique où l’accueil et la communauté ne sont plus aussi évidents qu’avant, en particulier dans les villes, Convivial rayonne comme un laboratoire de société… Un espace où se rencontrent des mondes culturels très variés, dans une situation de précarité et de vulnérabilité ; un espace où quelque chose pourrait se reconstruire… 

De cette richesse potentielle, on est bien conscient à Convivial. Un exemple parmi d’autres :
la Rwandaise Concilie fait un travail sur le récit de vie avec les « mamies » rwandaises, où elle récolte leurs expériences passées d’agricultrices, leurs coutumes africaines – famille, habitation, nourriture… - des témoignages sur la séparation, l’immigration, le rapport à la vieillesse, ici et au Rwanda (les vieux en home, les anciens dans la communauté…). 

Un travail de prise de conscience, de réflexion sur les différences culturelles au moment où elles sont vécues dans l’exil. Naturellement, vient une recherche aussi sur les possibilités de logements alternatifs, transgénérationnels que la société belge commence aussi à mettre en place. 

Bien sûr, il s’agit là d’un travail très délicat : il y a les attentes et les images des nouveaux arrivants, la réalité du pays, les idées de ceux qui y vivent depuis peu ou longtemps… Il s’agit d’ajuster les points de vue, ce qui est très difficile, mais la tentative est là.

imgp187919x14.jpg  Un travail de collage

Je pense aussi aux collages que Joannah propose aux mamies rwandaises et aux participants à ses ateliers textiles. Se représenter là-bas et ici… Réfléchir sur certains thèmes, comme le sens esthétique et éthique des coutumes vestimentaires : chaussures ou chapeau… L’activité de création artistique est liée à une recherche de sens, une recherche souple… Une sorte de médiation artistique. Joannah anime aussi d’autres séances où mouvement, danse, chant, mémoire du corps, sont associés pour travailler le premier contact avec les choses, les gens et la société.  

Dans les ateliers, le travail artisanal devient vite artistique. En novembre dernier, j’ai assisté à un vernissage autour des créations de certains réfugiés qui avaient adopté Convivial comme lieu de séjour diurne et qui participaient à divers ateliers.

imgp1904ret19x13.jpg  Se chausser à travers les temps

L’ « interculturel », comme on écrit dans les manuels, est ici vécu au jour le jour et réfléchi. Et on considère que les apports culturels vont dans les deux sens. La médiation est donc prise en charge par des non-Belges en dialogue avec des Belges. Ces derniers qui s’interrogent sur le vivre-ensemble trouvent à Convivial une tentative stimulante et des idées venues de partout.

 imgp1931dt14x19.jpg Expo en novembre 2008

La récup est aussi un aspect important : c’est que ce travail se fait dans les marges du consumérisme. Imaginer une pauvreté positive ? Par une économie de dons, cette petite communauté va vers une certaine autonomie…  Il y a aussi une charte, un règlement d’ordre intérieur. 

En quelque sorte, chez Convivial, on est comme aux premiers temps (un titre de Dhôtel…) : c’est comme si on recommençait une société ; on doit réfléchir à la société qui est déjà là, avec ses avantages et ses inconvénients, une société souvent déboussolée, penser des modalités d’ « intégration » ; inventer des solutions. 

Je me répète, ce lieu m’est apparu comme un laboratoire de socialisation.  Une microsociété multiculturelle ? 

Suite au prochain article (et prochains numéros de MaYaK, les 5/6 : « solitudes en société »). Car, comme écrit Dhôtel, « Il faut apprendre à vivre dans l’intervalle du savoir et de la vision et faire les pas précis qui l’emportent vers la vérité. La méditation doit resserrer avec une douce fermeté les limites de ce savoir et de cette vision. » (Le vrai mystère des champignons). Je retourne donc bientôt à Convivial et laisse le temps faire venir une compréhension plus ramifiée de ce qui s’y invente…

Hugues Robaye

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Quand un quartier se dit, se pense. Benoît Verhille et La Contre Allée

6042009

André Dhôtel disait que ce qui importait en premier pour l’écrivain, c’est d’avoir un bon sujet. 

