Vivre!

2062011

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En 1970, le mathématicien Alexandre Grothendieck, qui vient de démissionner de l’Institut des Hautes Etudes Scientifiques, fonde à Montréal le mouvement Survivre. Il est rejoint par d’autres mathématiciens prestigieux comme Claude Chevalley ou Pierre Samuel, et par de jeunes chercheurs comme Daniel Sibony ou Mireille Tabare.

Inspirée de Marcuse, la revue Survivre, revue du mouvement bien vite renommée Survivre… et Vivre!, dénonce la technocratie qu’est devenue la science en Occident et cherche des alternatives. Survivre veut « déplacer le centre de gravité de la recherche du laboratoire vers les champs, les étangs, les ateliers, les chantiers, les lits des malades »; ses membres s’engagent dans des communautés qui pratiquent l’agriculture biologique et apprivoisent les technologies douces.

A propos de la science devenue technocratie, Survivre écrivait qu’ »elle ne tolère de désirs et de vérités chez les gens qu’en référence à elle ». Aujourd’hui, quarante ans plus tard, l’emprise technocratique renforcée rend plus difficile encore l’engagement dans des alternatives. Un élément central est peut-être sa confiscation du temps.

 Que le courage de Grothendieck et ses compagnons nous soit aujourd’hui un exemple!

 Xavier Vanandruel

Ce billet est inspiré d’un article de Céline Pessis dans la revue Entropia n°10, pp. 124 et ss.




Le cabanon Paul André à Charleroi

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Un nouveau campement mayaque, cela fait un drôle d’effet. Vous montez ce dispositif d’expo (cette fois en compagnie de notre correspondante brésilienne Márcia de Araujo (déjà 3 MaYaK 5 vendus à Sao Paulo…)), et puis vous partez et vous laissez derrière vous, pendant presque un mois, une construction de sens (un cheval de Troie mayaque disait Xavier Vanandruel) que d’autres regarderont peut-être…

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« Public mais intime », ainsi décrivons-nous le cabanon, construction de bois et de tissu, dans le document pdf disponible ci-dessus. Faire connaître Paul André en des rythmes de visites variés. Réfléchir  à comment toucher un public (ici de bibliothèque) pour qu’il s’intéresse à un auteur (ou à une initiative) auxquels nous croyons et que nous voulons faire connaître : placarder du sens, publier en publiciste (ce mot osé… a un passé que j’aime bien : un publiciste est un type qui publie, rend public, veut faire connaître. Finalement, je le préfère au mot « éditeur » et il me semble mieux caractériser l’action mayaque (tant dans la revue-livre et les petites éditions que dans les mises en page des affiches du cabanon par Véronique Debliquis), action mayaque toujours un peu expérimentale dans le sens où nous recherchons comment faire pour faire connaître agréablement des pensées-vies que nous jugeons intéressantes.

« Intéressant », encore un mot usé : mais « inter-esse », intéresser, c’est semer une graine dans la chair perceptive de l’autre : des images et des mots entrent en lui, deviennent parmi lui… Inter-esse ! Intéressant. Et puis on se dit que dans et sur cet abri, cette palissade, on peut placarder ce qu’on veut… Suggestif… 

Hugues Robaye

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MaYaK, now and forever

19022011

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Le campement mayaque touche à sa fin – l’expo à Quartiers Latins, place des Martyrs, 1000 Bruxelles (jusqu’au 26 février). Campement, car un ensemble de signes liés de près ou de plus loin à la revue-livre, est resté là, en bordel organisé, plus d’un mois, dans un espace très signifiant orchestré par la libraire Muriel Verhaegen : parmi ce choix de livres particulièrement choisis !

Que MaYaK, avec son cabanon, ses images, ses films, ses sons, ses messages, ses invités, soit là en relation avec ce choix de livres a été et est… très juste et… signifiant… Cela veut dire quoi, signifiant ? Que des objets reposent et captent (on le voudrait) l’attention du visiteur et pourraient l’attirer, l’influencer, lui faire de l’effet, lui parler… Donner du sens.  Une magie circulatoire qui le transformerait un peu. C’est dans nos intentions… Oula. 

Ce qui précède ? Parce que, périodiquement, je ressens le besoin de prendre le temps pour réfléchir à nouveau (hum, hum) à notre « intervention culturelle » associative modeste, aux formes qu’elle se donne. Je me dis que c’est bien ce côté insaisissable qui fait que MaYaK n’est jamais situé, reste « perspectiviste », jette un regard, appuyé, sur des formes de culture qui nourrissent chacun d’entre nous. Pour une vie plus dense et riche… Pour plus de responsabilités dans l’aventure commune. 