Benoît Verhille (que Xavier Vanandruel et moi avons rencontré samedi, au salon Trame(s) de Fourmies (Nord Pas-de-Calais)) en donne de bons aux auteurs qu’il invite à participer à ses projets… Ainsi, ce livre Chacun sa place, travail collectif réalisé autour de la construction d’une nouvelle place bouleversant un des plus anciens quartiers de Lille (Fives). 

Dans Chacun sa place (La Contre Allée, 2008), une photographe capte au jour le jour la métamorphose du quartier tandis qu’une journaliste rencontre les habitants. Avec ces visions, le livre croise celles d’écrivains, de chercheurs, de musiciens (de ce quartier provient le compositeur de l’Internationale, Pierre De Geyter, et sur le cd qui accompagne le livre, ce chant est revisité). La pratique artistique est en quelque sorte médiatrice, questionnante, en dialogue avec le vécu des gens. Un « art » au service de la cité ou qui fait ou refait cité. De la cité ou mieux, du quartier, cet espace vécu quotidiennement avec tout ses réseaux de rencontres et d’échanges ; bistros, petits commerces, maisons et immeubles, places, marchés, rues dans leurs largeurs et hauteurs, fenêtres ouvertes l’été, chaises sur les trottoirs, trafic et heures de trafic, squares, platanes et chants d’oiseaux plus ou moins étouffés, air du petit matin, atmosphères des soirées, bruits, parcours quotidiens particuliers aux heures. Réseaux circulatoires qu’un projet urbanistique balaie. 

Je mettais art entre guillemets parce que ce n’est pas l’art des galeries mais des pratiques qui sont des formes de savoir, soit d’approches sensibles, perceptives, autour d’une expérience commune ; ici, celle du quartier. Des formes de réaction aussi et de conscientisation… Je parlais plus haut de médiation, c’est que le livre de « Contre Allée » résulte de rencontres, de débats entre ces acteurs : gens des quartiers, artistes, chercheurs. Ils se sont rencontrés, ont échangé lors de soirées ; se sont ensuite croisés dans les rues et reconnus, ont discuté à nouveau… Tout cela orchestré par Benoît Verhille. Et, par exemple,  la mise en fiction du quartier par l’écrivain (qui est aussi une mise à distance) permettait lors des rencontres d’en parler sans animosité, en désamorçant certaines agressivités, en discutant autour d’une histoire. Tandis que les paroles des chercheurs devaient se faire compréhensibles. Tout un travail autour des savoirs. Il s’agissait (et s’agit toujours) de réapprendre (à vivre) ensemble les traits d’un quartier. 

Une initiative d’utilité publique à reproduire, non ?

Hugues Robaye 




Journée de la décroissance 21/2/2008

25022009

Ce samedi 21 février j’ai assisté à une journée sur la décroissance à l’ULB. Succès de foule qui a dû surprendre les organisateurs : l’auditoire du matin, trop petit, a été remplacé l’après-midi par l’auditoire Janson.

J’ai apprécié  l’intervention de Marie-Dominique Perrot, auteur de Mondialiser le non-sens (l’Age d’homme), ouvrage où elle cite en exergue ce jugement de Sloterdijk : « La bonne volonté n’a plus de dénominateur commun avec le cours du monde », pour appeler à défendre l’analyse et d’abord le langage.

Face à une langue qui a divergé d’avec la réalité, Marie-Dominique Perrot invitait à d’abord « décroire, pour décroître »

Ce qui me rappelle les analyses voisines de Jean-Pierre Le Goff dans La barbarie douce, que j’ai lu pour le prochain MaYaK.

En début d’après-midi différents acteurs de terrain étaient venus faire part de leurs expériences :

le GASap (groupe d’achats solidaires de l’agriculture paysanne) de Jette, l’initiateur d’un projet d’éoliennes, le cinéma Nova, Rudolph Koëchli  qui pratique la permaculture à la ferme Arc-en-Ciel de Wellin…

Les Amis de la terre ont officiellement abandonné le paradigme du développement durable pour adhérer à celui de la décroissance. Ils organisent des groupes de soutien aux démarches individuelles, nées au Québec, de simplicité volontaire

Ce qui m’encourage à poursuivre avec d’autres la création, dans le quartier de Boitsfort que j’habite, d’un nouveau GASap…

Xavier Vanandruel







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