Et le départ de ce travail ?  Eh bien, oui, une confrontation aux POTAGERS qui nous ramènent aux saisons, aux germinations, aux commencements, aux climats, à la Terre, à la Nature, aux nourritures, à l’attention. Le potager reste la mesure, comme les herbes comestibles du jardin en friche, que l’on repère patiemment, dont l’on suit les déplacements. Avec le potager, on est sauvé ! Et le reste se développe depuis cette nécessité et s’y conforme… 

Germine le potager culturel mayaque ! 

Hugues Robaye 




MaYaK s’expose. « Quartiers Latins », du 20 janvier (vernissage à 18h!) au 26 février 2011

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MaYaK 5 ans déjà.  Une « expoconstellation » de 16 artistes, qui gravite autour du cabanon Paul André (le Chappaz belge), à la Librairie Quartiers Latins, place des Martyrs à Bruxelles. 

Chaque artiste présente 3 œuvres. Artistes qui ont travaillé à MaYaK : qui ont plus qu’illustré : participé, donné, apporté leur monde, fait vibrer autrement MaYaK et ses alentours. Une scénographie d’exposition s’intégrant à une librairie qui a toujours soutenu le projet mayaque.

Sous (ou sur-)-titre : Tout se tient… Qu’à un fil…  Mondes complexes, reliés, fragiles : cette expo, une rétrospective d’avenir (une façon de montrer les équilibres fragiles qui font une revue-livre de ce type), de fêter la sortie du MaYaK 5, les 5 ans de MaYaK et du GE ! et de penser déjà au M6, solitudes en sociétés II ! 

Et un programme de trois rencontres. 

Et puis, quelle librairie ! Quel choix extraordinaire de livres pour enfants, de livres sur l’architecture et le rapport à la Nature, de petits éditeurs rares et beaux ; un choix en littératures du monde ; un choix très complet d’auteurs belges. Tout cela orchestré par la libraire Muriel Verhaegen (qui est aussi notre conseillère mayaque en reliance…). 

Vernissage le 20 janvier 2011, 18h. Rencontres les 22 janvier, 5 et 12 février. Expo jusqu’au 26 février. 

Infos : veuillez s’il vous plaît, ouvrir le pdf pour une meilleure lecture.       MaYaK s'expose.

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Genèse mayaque avec Jacques Faton

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kwmaisondulivre1.jpg le périodique de la Maison du Livre Saint-Gilles

 page118sur2672.jpg Jacques Faton et le MayaK5

Je ne vais jamais les samedis matins à Bruxelles. Je reste, évidemment, dans la belle campagne vallonnée de la Potterée (Hainaut belge), siège du « GE ! ». Mais, ce samedi de janvier 2003,  j’avais exceptionnellement rendez-vous avec le photographe liégeois Michel Beine, à la Maison du Livre de Saint-Gilles (Bruxelles), où le GE ! montait l’exposition Kenneth White : « Monde ouvert ». Nous étions trois dans la salle. Il y avait aussi un monsieur discret qui regardait attentivement les vitrines et les panneaux de l’expo, en prenant le temps. Notre dialogue, avec Michel, résonnait dans la belle salle d’expo. L’examen des vitrines amène le monsieur près de nous. Il me demande si c’est moi qui ai organisé l’expo et ajoute qu’il aime beaucoup Kenneth White et qu’il vient, avec deux amis, de fonder une petite maison d’édition appelée « Pontos », en référence à l’intérêt du chercheur écossais pour l’appel de la Mer. 

C’était la première fois (et la dernière) que je ne savais que je parlais à Jacques Faton. De mon côté,  je lui fais part d’un projet de revue : MaYaK à cette époque avait une vie éthérée. « In the air », comme dit la chanson. Il ne s’était pas encore incarné dans ces formes diverses : revue offset, édition laser, cabanon d’expo, site, blog, aménagement d’un salon des livres, ces formes qui génèrent maintenant des énergies diverses… L’esprit mayaque restait diffus, plutôt informe, pas encore cristallisé, mais il était là, bien sûr. Il avait toujours été là ! Qu’avec Jacques Faton, nous nous rencontrions sous les auspices de Kenneth White et de façon hasardeuse, n’était que juste. C’était une manifestation de ce chaosmos dont parle KW. Par cette rencontre, MaYaK allait se mettre à un peu s’ordonner (un peu seulement)… 

Jacques Faton lut le « texte de fondation » (disponible gratuitement sur le site !) du « GE ! » avec cette attention qu’il porte à tous les textes qui depuis nous sont arrivés dans la revue. Il y eut quelques péripéties que je passe pour ne pas lasser l’éventuel lecteur. Jacques me parla de son travail sur les storyboard. À l’une de nos rencontres, il m’apporta deux planches, où il avait dessiné son arrivée à notre rendez-vous (mais dans le dessin, il n’arrivait pas…) ! 

En 2005, pour la sortie du premier MaYaK, Jacques me donna des planches. Le monde du phare, c’est lui ; ces phares à la plume, sur papier canson ; cet espace à la plume légère, silencieux et énigmatique.  Et puis vinrent ce que nous appelons dans la revue les vies du phare : à chaque numéro, Jacques associe ses recherches du moment, ses découvertes, ses visites, ses voyages à l’esprit mayaque.  Il apporte d’abord une double planche (carrément un carnet dans le MaYaK 2). Puis complète par de petits dessins qui apparaissent tout au long des pages. Des postures des personnages présents dans la double planche.  Souvent, nous nous rencontrons au cinquième étage de la Bibliothèque Royale (Bruxelles). Cette vision panoramique sur la capitale de l’Europe et de la Belgique nous donne l’impression que MaYaK règne sur Bruxelles et le monde… C’est exaltant. Nous disons beaucoup d’âneries du coup. L’arrivée des planches de Jacques : un grand moment (qui tarde souvent, précisons-le, n’est-ce pas Jacques ? Je pose cette question dans l’espoir d’avoir enfin une réponse à un article de ce blog, qui dépasse maintenant les 30000 visites, remarquez-le bien. Mais Jacques, évidemment, ne lit pas plus les blogs que moi. Hum…) 

Donc, la dernière fois que nous nous sommes rencontrés, je regardais le dessin ci-dessous et disais à Jacques en souriant, l’air entendu (mais avec un peu d’inquiétude en présence d’un redoutable homme de l’image (il enseigne à l’ERG, école bruxelloise de recherches graphiques)) : « on dirait qu’il fait la vaisselle ». Jacques baisse la tête, en souriant, compatissant, puis me dit : « C’est un voyageur ».  « Il lui arrive des choses ; on ne sait pas quoi, mais c’est possible, ces histoires. Ce n’est pas drôle, mais insolite ; un peu drôle quand même, oui, cela questionne… Mais cela ne représente pas. » Ensuite, Jacques dit : « Oula. » (il ne faudrait tout de même pas être sérieux…  Qu’ai-je dit ? Je traduis, mais me trompe peut-être).  Et ses yeux se mettent à tourner dans les orbites, comme des planètes affolées, enfin pas tant que ça… (une expression qui n’est qu’à lui que j’essaie souvent d’imiter toutefois).  Alors moi : « Bon ça va j’ai encore dit des bêtises. » Et Jacques, avec un sourire de commisération, suivi d’un rire légèrement gêné, un petit gloussement, essaie de me rassurer : « Non… ». « Mais cela ne représente rien, c’est comme une posture mayaque, quoi ! ». « Ben oui », répondé-je…  Je regarde ces traits à la plume, ce papier Canson, ces collages, ces papiers collants négligés (c’est tout de même pas possible…). Ils ressortent bien sur ce beau papier. Des découpes… Et si tout devait se lire à partir de ces papiers collants et du grain de ce beau papier ?  Et ces traits, fins, plus épais (les plumes qu’il utilise)… Cet « imaginaire »… 

Avec Jacques, MaYaK, on se demande ce que c’est. Et on ne sait jamais. 

Point.

Hugues Robaye

page118sur2672.jpg  m6.jpg  m1472.jpg 

 malika036721.jpg des dessins qui accompagnent les 2 planches principales




Intervention culturelle de salon

15112010

grardenentier.jpg Gérard de Sélys dédicace un livre à l’heureux gagnant, encore anonyme, d’un concours d’écriture au salon des livres de Tournai, 2010

Une amie chinoise, Yudong, me dit parfois : « Hugues, tu t’amuses ! », quand je lui parle des « interventions culturelles » de Phare Papier/MaYaK (revue-livre, cabanon d’édition, cabanon d’expo, blog, site, événements). D’elle qui gère un restaurant et était, en Chine, anesthésiste réputée, cela me paraît assez juste de dire cela, moqueuse complice, et je me réjouis qu’un travail plutôt prenant (MaYaK etc.) soit lié à de l’amusement et de la légèreté… J’aime bien me répéter sa remarque qui me fait sourire et a la vertu de donner de la distance à ce travail que nous faisons sur des formes culturelles. Alors, je pense aussi à John Cowper Powys qui se disait « charlatan de la culture » – vendeur de potions magiques – lui qui, dans ses conférences, faisait revivre, avec force gesticulations, le monde de Shakespeare, celui de Rabelais, de Whitman, de Lawrence, etc. Lui qui dansait ces textes vivifiants, et les faisait corps. Corps magiques. Énergies irradiantes… 

Intervention culturelle, disions-nous. Dernière intervention : la participation à l’organisation du salon des livres et des éditeurs de Tournai, « Tournai La Page ». C’est fini (c’était le 13 et 14 novembre). Rien n’est fini. Oui, en fait que sait-on de ce qui s’est passé ? Commence, secret /volontaire/ un travail de digestion, d’assimilation de cette énergie, de ces énergies, que les rencontres multiples de ces deux jours ont amenée(s).  Une méditation, une légère brume qui accompagne chaque instant de nos vies…

Hugues Robaye

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Habiter en poète

2062010

Hölderlin

« Territoires et décroissance »: c’était donc là le thème de la journée d’études, autour de la revue Entropia et de ses collaborateurs, à laquelle j’assistai voici quinze jours. Le matin, avant de prendre le train à la gare de Boitsfort, j’entendais à la radio le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, déclarer que la crise financière actuelle était la plus grave depuis la fin de la première guerre mondiale. Cette annonce semblait éclipser toutes les autres  préoccupations pour l’avenir. Pour les sympathisants de la décroissance, dont je suis, cet accent exclusif  sur les difficultés de la finance mondiale  est dérisoire, car l’épuisement de la terre est une crise autrement plus grave. Comment se fait-il, alors, qu’on n’en prenne pas la mesure? Je crois que c’est le géophysicien américain Marion King Hubbert, spécialiste de la fin des ressources pétrolières*, qui a donné la meilleure réponse: « Notre ignorance n’est pas aussi vaste que notre incapacité à prendre en compte ce que nous savons ». Ou encore, peut-être se souvient-on de la déclaration de Jacques Chirac, alors président français, au sommet de la terre de Johannesburg: « Notre  maison brûle et l’on regarde ailleurs » (mais que s’en est-il suivi?). 

A quoi bon répéter encore dans une journée d’étude les données factuelles sur l’épuisement de la terre, si les participants les connaissent, mais qu’ailleurs on ne veut pas les prendre au sérieux?  Des deux axes de la réflexion sur l’après de notre civilisation industrielle, celui de la nécessité et celui du souhaitable, il n’est pas étonnant alors que ce soit ce dernier qui ait ce jour-là suscité le plus d’intérêt, parfois l’enthousiasme. A propos de la manière d’habiter un territoire, furent  évoquées notamment des expériences scandinaves d’habitats groupés. Au fil des interventions se précisait la recherche d’un équilibre entre le besoin de liberté individuelle et le besoin  d’insertion dans une communauté. Thème déjà traité dans Entropia par le philosophe et anthropologue californien  Marcel Henaff, autour de Jean-Jacques Rousseau, dont il montre qu’un souci majeur était la juste distance entre soi et autrui ( à ce propos, c’est précisément le thème de solitude et société qui guidera la matière des deux  prochains numéros de MaYaK). Le rédacteur en chef d’Entropia, Jean-Claude Besson-Girard, évoquait, quant à lui, le poète allemand Hölderlin, pour inviter à habiter en poète sur cette  terre, ou René Char, le grand poète français de la Résistance. Car ce n’est pas de l’enflure que considérer qu’aujourd’hui l’horizon, pas si lointain, est aussi sombre qu’il avait pu l’être alors.

La poésie est l’affirmation de l’illimitation de la réalité en « temps de détresse »…Si elle est d’abord mode de vie non mutilée, il s’agit de retrouver le chemin d’une pulsion plus forte que celle de la mort. C’est recouvrer une capacité de résistance et  de création propre à notre espèce. Cette potentialité est la dimension poétique de l’habiter de l’être humain sur la terre…

Jean-Claude Besson-Girard

Xavier Vanandruel

* c’est lui qui a donné son nom au pic de Hubbert




Vies perdues

13042010

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Parmi les lectures qui bouleversent, jusqu’à parfois infléchir une vie, il en est qui provoquent d’abord un sentiment d’angoisse et de malaise. C’est ce sentiment-là que j’ai éprouvé à la lecture de l’essai Vies perdues du Polonais Zygmunt Bauman, le même sentiment  qui jadis m’était venu dans le musée consacré au sculpteur Wladislaw Hasior, à Zakopane. Les Polonais, peut-être plus encore que les Russes, savent exprimer une révolte métaphysique.

Ecrit dans le même style détaché, presque nonchalant, avec lequel la globalisation marchande transforme des êtres humains en rebut, l’ouvrage de Zygmunt Bauman commence par une évocation de Léonie, une des Villes invisibles d’Italo Calvino. A Léonie, les habitants ont tant la passion de la nouveauté que chaque jour ils envoient au rebut ce qui les avait séduits la veille. De la sorte, la ville finit par s’entourer d’une chaîne de montagnes de déchets indestructibles, vers  laquelle personne ne souhaite élever le regard. Comme Léonie, notre monde marchand relègue à ses frontières des déchets, avec toutefois, en plus de déchets matériels, aussi des déchets humains. Ceux-ci ne peuvent plus aujourd’hui espérer un recyclage car la globalisation marchande ne cesse de se délester de ses collaborateurs.  Et comme elle a déjà pénétré le monde entier, pas plus ne peuvent-ils être envoyés au loin, comme au temps des colonies ou des terres « vierges ». Il faut alors se résigner à leur présence improductive, et c’est le nouveau rôle de l’Etat de préserver de leur vue ou de leur odeur.

Bauman remarque que cette relégation, cette redondance déclarée d’une partie de la population s’accompagne de la disgrâce de l’éternité,  son héraut la culture et ses corrélats: la durée, l’engagement, l’oeuvre. D’après Max Scheler, cette disgrâce advint après le triomphe du divertissement, au sens pascalien, sur la conscience  de notre mortalité. Dans l’éternité, toute vie, même la plus modeste, avait un sens au moins potentiel; dans le monde liquide et éphémère d’aujourd’hui, au contraire, les formes évanouissantes du lien culturel ou social découvrent des vies nues et redondantes.

Zygmunt Bauman est aussi l’auteur d’une contribution à la livraison de printemps de la revue Entropia, revue d’étude théorique et politique de la décroissance.  Il y introduit trois personnages emblématiques. Dans la période pré-moderne règne le garde-chasse, dont le rôle est de préserver la nature, au besoin contre les braconniers ou les excès de la chasse. La période moderne voit la prévalence du jardinier, qui remodèle et humanise la nature selon ses vues. Mais dans la période postmoderne domine le chasseur: guettant ses proies, insoucieux de préserver un équilbre naturel, préoccupé seulement de la prochaine prise…

C’est à l’occasion de la sortie de ce numéro 8 d’Entropia, qu’est organisé un forum Territoires et décroissance  le 15 mai à Namur, avec trois tables rondes: 1) Subsister, protéger les biens communs 2) Habiter 3) Relocaliser

Zygmunt Bauman, Vies perdues, Rivages poche; revue Entropia, www.entropia-la-revue.org; forum Territoires et décroissances, www.grappebelgique.be

La photo en tête de ce billet a été prise en 2005 à Košice, lors des traditionnelles  »journées de la ville ». Košice fut, au Moyen Âge, un des foyers du développement européen. On voit sur la photo un (ou une?) SDF, tout pareil à ceux de chez nous, portant sur le dos cette inscription: « Aussi un travailleur slovaque est une personne humaine ».

Xavier Vanandruel




Cabanon d’expos

22022010

Le cabanon d’expos

Pour les bibliothèques et centres culturels. 

Un cheval de Troie mayaque. 

Pour le GE !, une forme de communication du sens, autre que la revue-livre, les éditions, le site (en reconstruction), le blog et aussi que la participation à l’organisation du salon du livre de Tournai (chaque année, à la mi-novembre). Autre, complémentaire et liée. 

Avec le premier cabanon, le cabanon Paul André que le pdf ci-dessous décrit, nous nous demandons comment rendre sensible le travail d’un écrivain, à partir de documents d’archives, de photos de sa maison, de textes de lui, d’un parcours articulé dans son œuvre, d’un montage d’émissions télés où il est apparu. Le travail d’un écrivain, qui est sa vie aussi… Comment le mettre en espace dans une cabane accueillante?

Voyez donc:

Cabanon d'expos pdf cabanondexpositions.pdf

 




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24092009

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